Phoenix City All Stars – Two Tone Gone Ska – Phoenix City Records/Cherry Red Records
Que ce soit sur le blog ou dans les émissions, on vous a beaucoup parlé de la sortie de l’album de Phoenix City All Stars le 03 septembre dernier. L’idée de cet album est de rendre hommage à la période Two Tone en effectuant des reprises ska trad. et rocksteady de huits des plus grands tubes des années 80 du célèbre label anglais Two Tone Records. Rappelons que le groupe a été formé par Sean Flowerdew, et que les membres proviennent de divers groupes tels Pama International, The Sidewalk Docotrs, Intensified, The Forest Hillbillies et Galliano, autant dire des mecs qui ont de la bouteille.
LE DISQUE : Ça démarre sur les chapeaux de roue avec One Step Beyond, ce hit signé Prince Buster et rendu célèbre à travers le globe par Madness en 1979. Après une première écoute, on se dit vraiment que ça sonne comme si Tommy McCook, Roland Alphonso, Lester Sterling, Don Drummond et tous leurs acolytes des Skatalites jouaient. On est “back in the sixties”. On a un côté authentique encore plus prononcé que lorsque le groupe Determinations (un groupe de ska japonais) avait effectué cette même reprise en live accompagné de Prince Buster. Ça s’écoute sans modération tellement c’est bon, et on se met à danser de façon incontrôlée et frénétique au milieu de son salon. Tout est là, des cuivres qui cognent, une section rythmique présente et des solos bien dosés et posés.
On continue avec une sacré interpréation instrumentale de Stereotype, morceau tiré des Specials. On aurait pu croiser Ernest Ranglin à la guitare et Augustus Pablo au mélodica et obtenir ce boulet de ska.
On se souvient tous de Tears of a Clown, un morceau que le groupe The Beats avait déjà emprunté à Smokey Robinson and The Miracles. Si la version de The Beats était très rapide, le Phoenix City All Stars a décidé de ralentir un peu le tempo (on est entre du ska et du rocksteady). Ajouté à cela la voix de Dave Barker (vous savez, la moitié du duo Dave & Ansell Collins) et vous obtenez un titre qui fait mouche à chaque fois que vous l’écoutez.
Même si j’aime The Prince de Madness, j’ai toujours trouvé dommage d’avoir un tempo rocksteady qui colle mal avec le thème. Le Phoenix City All Stars a corrigé le tire en rendant un poil plus rapide leur version (si on a du mal à danser sur celle de Madness, on ressent le groove sans aucun problème sur celle-ci). Le clavier sytle Jackie Mittoo ou Winston Wright donne un air qui sent bon la soul. En clair, cette version déchire tout !
Le groupe s’est ensuite attaqué à une reprise de The Selecter, morceau mythique du célèbre groupe éponyme de la période two-tone. On aurait pu s’attendre à une version un peu « paresseuse » et envoutante, à l’instar de ce que le groupe français Jah on Slide a pu faire. Au lieu de cela, on est frappé par un rendu très vif et son ska trad. des années 60 qui donnent envie de skanker comme un petit fou.
On trouve ensuite une reprise d’un titre non ska du label anglais, à savoir I Can’t Stand Up for Falling Down de Elvis Costello (à l’origine, c’est signé par le duo funk et de soul Sam & Dave). Ici on a forcément une version ska accompagnée par les voix de Daver Barker et AJ Franklin (chanteur de Chosen Few). Rien à redire, on perçoit toujours un côté traditionnel cher au groupe et qui fonctionne parfaitement.
Ghost Town est sans doute le thème two-tone le plus important et magnifique. Si la version des Specials était clairement orientée reggae, ici c’est du ska dans sa plus pure tradition. J’apprécie particulièrement la partie vocale “Do you remember the good old days before the ghost town?” jouée à la guitare façon Lynn Taitt. C’est tout simplement beau !
Enfin, le disque se termine par Too Much Too Dub, une reprise du célèbre morceau Too Much Too Young des Specials. Le morceau est construit sur un effet de contraste entre le jeu fort et posé de la basse et celui discret et subtil du clavier. C’est bien interprété, ça détend et le résultat donne un dub simple mais terriblement efficace.
Comme il faut toujours trouver une petite chose négative à dire, je trouve d’un point de vue personnel que le son de la cymbale charleston est trop fort, couvrant ainsi parfois le reste des instruments.
Pour tout vous avouer, j’avais quand même un sentiment mitigé quant à l’arrivée de cet album : je me suis dit « encore des reprises de thèmes connus qui ne vont sans doute pas apporter grand chose. » Après avoir écouté plusieurs fois l’album dans son intégralité, on se rend compte que la vision et l’approche du répertoire two-tone qu’a eues le Phoenix City All Stars fonctionnent incroyablement bien. Au bout du compte, j’ai rarement autant apprécié un album fait de reprises que celui-ci…
Phoenix City All Stars – Stereotype
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