Offbeat Foundation – 1st – Rain Records
UN PEU D’HISTOIRE : Tout a démarré en 2008 lorsque Enrico Mildner décide de monter un groupe de musique jamaïcaine à Dresde en Allemagne. Le petit gars n’en était pas à ses débuts dans cette musique puisqu’il était déjà le chanteur du groupe Yellow Umbrella (et l’est toujours d’ailleurs), groupe dont le nom doit forcément vous dire quelque chose. Et c’est là qu’Offbeat Foundation est né. Mildner a fait les choses en grand puisqu’il s’est entouré de pas moins de huit musiciens (trompette, trombone, sax, claviers, batterie, guitare et basse) accompagnés par trois charmantes choristes, en voulant se rapprocher du son et du côté traditionnel de la musique jamaïcaine.
On n’avait eu très peu d’échos sur le web de ce groupe, jusqu’à ce que son premier album pointe le bout de son nez. Le projet n’est pas simplement de jouer la musique à la manière des plus grands et des anciens, mais bien d’effectuer leur propre cuisine en intégrant et en mélangeant les influences musicales diverses et variées de tous les musiciens et de leurs environnements respectifs.
L’ALBUM : Le groupe n’a pas cherché à faire dans l’originalité pour le titre de son premier opus. Sobrement intitulé 1st, l’album se compose de 14 titres est sorti le 09 mars dernier. Le groupe touche un peu à tous les styles musicaux, allant du ska au reggae roots en passant par le rocksteady. Tous les morceaux sont des compositions persos excepté le dernier titre Running Away signé Bob Marley.
On démarre sur les chapeaux de roue avec Running Up qui porte bien son nom. C’est un ska instrumental où le clavier est largement mis en avant. Ça met bien en bouche et ça laisse surtout présager un album sous les meilleurs augures. Ce n’est pas le meilleur titre de l’album mais ce n’est pas non plus celui qu’on aime le moins.
Une chose générale que l’on peut dire de cet album est que l’orchestration et l’accompagnement sont toujours chiadés. Si Bob Marley et Serge Gainsbourg avaient leur I-Threes, Offbeat Foundation peut se faire fort d’avoir trois choristes aux voix envoutantes et vraiment belles (Katrin, Josefine et Agneta).
Alors comme je l’ai dit précédemment, le groupe touche un peu à tous les styles. On pourrait regrouper les morceaux selon quatre genres : du reggae roots, du ska avec chant, du ska instrumental et du rocksteady.
Les morceaux reggae roots sont globalement de bonne facture. J’aime beaucoup l’utilisation du synthétiseur, m’évoquant rapidement le magnifique album “Catch a Fire” de Bob Marley & The Wailers. Et puis force est de constater que la voix d’Enrico colle parfaitement à ce style de musique, preuve en est en écoutant le second morceau de l’album I Love It. Des trois morceaux reggae roots de l’album, Running Away (la reprise de Bob) est sans doute le moins bon. Ça manque d’originalité, et je n’aurais sans conteste pas terminé l’album avec ce morceau. Qui plus est que le contraste avec Days are Numbered est stupéfiant tellement ce morceau est énorme (et pourtant je ne suis guère fan de reggae roots). Le solos de sax mais surtout de piano sont d’une beauté renversante, bien qu’ils ne soient pas très complexes en eux-mêmes…
[mp3j track= »Offbeat Foundation – Days are Numbered@http://www.rudeboytrain.com/wp-content/uploads/2013/05/Offbeat-Foundation-–-Days-are-Numbered.mp3″]
Je suis plus mitigé quant aux morceaux de ska où Enrico chante. Dans l’ensemble, sa voix trop « agressive » s’adapte parfois mal aux rythmiques à contretemps. Bon alors certes l’accompagnement est aux petits oignons, là-dessus rien à redire, mais je n’accroche pas… Des morceaux tels que Spirits of the Past (le meilleur du genre) ou Candela auraient pu être vraiment plus aboutis avec un autre chanteur. D’autres comme As You are My Last Stand ne procurent franchement aucune sensation à l’écoute, et on ne s’y attardera pas plus que cela dessus. En revanche carton rouge pour le morceau You are Exactly What I Want !! Construire un morceau basé uniquement sur un chanteur qui répète en le même texte pendant quatre minutes en long, en large et en travers, c’est agaçant et ça n’apporte rien. J’en viens même à me demander si ce morceau n’a pas été fait uniquement pour que l’album s’approche de l’heure au niveau de la durée…
En ce qui concerne les morceaux de ska instrumentaux, ça va beaucoup mieux. On peut en premier lieu apprécier l’utilisation du xylophone dans les morceaux Catch Me If You Can et Xylophone, un instrument bien trop peu utilisé dans la musique jamaïcaine. Les musiciens délivrent tout leur potentiel, et Dieu sait s’il y en a. Les improvisations sont menées de mains de maîtres, et on se délectera des solos de Marco Reichardt, le bassiste du groupe, sur les morceaux Xylophone et Longtime Ska : un gros son style Marcus Miller dans ses folles envolées, encore quelque chose qu’on ne voit que trop rarement, les bassistes se contentant dans la grande majorité des cas de s’en tenir à leur rôle d’accompagnateur…
[mp3j track= »Offbeat Foundation – Longtime Ska@http://www.rudeboytrain.com/wp-content/uploads/2013/05/Offbeat-Foundation-–-Longtime-Ska.mp3″]
On va terminer par les morceaux rocksteady. Hehe est le moins bon d’entre eux, notamment de par l’incursion ska qui y est faite en plein milieu. Hormis rendre quelques mesures de gloire au tromboniste, cela n’a guère d’intérêt. You Feel So Lonely est déjà beaucoup mieux dans le genre. La mélodie est bien trouvée, la voix d’Enrico est là, celle des chœurs également, et que dire du solo de sax.
Mais la pépite de cet album est sans aucun doute le titre Don’t You Go. Il s’agit juste d’une merveille de rocksteady. C’est simple, tu l’écoutes et tu te prends une claque tellement c’est classe et parfaitement exécuté. Il y a pour moi dans ce titre tout ce qui fait un bon morceau de rocksteady : une voix bien posée, des chœurs qui assurent grave, une basse, une batterie et une guitare qui posent le rythme de façon millimétrée, etc. Pour éviter de m’emporter (dans le bon sens du terme), je vous propose de l’écouter et de venir nous dire si vous trouvez également que ce Don’t You Go est un boulet de rocksteady !!
[mp3j track= »Offbeat Foundation – Don’t You Go@http://www.rudeboytrain.com/wp-content/uploads/2013/05/Offbeat-Foundation-–-Dont-You-Go.mp3″]
Que dire de ce premier album en résumé, si ce n’est qu’il plaira sans conteste à pas mal de monde grâce à son côté éclectique (ça en rebutera également plus d’un c’est sûr). Pour un premier opus c’est franchement du bon boulot, même si tout est loin d’être parfois sur certains titres. On espère grandement que Offbeat Foundation va venir de l’autre côté du Rhin pour nous faire profiter de sa vision de la musique jamaïcaine lors de concerts enflammés. Et on suivra bien évidemment de près l’actualité de ce groupe qui mérite qu’on s’y intéresse, qu’on l’écoute et qu’on achète son disque. À noter que seule une édition CD est pour l’instant en vente (un beau digipack d’ailleurs) et que le vinyle sortira plus tard d’après la discussion que j’ai eue avec Bodo Martin, le batteur du groupe.
Maxime