Rude Boy Train

RUDE BOY TRAIN’S CLASSICS – THE SPECIALS – Specials (2-Tone Records – 1979)

« Rude Boy Train’s Classics« , c’est une série de chroniques d’albums qui ont marqué l’histoire du ska, du rocksteady ou du skinhead reggae. Standards objectifs reconnus par le monde entier ou chefs d’oeuvre personnels qui hantent nos jardins secrets, la rédac de Rude Boy Train vous fait découvrir ou redécouvrir ces albums majeurs qui méritent d’avoir une place de choix sur vos étagères ! Rendez-vous le premier vendredi de chaque mois ».

UN PEU(BEAUCOUP) D’HISTOIRE: : On ne va pas vous faire l’affront de vous expliquer qui sont les SPECIALS. Juste rappeler aux ignorants que le groupe s’est formé en 1977 sous le nom de The Coventry Automatics, puis s’est appelé The Special AKA avant de tout simplifier pour s’appeler The Specials, tout court. Coté discographique un premier album éponyme en 1979 (c’est notre sujet du jour) suivi l’année suivante par un second opus, « More Specials ». Puis les musiciens commencent à s’embrouiller, et après la sortie de « Ghost Town » (l’un des plus extraordinaires singles de l’histoire de la musique britannique), Terry Hall, Nevile Staple et Lynval Golding s’en vont former Fun Boy Three, un groupe new wave/pop. Jerry Dammers continue l’aventure Specials avec John Bradbury (le batteur) en reprenant le nom Special AKA et sort un l’album, « In The Studio », en 1984.

Depuis, plusieurs albums d’autres formations de The Specials (en général avec Lynval Golding, Roddy Byers,  Horace Panter et Neville Staple) sont sortis : « King Of Kings » avec Desmond Dekker en 1993, « Today’s Specials » en 96, « Guilty ‘til Proved Innocent ! » en 98, et deux albums de reprises (sans Golding), « Skinhead Girl » en 2000 et « Conquering Ruler » en 2001.

En 2009, le groupe se reforme avec tous ses musiciens sauf Jerry Dammers et entame une tournée triomphale au Royaume Uni, puis un peu partout en Europe.

En 2013 les Specials annoncent que Neville Staple quitte le groupe pour des raisons de santé.

En février 2014 Roddy Radiation le guitariste soliste quitte à son tour l’aventure, il est remplacé ponctuellement par Matt MacManamon l’ancien chanteur/guitariste du groupe The Dead 60’s puis par Steve Cradock d‘Ocean Colour Scene pour la tournée prévue la même année.

Le 30 décembre 2015, le groupe annonce la disparition de son batteur John Bradbury.

LE DISQUE :  Chroniquer un album comme celui ci c’est un peu comme raconter un bout de sa propre vie tant il est des albums qui peuvent influencer et conditionner votre existence à venir…. j’exagère à peine ! J’avais tout juste 13 ans en 1980 quand, au terme d’un week-end en famille aux Pays Bas, nous entrons dans un pub pour déjeuner. Accueilli par un type au crâne rasé et bardés de tatouages suffisamment inquiétant pour effrayer ma mère, nous nous installons pour nous substanter quand j’entends pour la première fois « A Message for You Rudy » !

Dans un anglais balbutiant, j’interroge fiévreusement l’inquiétant cerbère du lieu qui me tend la pochette d’un album qui marquera ma passion pour la musique ska à tout jamais. Parenthèse sans grand intérêt me direz vous que je referme sans plus attendre pour évoquer « The Specials » probablement l’un des albums les plus décapants de l’histoire du genre !

L’album sort en novembre 1979 sur l’incontournable label de Jerry Damners « 2-Tone records » symbole de tout une époque où la vie se déclinait alors en noir et blanc. A la production Elvis Costello, qui connait ses premiers succès commerciaux avec la sortie de son album « Armed Forces », et qui apportera le plus de maturité nécessaire à ce jeune groupe turbulent qui n’en demandait pas tant !

Le disque débute par le monumental « A Message To You Rudy » cover du grand Dandy Livingstone pratiquement devenu dans l’inconscient collectif un standard des Specials avec la présence inoubliable du grand Rico Rodriguez et de son trombone ! Mais le gros du boulot commence avec la compo « Do The Dog » véritable hymne ska 2-tone au même titre que « Nite Klub » et ses vocaux endiablés et le plus traditionnel « Monkey Man » cover du grand Toots & The Maytals.

Avec « Gangsters », qui ne devait initialement pas être sur l’album, on rentre définitivement dans l’histoire en revisitant Prince Buster et son désormais célèbre « Al Capone ». Premier single du groupe, le titre restera une des 10 meilleures ventes de l’année.

Au rayon rocksteady de l’album on trouve l’incontournable « Doesn’t Make It Alright » hymne à la tolérance black & white et surtout « Too Hot » reprise de Prince Buster où les voix des deux chanteurs se complètent à merveille. Dans le même registre mais avec peut-être un peu moins de réussite « You’re Wondering Now », titre initialement interprété en 1964 par Andy & Joey puis par les Skatalites. Avec « Too Much Too Young » le groupe revisite à toute vitesse Lloyd Charmers et son « Birth Control ». Le titre sortira en single en janvier 1980 pour atteindre la première place des charts anglais.

Personnellement j’avoue avoir un faible pour les titres plus « punk  » de l’album tel « Concrete Jungle » qui décrit à merveille la violence des banlieues anglaises, le très rock « Dawning Of A New Era » ou la guitare de Roddy Radiation qui n’en demandait pas tant s’en donne à coeur joie ou le très speed « Little Bitch » titre, ou les paroles destinées à la jeunesse, symbolise là aussi tout une époque !

Bref n’en rajoutez plus la coupe est pleine ! Album incontournable et fondateur du mouvement 2-Tone ce premier opus des Specials est et restera éternellement un monument de la pop anglaise. Album symbole de toute une époque où la création, l’envie et l’énergie ne se négociaient pas il eut également le mérite de remettre au goût du jour les grands noms de la musique jamaïcaine tels Prince Buster, Dandy Livingstone, Lloyd Charmers et bien d’autres … Mêmes si les Specials ne sont plus vraiment les Specials, que l’actualité discographique est au point mort depuis pas mal de temps et que le groupe entretient les titres de cet album (et du suivant) comme un fond de commerce au gré de concerts et de tournées qui se ressemblent, ils n’en demeurent pas moins un groupe mythique qui parle à chacun de nous quelque soit l’âge du capitaine !

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