Rude Boy Train

Rude Boy Train’s Classics – The Ska Flames – Ska Fever (Gaz’s Rockin’ Records – 1989)

The Ska Flames – Ska Fever“Rude Boy Train’s Classics”, c’est une série de chroniques d’albums qui ont marqué l’histoire du ska, du rocksteady ou du skinhead reggae. Standards objectifs reconnus par le monde entier ou chefs d’oeuvre personnels qui hantent nos jardins secrets, la rédac de Rude Boy Train vous fait découvrir ou redécouvrir ces albums majeurs qui méritent d’avoir une place de choix sur vos étagères ! Rendez-vous le premier vendredi de chaque mois.

BEAUCOUP D’HISTOIRE : Nous sommes en 1986 au Japon, à Tokyo plus précisément. À l’époque, il n’y avait pas grand chose à se mettre sous la dent côté musique jamaïcaine sur l’archipel nippon. Du coup, c’est là que 11 mecs ont eu la royale idée de fonder un groupe de ska et de l’appeler The Ska Flames (スカフレイムス). Le groupe est donc formé de Kazu “Nikka” Nishikawa à la batterie, Akihito Nakasu aux percussions, Kenzi Miyazaki à la guitare et à l’harmonica, Tohru Sigaki à la guitare lead, Kei Miyanaga à la contrebasse, Masa Nagai au piano,  Riyouchi Ogura au saxophone ténor (également leader) ainsi que Takeshi Okawa, Hitoshi Tsuruta et Hirokazu Ise à la trompette, et Koji Watanabe au trombone.

Le combo commence d’abord par jouer à Tokyo dans son fief pour se faire connaître, et acquérir peu de temps après une notoriété nationale. C’est alors que Gaz Mayall, homme mythique de la scène ska UK qu’on ne présente plus, en tournée au Japon avec ses Trojans en 1988 justement, fait la rencontre des Ska Flames. Il repère immédiatement le talent indéniable de ces onze jeunes nippons et leur propose ainsi de venir se produire l’été même d’abord au Nothing Hill Carnival de Londres puis au Gaz’s Rockin’ Blues, L’ENDROIT où tout Anglais passionné de sons jamaïcains se devait d’être !!

Une fois l’invitation acceptée, l’avion pris et les concerts effectués, Gaz propose alors aux membres des Ska Flames d’enregistrer leur premier album. Évidemment les petits gars ont sauté sur l’occasion et bien évidemment sauté sur la proposition qui venait de leur être faite. Et c’est donc aux studios Pavillon de Londres le 27 août 1988 que ce premier album intitulé Ska Fever est enregistré, avec Gaz Mayall comme producteur et Damian Korner à l’ingé son.

Le groupe sortira par la suite trois autres albums : Wail’n Skal’m en 1993, Damn Good en 1995 avec les participations non moindres de Laurel Aitken, Roland Alphonso et Lester Sterling (quand même !!), et enfin Real Step en 2005.

L’ALBUM : Vous l’aurez bien compris, on a affaire ici au premier album des pionniers du ska au Japon. Et pour faire les choses bien, rien de mieux que d’aller enregistrer directement chez Gaz’s Rockin’ Records. Douze titres dont trois reprises, ça fait déjà pas mal pour un premier opus. Après une écoute globale de l’album, la première chose que l’on peut se dire est : « The Ska Flames, c’est un putain de son bien typique qu’on n’a encore jamais entendu ailleurs ». Car il n’en reste pas moins que même si le studio est anglais, les musiciens eux sont japonais et ont particulièrement bien supervisé l’enregistrement. Il en ressort un son accrocheur, avec notamment une grosse caisse très présente et une contrebasse peut-être un peu trop discrète à mon goût.

