Rude Boy Train

Rude Boy Train’s Classics: The Beat – I Just Can’t Stop It (Go Feet Records 1980).

71g+dJREIcL._SL1400_« Rude Boy Train’s Classics », c’est une série de chroniques d’albums qui ont marqué l’histoire du ska, du rocksteady ou du skinhead reggae. Standards objectifs reconnus par le monde entier ou chefs d’oeuvre personnels qui hantent nos jardins secrets, la rédac de Rude Boy Train vous fait découvrir ou redécouvrir ces albums majeurs qui méritent d’avoir une place de choix sur vos étagères ! Rendez-vous le premier vendredi de chaque mois… 

UN PEU (BEAUCOUP) D’HISTOIRE :  The Beat c’est l’autre groupe de la scène 2-Tone, mouvement éphémère et incontournable de la musique anglaise, revival ska teinté d’énergie punk à l’esprit «so british» de la fin des 70’s en Grande Bretagne. L’autre groupe car il n’était probablement pas simple de se faire une place au milieu des pointures du genre que furent les Spécials, Madness et autres Sélecter.

De fait The Beat n’est pas le plus connu de cette scène furtive et pourtant si riche. Pas totalement ska, pas franchement punk non plus et pas complétement pop, en fait The Beat c’est un peu tout ça à la fois, un mélange savant et original, loin des clichés et autres effets de modes qui sclérosent les groupes trop dépendants d’un mouvement dont il faut aussi pouvoir s’affranchir pour rester original.

Le groupe, originaire de Birmingham, se forme en 1979 autour de Dave Wakeling (chant, guitare) et Andy Cox (guitare) rapidement rejoins par David Steele (basse) et Everett Morton (batterie). En pleine explosion punk, le jeu de batterie de Morton donne rapidement au groupe une couleur originale, qui n’est pas sans rappeler les rythmiques des standards de la musique jamaïcaine très en vogue dans les banlieue anglaises. Fan de base du combo depuis ses débuts Ranking Roger rejoint The Beat pour prendre la place de chanteur.

L’arrivée du saxophoniste jamaicain, Lionel Auguste Martin aka Saxa, ne fait que confirmer le virage musical pris par le groupe avec ce musicien devenu une référence pour ces collaborations avec des artistes tels que Laurel Aitken, Prince Buster ou Desmond Dekker. Logiquement attiré par Coventry, la ville berceau du 2-Tone, The Beat enregistre son premier single « Tears of a Clown », une reprise d’un classique de Smokey Robinson and The Miracles, sur le tout jeune label Two-Tone records, se classant dans le top 10 des charts anglais, 9 mois seulement après la création du groupe.

Le groupe n’ayant pas signé de contrat avec Two-Tone Records, c’est Arista Records qui accroche le combo en le faisant signer sur son label Go-Feet Records. Un premier album « I Just Can’t Stop It » voit le jour en 1980 mais le groupe est obligé de changer son nom en « English Beat » à l’occasion d’une première tournée US, pour éviter d’être confondu avec le combo de Paul Collins également prénommé The Beat ! Deux autres albums suivent « Wha’ppen » en 1981 et « Special Beat Service » en 1982 qui n’auront pas le même succès et le groupe se sépare rapidement à l’issue.

Après The Beat, Dave Wakeling, Ranking Roger et Saxa forment General Public pour se séparer en 1986. Ranking Roger sortira en 1988 un album solo, « Radical Departure » puis rejoindra avec Saxa une autre formation, « Special Beat », avec d’anciens membres des Spécials sans jamais enregistrer d’albums. De leur côté Andy Cox et David Steele forment avec le chanteur Roland Gift les « Fine Young Cannibals », groupe à succès des années 80 avec des titres comme « Johnny Come Home », « She Drives Me Crazy » ou « Good Thing ». The Beat se reforme en 2003 et tourne régulièrement depuis sortant des compilations et autres best of pour mettre du beurre dans les épinards !

 

LE DISQUE La plupart des morceaux de l’album sont des compos du groupe. Le premier titre « Mirror in the Bathroom », second single du groupe, morceau plus pop que ska reconnaissable avec à sa ligne de basse infatigable et au son de la guitare d’Andy Cox reste probablement le titre le plus connu du groupe avec le single « Tears of a Clown ». « Hands Off, She’s Mine » entre ska et pop est probablement un des plus beaux morceaux de l’album. Mélodie ravageuse sur fond de solo de saxophone, le titre sortira également en single.

« Two Sword », « Click Click » et « Best Friend » prouve que The Beat n’est pas seulement un groupe 2-Tone. Trois titres fiévreux et énergiques qui ne sont pas sans rappeler The Jam et l’ambiance générale d’un mouvement punk désormais déclinant. Titres engagés pour un groupe témoin de son époque et sensible aux thématiques sociales dans un pays en pleine mutation. Avec « Twist and Crawl » on retrouve l’esprit ska/pop du groupe qui comme avec le titre « Big Shot », rappelant Elvis Costello, réaffirme cette urgence sociale avec un contenu plus politique.

« Rough Rider » est une reprise de Prince Buster (1968) qui garde l’esprit rocksteady du titre original ou le saxophone de Saxa virevolte autour de la voix très dub de Ranking Roger. Whine and Grine – Stand Down Margaret s’articule autour de la musique du titre de Prince Buster (Whine and Grine) et les paroles du groupe (Stand Down Margaret), attaque en règle à destination de Margaret Thatcher, premier ministre et symbole de la casse sociale en cours. Le titre sortira en single avec « Best Friend ».

« Can’t Get Used to Losing You » magnifique cover du titre composé par Jerome « Doc » Pomus et Mort Shuman popularisé par Andy Williams en 1963, pour une version rocksteady où le groupe donne libre cours à ses talents mélodiques. « Noise in This World » et « Jackpot » sont 2 titres entêtants et ravageurs qui raccrochent The Beat au mouvement ska 2-Tone alors en pleine explosion.

L’album « I Just Can’t Stop It » fait partie de ces albums désormais cultes, témoins d’une époque non révolue, qui reste pour beaucoup une référence, une source d’inspiration au travers de groupe comme The Beat qui, en associant l’amour de la musique jamaïcaine et l’énergie créatrice du mouvement punk, ont marqué durablement la culture rock.

Rudeboy.

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