Rude Boy Train

DR RING DING : L’INTERVIEW

DR RING DING, l’un des personnages majeurs de la scène ska mondiale, sort un nouvel album ! C’était donc le moment parfait pour aller s’entretenir avec le gaillard, histoire de parler de « Piping Hot », de son parcours, de ses projets… et de chanson française !

 

 

Rude Boy Train : Salut Richie ! Alors, bientôt le nouvel album… On peut s’attendre à quoi ?

Dr Ring Ding : Un album de ska tout entier, sans éléments de ragga… Pour moi, c’est un peu la continuation de « Dandimite » de 1995, mais en un peu plus « mûr » peut-être… J’ai eu la chance de travailler avec de très bons musiciens qui ont partagé leur talent pour ce beau projet. 15 morceaux, dont 12 compositions originales, deux chansons folkloriques et un morceau pop, transformé en rock steady.

RBT: « Dandimite » pourtant était  déjà un album très « mûr » ! A l’époque beaucoup de gens avaient adoré ce disque…

Dr Ring Ding : Oui, beaucoup ont aimé, et je me suis rendu compte que des années plus tard que cet album a eu une influence sur la scène ska en europe. Pour nous, à l’époque, c’était juste pour prendre du plaisir. Aujourd’hui, 17 ans plus tard, on a appris davantage et tout le monde en profite !

RBT : Et ça sera quoi cette chanson pop transformée en rocksteady ? Parce que sur l’album de Kingston Kitchen par exemple, je suis fan de la reprise d’ACDC…

Dr Ring Ding : Ah merci ! Sur le nouvel album, c’est « Don’t give up » de Peter Gabriel (en duo avec Kate Bush). Dans notre version, je la fais en duo avec Doreen Shaffer.

RBT : Ah oui ça va être cool ça ! Sur le Kingston Kitchen, il y avait aussi la version de « Saint James Infirmary Blues » qui était excellente, et « les Moulins de Mon Cœur » de Michel Legrand. Celle-là tu la connais grâce à tes origines Françaises ? Ta famille est du nord de la France je crois (de Douai ?)

Dr Ring Ding : Ma mère est de Douai, c’est  vrai. Et j’ai passé pas mal de temps là-bas, j’étais même à l’école maternelle pour 6 semaines. Je m’intéresse beaucoup à la chanson Française et  souvent ma mère apprend ce qu’il y a comme chansons grâce à moi ! Et j’ai aussi un ensemble de chanson (sous autre nom, bien sûr).

RBT : La Bande à Richard…

Dr Ring Ding : Oui, mais le nom a changé quand on a sorti l’album. Nous nous appellons « Richard Alexander et sa bande originale ».

RBT : Ah je ne savais pas qu’il y avait un album entier. C’est enregistré avec des musiciens français ?

Dr Ring Ding : Non, je suis le seul. Mais il y a des Allemands, des mi-Anglais, et le saxo de Kingston Kitchen y joue de la flute et de la clarinette (il est néerlandais).

RBT: Ok… En fait j’imaginais que tu allais enregistrer un 2e album avec Kingston Kitchen…

Dr Ring Ding : C’est assez difficile de tourner  comme tout le monde est assez réparti sur les deux pays. Ça devient déjà très couteux pour les transports etc… et du coup nous n’avons pas beaucoup joué récemment, et si on ne tourne pas, on enregistre encore moins, je le regrette un peu…

RBT : Oui je comprends, le 1er disque était excellent, je vous avais vus au Luxembourg et j’avais aussi adoré… « Richard Alexander et sa bande Originale » ou le « George Ealing Quartet » c’est des projets sérieux ou tu fais ça en dilettante ?

Dr Ring Ding : Le George Ealing c’était une plaisanterie, c’est pas un vrai groupe. Ce que je fais en chanson Française, jazz, swing…  sous nom de Richard (ou Richie) Alexander est sérieux pourtant. J’ai un quartet et on fait des morceaux de l’American Songbook (les standards de la chanson US d’avant le rock’n’roll – NDLR) et autres, et le mois dernier, j’ai fait un concert de chansons de Frank Sinatra avec un bigband et un orchestre de cordes,  en tout 50 personnes.

RBT: D’accord, mais la musique c’est ton métier ou tu as un travail à côté ?

Dr Ring Ding : C’est  mon métier. Je produis aussi, et j’écris pour des magazines. Surtout sur la musique.

RBT : Des magazines allemands ?

