Rude Boy Train

Jimmy Cliff – Rebirth – Sunpower

UN (TOUT PETIT) PEU D’HISTOIRE : James Chambers dit Jimmy Cliff, 64 piges au compteur, est à priori un chanteur qui ne m’intéresse pas plus que ça. Si comme beaucoup j’ai aimé « Miss Jamaïca » et quelques belles réussites des années 70, il reste avant tout pour moi l’auteur ou l’interprète d’un série de tubes sucrés pas forcément très digestes, saupoudrés tout au long d’une longue carrière riche en disques d’or: « Reggae night » au creux des 80’s, produit par le Kool and the Gang Amir Bayyan, « I can see clearly now » empruntée à Johnny Nash au début des années 90, « Hakuna Matata » pour la BO du Roi Lion peu de temps après, puis les duos avec Bernard Lavilliers (« Melody Tempo Harmony ») ou avec Yannick Noah (« Take your Time »). Et puis un jour, j’appris que Tim « Rancid » Armstrong avait décidé de produire le nouvel album de Jimmy Cliff. Renaissance ?

LE DISQUE : Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec Tim Armstrong aux manettes et quelques musicos qui l’avaient aidé à faire des miracles sur son « A poet’s life » il y a cinq ans (les ex-Aggrolites J Bonner et Scott Abels), les cartes ont été redistribuées. Et Jimmy Cliff a pu repartir sur d’excellentes bases.

D’abord ça fait plaisir de le voir se remettre au ska, avec la très réussie et très intense « One more », présente ici dans deux versions différentes, aussi imparable l’une que l’autre. Ensuite, on comprend bien que Tim Armstrong a su montrer la voie à Jimmy Cliff, en co-écrivant certains morceaux, mais en l’orientant aussi vers des reprises, et pas n’importe lesquelles. Des covers de Toots and The Maytals ou de Bob Marley n’auraient eu qu’un intérêt très limité. C’est donc sur l’un des plus fameux standards du Clash qu’ils ont jeté leur dévolu, « Guns of Brixton », repris avec finesse, dans une version plus acoustique, moins sèche, moins grave aussi d’une certaine manière que l’originale, mais toujours respectueuse (Armstrong est un fan absolu de The Clash), et avec un souci constant du moindre détail (les riffs de trombone à la Rico Rodriguez période Specials). Et puis dans la même lignée, il y a cette version hallucinante de maîtrise du monument punk  qu’est « Ruby Soho », empunté à Rancid, que Tim Armstrong a su transformer (pas forcément évident quand on en est l’auteur) en majestueux early reggae uptempo sur lequel la voix de Cliff vient se poser avec style.

Sur « Rebirth », le chansons co-écrites par Tim Armstrong sont probablement parmi les toutes meilleures, de l’énergique « Children’s bread » à la plus roots « Cry no more », en passant la magnifique surprise soul à la Pepper Pots/Shogettes (« Outsider ») qu’on croirait écrite pour danser jusqu’au bout de la nuit sur le parquet d’une salle de bal de Wigan.

« Bang » est est peut-être un cran en dessous du reste du disque, la voix de Jimmy Cliff montrant des signes de faiblesse dans les aigues, même si l’orchestration est excellente et l’ambiance soigneusement travaillée. On lui préfèrera donc la plus gaie « Reggae music » ou « Blessed love » et ses choeurs gros comme ça, et on criera au génie à l’écoute de « Ship is sailing », pur chef d’oeuvre de reggae music superbement écrite par un Jimmy Cliff des grands jours, et royalement arrangé par un backing-band de tout premier ordre.

Le tout est emballé dans un digipack à deux volets de très belle facture, avec un livret plein de belles photos dedans, et un artwork à la fois sobre et élégant, parfait écrin pour le retour gagnant d’une légende de la musique jamaïcaine que je n’imaginais plus vraiment à un tel niveau de qualité.

Vince

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