Passons maintenant les morceaux en détail. Et commençons par les trois reprises puisque nous y sommes. On va prendre les morceaux par ordre décroissant de qualité, et on démarre donc avec Do the Mule repris à Laurel Aitken. On trouve ici un jeu d’harmonica plutôt simpliste, et surtout un chant assuré par le trompettiste Hirokazu Ise assez médiocre il faut bien l’avouer. Quand on sait que ce titre est le dernier de la galette, il est fort dommage que l’album se ponctue de cette façon…
Pour la seconde reprise, il s’agit de Cool Smoke écrite par Don Drummond et interprétée par les célèbres Skatalites de la première et grande époque. Là c’est déjà beaucoup mieux, les solos de saxophone et de trompette s’enchaînant parfaitement. Néanmoins on reprochera un trop grand rapprochement avec la version originale, et quand la version originale est signée des Skatalites, on sait d’avance qu’on n’arrivera pas à égaler cette dernière…
On termine cette partie « cover » avec le morceau Christine Keiler empruntée à Roland Alphonso. Cette fois-ci le groupe a réussi à se détacher de la version originale pour proposer une version jazzy à souhait du plus bel effet. Les improvisations à la trompette, au saxophone et à la guitare sont parfaites, mais celle au trombone laisse en revanche franchement à désirer, notamment de par son côté simpliste et peu recherché… Autrement c’est topissime et c’est ce genre de reprises qu’on aime chez Rude Boy Train !!

Côté compositions originales, il y a du très bon et du moins bon. Côté très bonnes choses, le disque démarre très fort avec Tokyo Shot, une tuerie absolue. Tout est bon dans ce morceau, que ce soit la section rythmique, la section cuivre ou encore les solos. Tu écoutes et tu sais que tu as affaire à un grand album. D’autres morceaux comme Lindow Man et son côté très traditionnel, ou encore Samurai et son intro dévastatrice à la guitare sortent leur épingle du jeu. Ces onze japonais ont du talent et de l’envie à revendre, et tout ceci se manifeste encore bien plus au travers des deux morceaux Ray HymanSka Fever et East Moon River. Le premier possède des solos de dingue, et une guitare rythmique qui procure un bonheur incommensurable à tes petites oreilles. Le titre éponyme de l’album a été composé par un ancien trompettiste des Skatalites, Raymond Harper (pas le plus connu je vous le concède), et honnêtement le rendu est fort classe. Quant à East Moon River, il ne s’agit ni plus ni moins que du titre phare de cet album ! La vache, tu l’écoutes et tu as un ska qui swingue, qui a un son de dingue et qui relève de la perfection au niveau de l’exécution et de la virtuosité.
Pour tout le reste, il s’agit, malheureusement pour lui, de trois des quatre morceaux composés par le saxophoniste Riyouichi Ogura. La faiblesse de ces morceaux réside peut-être dans le fait que son auteur a voulu y incorporer des éléments de la musique traditionnelle japonaise. Certes ça donne un son assez particulier, mais auquel je n’accroche pas vraiment. Que ce soit dans Osaka Ska ou dans Hot Sake, on a l’impression que l’énergie des nippons est beaucoup moins présente que sur les morceaux précédemment cités. Même le petit départ reggae Kurosawa n’y fait rien… Enfin toujours est-il que ces morceaux sont tout de même de très bonne facture ; c’est juste qu’ils sont un cran en-dessous de certains autres présents sur le disque. Disons qu’ils ne sont pas à jeter, mais qu’on trouve mieux (je ne voudrais pas laisser croire que j’ai dit qu’ils sont mauvais, loin de là…).

À noter que l’album est sorti en CD et en vinyle chez Gaz’s Rockin’ Records. Pour avoir la version du disque microsillon en état quasi-parfait, je dois bien avouer que ça envoie du petit bois !!

Pour conclure, ce disque est à écouter et à réécouter tellement il contient des bonnes choses et des morceaux d’une qualité indéniable et d’un talent inouï. Pour ma part, je ne me lasse jamais de l’écouter, surtout que le rendu sur ma platine vinyle est des meilleurs. Je ne peux donc que vous recommander de découvrir cet album si vous ne le connaissez pas, ou alors de foncer l’écouter encore et encore…

Maxime


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