Dr Ring Ding : Oui

RBT :  Doreen Shaffer tu dois commencer à bien la connaître… Tu as préféré faire un album avec elle ou avec Lord Tanamo ? (question difficile)

Dr Ring Ding : Les albums sont différents, les personnages sont différents. Je dirais que l’album avec Doreen est plus « joli » que l’autre, plus romantique, et j’aime ça. Mais les deux me plaisent beaucoup, d’autant plus que j’ai beaucoup de beaux et intéressants souvenirs des rencontres avec les deux.

BBT : Tu as des nouvelles de Lord Tanamo ? On avait appris qu’il était gravement  malade, au Canada…

Dr Ring Ding : Non, malheureusement, rien récemment…

RBT :  Tu as fait du ska revival avec El Bosso und Die Ping Pongs, du ska 60’s avec The Senior Allstars, du ska-jazz avec Kingston Kitchen, du dancehall avec Sharp Axe Band, avec The Scrucialists ou en solo, des versions dub avec HP Setter ou Victor Rice, tu as été accompagné par Eastern Standard Time, Reggata 69 ou Monkey… Comment tu choisis tes projets, tes collaborations ?

Dr Ding Ding : Des fois, on choisit pour moi, s’il faut un backing-band à l’étranger, par exemple. Ou bien un promoteur a envie de faire une petite tournée de ska avec un certain groupe qui accompagnera plusieurs de chanteurs. L’année dernière, juste avant Noël, Shots In The Dark de Rome a fait une petite tournée, avec leur propre programme et en accompagnant Roy Ellis et moi. Pour ce nouveau projet, j’ai demandé à mes amis catalans du Freedom Street Band s’ils avaient envie d’y participer. J’ai encore trouvé d’autres amis, également des musiciens excellents, et ils ont tous dit oui. Et voilà : une belle galette a été produite !

RBT : Des gens des Busters notamment… je suis un fan absolu des Busters !

Dr Ring Ding : Tant mieux ! Mathias, saxo des Busters, joue sur l’album. Il est incroyablement bon musicien et c’est un gars magnifique ! Je collabore également avec le groupe entier. Je ferai leur tournée d’hiver avec eux en tant qu’invité spécial et DJ.

RBT : Dommage qu’ils ne viennent jamais en France… Enfin on peut toujours aller les voir à Sarrebruck si ils y passent… Sinon la Tournée Ska Mutiny Tour avec Reggata 69, Motha Nature, King Django, Chris Murray et toi, ça s’était monté comment ?

Dr Ring Ding : Ce sont les Regatta 69 qui ont organisé  la tournée (avec leurs chanteurs préférés !). Pour moi, c’était un grand plaisir de me rameuter avec tout le monde. En plus, je suis très content d’avoir fait connaissance de Motha Nature,  elle est fantastique !

RBT: C’était un plaisir pour les spectateurs aussi… Tu aimes tous les styles de musique jamaïcaine, mais y’a un genre que tu préfères ?

Dr Ring Ding : Hmmmm… En musique jamaïcaine, ou en général ?

RBT: En musique jamaïcaine. Ska ? Ragga ? Reggae ? Dub ?…

Dr Ring Ding : J’adore le vieux ska, le rub-a-dub style (vieux dancehall) et le reste dépend de mon état d’âme, de l’ambiance, de l’occasion…

RBT: Tes disques sont assez différents… C’est lequel ton préféré ?

Dr Ring Ding: De mes disques à moi sous nom de Dr. Ring Ding ?

RBT: Oui, avec TSA, avec KK, avec HP Setter, en solo (« Nice Again »), El Bosso…

Dr Ring Ding: Hier, j’avais des invités, et quand il fut tard (ou tôt), ils m’ont obligé à mettre le « Nice Again », et je me suis dit: tiens, pas si mal que ça… Mais le prochain est définitivement un de mes préférés (Dr. Ring Ding Ska-Vaganza – « Piping Hot »). Et j’aime beaucoup le Kingston Kitchen, et côté émotion, mon album français, mais ce n’est pas un album de ska.

RBT: Qu’est-ce qui tourne sur ta platine en ce moment ?

Dr Ring Ding: « Piping Hot »!  Et en plus, de la musique classique de Vivaldi, Ray Charles, Willie Nelson, Lady Gaga, Monty Alexander… tout ça en un seul jour, bizarre, non ? Et un album Dub de Conscious Sounds aussi…

RBT : Non c’est pas bizarre… C’est bien d’écouter de tout ! Tu connais des groupes français actuels ?

Dr Ring Ding : Quelques-uns. J’aime bien les groupes/artistes qui sont traditionnels. Thomas Dutronc, Sanseverino, Pascal Parisot, le premier album de Coralie Clément…

RBT: Tu écoutes Benjamin Biolay  ?

