Dr. Ring Ding & Kingston Rudieska – Ska n’ Seoul E.P. – Mirrorball Music
UN PEU D’HISTOIRE : L’aventure démarre à Séoul en Corée du Sud pour le Kingston Rudieska en 2006 avec un EP éponyme qui laisse présager de très bons augures. Le premier album Skafiction sort en 2008. Avec un son atypique et pour le moins surprenant, ces petits mecs distillent un ska pur et très recherché. S’en suivent un EP Ska Fidelity en 2009 et le second opus Ska Bless You un an plus tard. Le dernier album des Coréens du Kingston Rudieska, 3rd Kind, remonte à l’année 2012. Cet album est vraiment une confirmation de l’incroyable niveau et du grand talent que ce groupe possède. Depuis, le groupe a pas mal tourné en Corée et au Japon avec des groupes comme The Eskargot Miles entre autres.
Concernant le Doc qu’on ne vous présente, on n’avait rien de bien nouveau à se mettre sous la dent depuis son album avec sa nouvelle formation intitulé Dr. Ring Ding Ska Vaganza. Là encore on a le droit à un album abouti bourré de talents et de petites pépites musicales.
Et c’est fin 2013 que Kingston Rudieska et Dr. Ring Ding ont décidé de travailler ensemble. Le fruit de ce dur labeur s’avère être un EP 6 titres ayant pour doux nom Ska n’ Seoul.
LE DISQUE : Qu’elle est intéressante et enrichissante cette collaboration entre deux univers bien particuliers. D’un côté, on a des Coréens qui font du ska trad’, et de l’autre une pointure de la scène de la musique jamaïcaine qui s’est essayé à tous les styles du genre. Du coup, on est en droit de se demander ce que peut donner un tel mélange des genres. Et la réponse est : « Terrible !! ».
Parlons d’abord des très bonnes choses de ce disque. Ça attaque très très fort avec Johnny Come Home. C’est d’une propreté à toute épreuve, avec un son léché et juste à couper le souffle. J’en veux pour preuve cette introduction à la trompette munie d’une sourdine, qui met directement dans l’ambiance. C’est un bijou de ska jazz, et la voix du doc colle à merveille sur la mélodie des Séoulites. On ne fait pas dans la fioriture, et le solo de trompette est de toute beauté.
Concernant la version dub, dernière piste du disque, elle vaut ce qu’elle vaut. J’ai toujours un peu de mal avec ce genre de morceaux travaillés à la va-vite histoire d’avoir 5 titres au lieu de 4. Mais bon, ça reste audible et on a connu bien pire dans ce domaine. S’il ne révolutionne rien, ce morceau fera tout de même plaisir aux inconditionnels du dub…
On continue avec les bonnes surprises. Your Sweet Kiss est un ska trad’ rondement mené. Malgré un côté simple et de déjà vu, il faut reconnaître qu’on se croirait en Jamaïque. La voix de Dr. Ring Ding, sans être exceptionnelle, remplit bien son sa part du contrat. Les solos de trombone puis de saxophone sont peu complexes mais efficace, et c’est souvent ce qu’on demande aux musiciens de ska, à savoir éviter de tomber dans les travers des solos trop barrés et réservés aux musiciens invétérés.
Swing Low, Sweet Chariot, en voilà bien un autre titre qui tire son épingle du jeu. Si le spiritual n’a pas pour habitude d’être intégré dans du rocksteady, tout ce beau petit monde réussit vraiment bien ce défi. L’intro à l’orgue avec le chant du doc est déjà bien classe, mais la rythmique rocksteady qui s’en suit l’est encore plus. Et que dire de cette arrivée impromptue d’un ska survitaminé en plein milieu avec un solo de trompette puis un toast du doc comme il en a l’habitude, juste génial !! Le morceau se termine en revenant sur une rythmique rocksteady, mais dans un esprit carrément soul. Du pur bonheur pour nos petites oreilles.
Mais s’il y a bien un point noir et un raté sur cette galette, il s’agit sans conteste du morceau 생활의발견 (Discovery of Life). La mélodie est exactement celle de Bad Company, un morceau de Dr. Ring-Ding & The Senior Allstars issu de l’album Ram Di Dance sorti il y a de cela 17 ans !! Quand on sait que la version originale a des cuivres surpuissants, on est forcément déçu en écoutant le morceau qui nous intéresse ici. Le son fait très pouette-pouette, c’est le moins que l’on puisse dire, que ce soit du côté de la section rythmique ou du côté du sax. et de ses multiples interventions en solo. Et la partie toastée exécutée par le doc ainsi que le « faible » solo de trombone (joué par le tromboniste du groupe et non par Richie) ne remontent pas le niveau du morceau, qui pâtit bien évidemment de la comparaison avec le titre original. C’est dommage car cela aurait pu nous faire un sans-faute…
Bref, tout ça pour dire que les Coréens confirment qu’ils sont solidement installés dans la scène ska internationale, et qu’ils ont bien bel avenir qui leur est promis. Quant à Richard Alexander Jung, il est décidément dans tous les bons plans qui pointent le bout de leur nez actuellement. Mais compte-tenu du talent du mec et de sa générosité, on est ravi de le voir collaborer avec les tous meilleurs groupes du moment. Pourvu que ça dure comme on dit si bien !!
Maxime