Rude Boy Train’s Classics – Court Jester’s Crew – Umbe (We Bite Records/In & Out Records – 1997)
“Rude Boy Train’s Classics”, c’est une série de chroniques d’albums qui ont marqué l’histoire du ska, du rocksteady ou du skinhead reggae. Standards objectifs reconnus par le monde entier ou chefs d’oeuvre personnels qui hantent nos jardins secrets, la rédac de Rude Boy Train vous fait découvrir ou redécouvrir ces albums majeurs qui méritent d’avoir une place de choix sur vos étagères ! Rendez-vous le premier vendredi de chaque mois.
BEAUCOUP D’HISTOIRE : L’aventure commence en 1995 à Tübingen, ville allemande où l’ancien pape Benoit XVI a enseigné à la prestigieuse université Eberhard Karl, lorsque neuf musiciens se réunissent autour d’un projet commun : véhiculer leur passion pour la musique jamaïcaine ! Ce projet se concrétise sous la forme d’un groupe baptisé Court Jester’s Crew, et dans lequel on retrouve les personnes suivantes :
– Johannes Hirt au saxophone ;
– Sensi Simon à la trompette ;
– Wagner au trombone ;
– Rumblin’ Roger au chant et aux percussions ;
– Général P. Samuel aux claviers, à l’orgue et au piano ;
– Alex Buck à la guitare et au chant ;
– Shank Warth à la basse ;
– Tobias Wagner à la batterie ;
– King Sprud MC au chant.
Le groupe revendique des influences allant des Skatalites à Derrick Morgan, en passant par Alton Ellis, Winston Francis, Ken Boothe ou encore Mr. Symarip.
Très vite, les membres du groupe tournent en Allemagne et font les premières parties de Dr. Ring-Ding & The Senior Allstars, histoire de se forger une solide réputation. Et fort de cette réputation, le groupe va sortir son premier album Umbe en 1997. Cet album s’avère être d’une classe monumentale, mais nous allons avoir tout le temps d’en parler.
Preuve que cet album est de très bonne facture, le groupe va sortir un EP Machinery et deux albums trois ans plus tard ; d’abord Too High for Low et un second avec Laurel Aitken en featuring (le groupe avait au préalable servi de backing band au Godfather of Ska pendant sa tournée estivale de l’année 2000) intitulé Jamboree. Verront ensuite le jour en 2002 un maxi We Let the Good Times Roll et un dernier album Babylon Raus.
Le groupe se verra même vainqueur du contest musical Musik-Nachwuchspreis de Stuttgart en 2001, preuve que les allemands ont reconnu à juste titre leur talent et leur passion pour la musique jouée.
Mais comme les mecs sont de vrais amoureux et passionnés de ska et de rocksteady, sept des neufs musiciens du groupe fondent le backing band Soulfood International. Depuis 2003, ce groupe accompagne les plus grands artistes du genre pendant leurs tournées allemandes voire européennes. Et certains membres ont en plus sorti des projets solos, comme Sensi Simon et son LP Selected Mastertapes ou encore sa collaboration avec les espagnols du Golden Singles Band en 2010 (et quelle collaboration !).
L’ALBUM : Vous devez sûrement vous demander pourquoi le premier album du Court Jester’s Crew. Pour tout vous dire, je suis tombé amoureux de cet album dès les premières écoutes des dix titres à l’époque, et je dois bien avouer qu’il reste même encore maintenant parmi mes albums ska favoris. Prenez du ska, du rocksteady, du jazz, et parfois un peu de dancehall et vous obtenez la fabuleuse recette du groupe. À l’époque où l’album est sorti, il n’y avait aucun autre groupe en Allemagne qui jouait sur le répertoire jamaïcain avec autant d’aisance, de fun, de charisme mais surtout avec un aussi haut niveau technique.
Une chose que l’on peut dire à propos de l’album, c’est qu’il est caractéristique du son du Court Jester’s Crew, son que le groupe conservera sur tous ses opus suivants. La rythmique est très bien assuré par une batterie présente sans trop l’être, une basse savamment dosée, une guitare métronomique mais surtout un son aux claviers des plus intéressants…
Et d’ailleurs cet album Umbe attaque fort avec le morceau Balance, un instrumental hyper léché qui te met directement dans l’ambiance. On retrouve donc le son caractéristique du Court Jester’s Crew reconnaissable entre mille, et le claviériste et le trompettiste laisse déjà paraître un talent monstre.
Bon alors qu’on se le dise, il y a des morceaux qui ne sont pas forcément mes préférés, à commencer par The Dream, ou encore Örs Song (Got to Be Strong), bien trop speed à mon goût.
J’apprécie par contre les morceaux dancehall interprétés par le groupe, comme Diel et sa rythmique hyper propre, et Suedstadt Raggea avec ses interludes samba genre carnaval de Rio. Un mélange plutôt sympa et qu’on ne retrouve quasiment jamais ailleurs. Ma foi ça fait mouche et ça conclut à merveille l’album en plus de cela.
Pour les amateurs de blues, on retrouve le morceau Mobile Home. Je dis cela car on pourrait assimiler cela à un blues agrémenté de ska (et non l’inverse !). On a droit à des solos de guitare et de piano digne des meilleurs bluesmen, et celui de trombone n’est pas en reste.
S’il est des morceaux vocaux intéressants, on retrouve d’abord Fettige pommes en collaboration avec Mayo. Si les paroles ne sont pas issues d’un travail acharné, la mélodie reste entraînante et le chant parfaitement exécuté. La section cuivre omniprésente fait un excellent boulot, et que dire de la basse !! Il s’agit sans conteste d’un des titres phares de l’album. La chanson Inge est, quant à elle, un bol d’air frais. On l’écoute et on se dit que la vie est belle. Les paroles sont drôles et racontent l’histoire d’une « salope » qui trompe son mec et mais également parfaitement son monde. Les solos de saxophone puis de trompette respirent la bonne humeur. Vraiment on écoute ce morceau en boucle et on ne s’en lasse pas.
Mais le top du top de cet album est le morceau The Mysterious Voyage of Dillfred, die Maus (Le mystérieux voyage de la souris Dillfred). Tout est excellent, de la section rythmique assurant de main de maître son rôle de pilier, et une section cuivre tonitruante. On adore ce sautillement généreux des claviers. Tous les solos sont précédés justement d’une petite aux claviers donnant un côté « angoissant » (je me comprends) à la chose. Le solo de saxophone en jette, et celui de trompette est ravageur ! La petite interlude batterie, basse, guitare, claviers et trombone est la bienvenue, et le morceau se termine par la thème qui revient puis la petite introduction en guise de conclusion finale. Vraiment c’est du grand art, et c’est surtout hyper chiadé !! Allez hop, je vous le mets de ce pas en écoute !
[mp3j track= »Court Jester’s Crew – The Mysterious Voyage of Dillfred, die Maus (Original Version)@http://www.rudeboytrain.com/wp-content/uploads/2013/08/Court_Jesters_Crew_-_The_Mysterious_Voyage_of_Dillfred_die_Maus.mp3″]
Je pourrais encore vous en raconter des tonnes sur cet album et ce groupe, qui je permets, est un des grands groupes de la scène européenne du début des années 1990/2000 et qui mériterait de continuer à sortir d’autres albums tellement c’est bon…
Si vous ne l’avez pas encore fait, procurez-vous d’urgence cette galette, dont aucune version vinyle n’a malheureusement vu le jour, alors que tous les autres albums ont été édités en LP. C’est fort dommage mais le CD est toujours cool à posséder.
Maxime