Dr Ring Ding: Les premiers albums de Benjamin Biolay oui, mais je n’ai pas aimé « Home » (le disque avec Chiara Mastroianni – NDLR). J’aime ses productions : Salvador, le premier de Carla Bruni…

RBT : Le dernier de Biolay, « La Superbe », porte bien son nom…

Dr Ring Ding : Ok, je vais l’acheter !

RBT: Et du ska français ?

Dr Ring Ding: A dire vrai, je n’ai rien entendu récemment. Beaucoup de groupes italiens, espagnols, catalans, russes, polonais, américains, mais pas grand-chose venant de la France. Comment se fait-il ?

RBT : Disons qu’il n’y a pas beaucoup de groupes français qui tournent à l’étranger. Moi j’aime beaucoup Two Tone Club qui joue depuis pas mal d’années, et tu devrais jeter une oreille à Bobby Sixkiller, un groupe de chez moi (early reggae/rocksteady/soul/ska), et Rockin’ Preachers, un groupe de Bordeaux reggae/rocksteady qui va sortir un album bientôt.

Dr Ring Ding: Merci pour les noms ! Je connais bien sûr pas mal de groupes Français, mais je n’ai pas eu de nouvelles depuis un certain temps…

RBT: Pourquoi tu te retrouves sur Pork Pie avec le nouveau disque et pas chez Grover par exemple ?

Dr Ring Ding : Pork Pie est le label qui a sorti mon premier album (avec El Bosso),le chef est un bon ami à moi, et je sais que le label fait très bien son travail. Le vinyle sortira sur Buenritmo, un label de Barcelone, géré par les gens de mon agence là-bas. Je peux leur  faire confiance.

RBT: Elle se porte comment la scène ska/reggae en Allemagne en ce moment ?  Ça bouge plus en Espagne on dirait…

Dr Ring Ding: Je vois qu’il y a pas mal de jeunes groupes qui se forment. De bons musiciens qui ont le sens de la musique, ça fait plaisir, mais je dirais aussi que ça bouge davantage sur la péninsule ibérique.

RBT: Mais en reggae/dancehall, il y a quand même des groupes en Allemagne qui ont eu beaucoup de succès, comme Seeed, et Irie Revoltes maintenant…

Dr Ring Ding: Oui, c’est vrai. Et surtout, il y a Gentleman qui est connu dans le monde entier.

RBT: Oui il passe souvent en France, c’est une pointure…

Bon aller, ça se termine… Si tu pars sur une île déserte et que tu dois prendre tes trois disques préférés, tu emmènes quoi ?

Dr Ring Ding: Burning Spear, « Social Living », Henri Salvador, « Chambre avec vue », et un « best of » de Charles Aznavour (que j’aurais compilé moi-même).

RBT : Quels sont tes projets dans les mois qui viennent ?

Dr Ring Ding: Un album avec le Sharp Axe Band qui est en train d’être mixé,  un album de dancehall des années 80 avec Dreadsquad (producteur de Pologne), et un album enregistré à Version City avec King Django. Et j’ai encore commencé deux autres albums…

RBT: Mais t’arrêtes pas ! Celui enregistré au Version City c’est le Dreadsquad ou c’est un autre ?

Dr Ring Ding : Non,  celui avec Dreadsquad je l’ai enregistré chez lui à Lodz.

RBT: Oui donc celui enregistré à Version City, c’est toi et King Django sur le disque quoi…

Dr Ring Ding : Non en fait Django joue un peu, mais c’est surtout lui le producteur.

RBT: Et les musiciens c’est des New Yorkais ?

Dr Ring Ding : Oui, presque tous. Mais il y a deux non-américains dessus : moi et un invité spécial pour un duo, Winston Francis, qui est Jamaïcain.

RBT : Ahhh, ça s’est une bonne nouvelle ! Ça sera axé rocksteady/reggae/ska donc…

Dr Ring Ding : Le Version City ? Ça sera du reggae, fait à la main !

RBT: Cool ! Sinon pas de tournée prévue avec Freedom Street Band pour la sortie de « Piping Hot » ?

Dr Ring Ding : Si si. On fera de petits concerts, et vraisemblablement une tournée en mars, si tout va bien, mais Ska-Vaganza est plutôt le nom d’un programme, et non pas d’un groupe.

RBT: Un peu comme Rocksteady Revue…

Dr Ring Ding: Mais on le présentera ensemble bien sûr…

RBT : Bon, alors on espère vous voir en France ! En tout cas merci d’avoir répondu aux questions de Rude Boy Train !

Dr Ring Ding : Merci d’avoir pris le temps de m’écouter ! Et vivement des concerts en France !

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