Rude Boy Train

The Caroloregians – Fat Is Back- Do The Dog Music

UN PEU D’HISTOIRETHE CAROLOREGIANS est né en 2005 en Belgique de la volonté de Nico Léonard, batteur des Moon Invaders, de créer un groupe plus axé funky reggae. Au départ en trio (avec Jean Debry à la basse et Michael Bridoux, lui aussi membre des Moon à la gratte), le groupe enregistre un premier album, « Organic cool beat from the groovy mines » qui sort sur Grover Records. Sur le disque, c’est Nico qui joue du clavier, mais pour la scène, le combo va s’adjoindre les services de Stephan Orban et de Matthew Hardison (chanteur des Moon) au chant et à la guitare. Les deux gaillards deviennent des membres permanents et le désormais quintet enregistre son deuxième album, « Pum Pum Hotel » (du nom du studio de Nico à Charleroi), à la pochette ravageuse, qui sort en 2008 sur Grover.

Le groupe se forge une solide réputation, donne des tas de concerts, notamment comme backing-band d’Owen Gray et de Ken Boothe. En 2010, le quintet se paye une tournée aux Etats-Unis avec Moon Invaders, et les deux formations sortent un split album sur Jump Up Records, presqu’en même temps que leur troisième opus, « Funkify your reggay », édité à nouveau par les Allemands de Grover.

Le groupe poursuit son bonhomme de chemin, Nico sort la compile maison, « The soul of Pum Pum Hotel vol 1 » sur Jump Up, et ne tarde pas à retourner en studio. Fin 2011, les Carolo enregistrent les 14 titres qui composent « Fat Is Back », leur quatrième effort, qui sort début 2012, mais cette fois en coproduction chez les Anglais de Do The Dog et de Rockers Revolt. Le combo continue de servir de backing-band à des pointures mondiales, notamment Dave Barker pour le Easter Ska Jam (avec les frenchie de 65 Mines Street), et Lee Perry en juin 2012 au This Is Ska festival de Rosslau en Allemagne.

 

LE DISQUE : Les disques des Caroloregians sont moins faciles d’accès que ceux des Moon Invaders dont la classe est évidente (particulièrement le dernier), surtout pour un amateur de ska. Il faut donc consacrer plusieurs écoutes attentives à ce « Fat is back » pour en tirer toute la substantifique moelle.

Le mélange de skinhead reggae et de funk du quintet belge, s’il rappelle tantôt le son hyper-sexuel des The Meters, tantôt le groove de The Aggrolites, pourrait aussi sans problème servir de bande originale à un épisode de Starsky et Hutch, ou à un film rétro-vintage signé Michel Hazanavicius (au hasard « OSS 117 – Rio ne répond plus »). Sur « Mokka 36 », on se croirait même dans un porno de l’âge d’or post-Pompidou avec cols pelle à tarte, chaîne qui pendouille par-dessus la chemise et moquette sur le torse, quand les films avec Brigitte Lahaie étaient programmés sur les Champs Elysées. Hé oui, les disques des Caroloregians sont avant tout des disques à ambiances.

Souvent instrumental, reposant beaucoup sur le lancinant sifflement du clavier (l’excellente « Forward »), l’album nous livre aussi de véritables réussites chantées à l’instar de « Donna Donna » qu’on croirait évadée des 70’s tellement elle sonne comme à la grande époque.

« Fat is back », c’est surtout quelques saillies remarquables : « From the Congo Square » qui évoque cette place où les esclaves vinrent danser pour fêter leur libération il y plus de 150 ans et qui semble répondre à un titre des Moon Invaders, « Iris Skank » et sa basse rebondissante perdue au milieu d’une rythmique métronomique, la très soul « You got to be a man », et évidemment, ce qui reste pour moi le hit du disque, « Back in the day », avec son clavier lascif, ses quelques notes de xylophone, et sa mélodie à se taper le cul par terre.

Peut-être bien le meilleur album du combo belge, à mis chemin entre coupe afro et monkey boots bien cirées, « Fat is back » est une réussite incontestable avec des compos ciselées, un son hyper travaillé, des musiciens au feeling impressionnant, et cerise sur le gâteau, une pochette parfaitement dans le ton qui confirme qu’au pays d’Albert II, ces cinq-là sont aussi les rois du bon goût.

Vince

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