Crazy Baldhead – Boots Embraces – Autoprod
UN PEU D’HISTOIRE : Nous vous parlions de la souscription pour la sortie de ce disque en octobre dernier, et bien le voilà enfin disponible. Nous ne nous étendrons pas trop sur un historique que nous vous avions présenté en octobre, nous vous rappellerons que CRAZY BALDHEAD est le groupe de Jayson Nugent (aka Agent J), guitariste des Slackers, DJ , membre des Stubborn All-Stars, producteur émérite et que ce projet très personnel fondé en 1997 est à géométrie variable et qu’on y retrouve pas mal de pote, notamment David Hillyard ou Vic Ruggiero.
Les premiers enregistrements du groupe sont pour la compilation Stubborn Records « version City – Exit 97 » en 1997. A l’époque, Crazy Baldhead, est essentiellement un groupe de studio au son très dub, où se côtoient différents musiciens. Le line-up de base est composé d’Eddie Ocampo (batterie), Vic Ruggiero (orgue, piano ), Victor Rice (basse), et Jay à la guitare. Après les départs de Victor Rice et Eddie Occampo, le son de Crazy Baldhead évolue vers le ska et le rocksteady plus traditionnel, le groupe se produisant notamment comme backing band pour des artistes tels Ken Boothe, Stranger Cole, Patsy Todd… Le combo a sorti un LP, « The Sound Of ’69 » en 2008, et le mini « The Reggae Will Not Be Televised » en 2010.
En 2013, Crazy Baldhead lance une souscription BigTunes pour l’enregistrement de son troisième album, « Boots Embraces », qui sort un peu avant Noël. Les piliers du groupe sont là, Agent J, Vic Ruggiero, Dave Hillyard mais aussi d’autres noms prestigieux comme Buford O’Sullivan (Scofflaws, Easy stars all-stars) au trombone, Brukky (chanteur des Frightnrs), Maddie Ruthless au backing vocals ou Eddie Ocampo de retour à la batterie.
LE DISQUE: Comme le veut malheureusement la tradition désormais, le CD se présente dans une simple pochette cartonnée. Donc, très peu de détail sur le contenu, pas de paroles ou de présentation du groupe. Et les treize chansons qui composent ce disque passent en revue la quasi intégralité des styles de musique jamaïcaine.
On commence par le ska avec « Drummin’ for Don », et comme le titre l’indique on croirait le morceau écrit par les Skatalites avec une petite ambiance orientale bien sympathique. Le son est vintage est constitue une parfaite entrée en matière. On enchaîne avec le titre éponyme de l’album, assez surprenant, car si la rythmique est reggae, la chanson peut rappeler les ambiances d’un groupe comme Kraftwerk.
Par la suite, la couleur de l’album change, avec quelques reggae des plus classiques bien sentis comme « Say one thing » (du pur roots impressionant d’authenticité), « Falling in and out » ou « Still life », avec un petit côté country. L’intro et le refrain de « Falling in and out » sont particulièrement entraînants, et en font, sans conteste un titre phare du CD.
Le skinhead reggae est bien évidemment représenté avec « Save a bullet », très « saccadé » et qui peut rappeler les Aggrolites, ou « Cut Back », hit en puissance, avec son refrain entêtant (They say cut back, we say fight back) dans la tradition protest song, inspiré par le slogan de manifestants ayant occupé Wall Street le 5 octobre 2011. Dans la veine protestataire, le disque comporte aussi « Revolution stop » dont on se dit à la première écoute que ça ressemble fortement au Clash et en se référant à la pochette, on en a la confirmation puisque le titre est inspiré de « Revolution Rock ».
Les morceaux restants nous font voyager dans des ambiances des plus variées : « Run Run » fait fortement penser à un générique de film de Blaxpoitation dans les 70’s, « A long way off » pourrait-être inspiré de « Every body’s talking » en version plus lente et reggae, « Nostrand avenue » nous emmène vers le dub et « There’s something » retourne vers le reggae avec des sonorités plus Slackers que les autres titres de l’albums. Et n’oubliont pas « Aria » écrit par Jean Sébastien Bach que Jay à arrangé en un morceau à mi-chemin entre de la guitare classique et du reggae.
Au final, nous voilà en présence d’un disque très varié qui passe en revue les styles classiques, mais qui a sa propre identité. Un album qui démontre qu’Agent J est bien plus qu’un simple membre des Slackers. C’est un artiste complet et accompli, ne faîtes pas l’erreur de passer à côté.
Rodoliv