RUNA MIYOSHIDA – SKA FLAVOR LOVES ANIME SONG – LOUNGE RECORDS
UN PEU D’HISTOIRE: Runa Miyoshida est une chanteuse japonaise originaire de Kawaguchi. Elle commence sa carrière comme chanteuse pop sur son propre label @Lounge Records en sortant un premier mini-album intitulé Kuraku Naru Made Matte. Elle sort successivement en 2007 et 2008 les albums Pure Flavor #1 et Pure Flavor #2, dans la lignée du mini-album de 2003.
Et c’est également cette même année que la miss se fait accompagner par le Ska Flavor Orchestra (abrégé en Ska Flavor) et sort Ska Flavor #1, son premier album ska composé de reprises de titres J-Pop et J-Rock. L’album fait sensation au pays du soleil levant (mais pas chez nous bien évidemment), si bien que ses successeur Ska Flavor #2 et Ska Flavor #3 sortent respectivement un an et deux ans plus tard.
Et tout le monde sait que les Japonais sont très attachés à leurs trésors culturels que sont les films d’animation. Du coup, il fallait bien que quelqu’un s’attelle à reprendre ces musiques issues de bandes originales en version ska survitaminées ou langoureuses, et c’est là que Runa Miyoshida intervient. En 2010 sort Ska Flavor Loves Ghibli Songs, suivi par son petit frère Ska Flavor Loves Ghibli Songs 2 en 2012. Et là, autant vous dire que c’est d’une beauté incomparable…
Entre temps, elle a tenté une petite escapade punk en sortant Punk! Flavor en 2011. Ma foi, pourquoi pas.
Et le 11 décembre 2013, Runa revient sur le devant de la scène avec cet album Ska Flavor Loves Anime Song.
LE DISQUE: Qu’on se le dise, si vous n’êtes pas un tant soit peu intéressé par les animés nippons, alors passez votre chemin. Les titres sont sympas à écouter comme ça et fichtrement bien foutu, mais avoir en tête l’animé et la musique originale apporte une dimension supplémentaire à cet album. Étant un peu geek dans l’âme, je m’y retrouve parfaitement.
À savoir que Runa Miyoshida et son Ska Flavor Orchestra, c’est avant tout un son typique et unique qui s’avère être assez dévastateur. Pour preuve je vous renvoie vers notre émission best-of diffusée récemment dans laquelle vous pourrez entendre le thème Umi no Mieru Machi issu de Kiki la petite sorcière.
L’album commence très fort avec le premier opening de One Piece intitulé We are. Cet animé maintenant devenu cultissime (c’est d’ailleurs l’animé japonais contenant le plus grand nombre d’épisodes à ce jour, le manga papier, quant à lui, contenant le plus de volumes) a un premier générique de début tonitruant. Et on retrouve toute cette pêche dans cette version ska à travers une envie et une technique remarquable du Ska Flavor. Petit bémol, la voix de Runa Miyoshida manque de puissance et de percussion, surtout en comparaison avec la voix de Hiroshi Kitadani dans la version originale. On pourra aussi reprocher les solos qui reprennent exactement ceux de l’opening dans sa version longue…
On enchaîne avec Lum no Love Song issu de l’animé Urusei Yatsura. Les moins jeunes de nos lecteurs ont connu cet animé chez nous sous le nom de Lamu. Vous n’allez pas me croire mais j’ai quelques vinyles japonais avec les musiques de ce dessin animé, eh ouais !!
Alors là aussi l’adaptation ska est parfaitement maîtrisée, et la voix colle beaucoup mieux au thème. C’est simple, efficace, les solos sont présents et ça envoie du petit bois mine de rien.
On enchaîne avec le thème principal de Sousei no Aquarion. Bien moins connu chez nous, cette version ska est somme toute assez bonne, même si Runa est encore un peu faiblarde. On passera sur ce morceau à moins d’être un fan inconditionnel du manga et de l’animé en question.
Si je vous Touch, cela ne vous évoque sans doute rien. Je suis pourtant certain que beaucoup d’entre vous ont regardé cet animé, francisé chez nous en Théo ou la batte de la victoire (mouahahah). C’était tout à fait le genre de dessin animé chiant et planplan et VF mais sublime en VO (comme beaucoup vous me direz). Et le groupe reprend ici le thème principal avec brio et maestria. C’est fluide, limpide, carrément bien interpêté et le chant est de toute beauté… En bref une pépite musicale que tout le monde se doit d’écouter, qu’on aime ou pas l’animé d’ailleurs.
Si vous aimez les animés à base de méchas, alors Neon Genesis Evangelion ne peut vous être inconnu. Ici c’est le morceau Zankoku na Tenshi no Thesis qui passe à la moulinette du combo nippon, et là encore le résultat est à la hauteur de ce que les mecs peuvent produire dans leurs meilleurs jours. C’est classe, maîtrisé et tout simplement beau…
Et parce que Runa Miyoshida n’a pas oublié qu’elle a sorti deux albums consacrés aux œuvres d’Hayao Miyazaki, elle a choisi de reprendre le morceau Hikokigumo issu du film d’animation Le Vent se lève, denier né du monstre de l’animation japonaise. Là c’est plutôt moyen en revanche, mais quand on connaît la qualité des bandes originales composées par Joe Hisaishi, on ne peut souvent qu’être déçu par une reprise (même si les deux albums précédemment cités sont une tuerie sans nom !!). Qu’importe, l’idée est là et le morceau n’est pas non plus imbuvable. C’est juste qu’il y a des thèmes qu’on ne ferait mieux pas d’adapter en ska, voire ne pas adapter du tout…
Runa continue avec le titre Eureka issu de l’animé Space Brothers, animé tout récent et qui est d’ailleurs encore en cours de diffusion sur l’archipel nippon. Je ne suis pas fan de l’animé, mais l’aspect musical du morceau reste de très bonne facture.
Vient ensuite le ninja le plus célèbre de l’animation, j’ai bien entendu nommé Naruto. Ici le groupe a décidé de reprendre le huitième opening Go!!. À l’origine, ce titre est écrit et joué par un groupe punk sans saveur style Blink182 intitulé Flow. Et connaissant cette version, je m’attendais au pire. En fait il n’en est rien. Si le début et les refrains sont tonitruants, les couplets, eux, font état d’un pur ska trad. d’une réelle splendeur. La voix de Runa est nickelle que ce soit dans les passages chantés ou les passages parlés.
Et c’est maintenant qu’arrive la plus grosse déception de cet album : Blue Water, le générique de Nadia : Le secret de l’eau bleue. Pourquoi déception me direz-vous ? Tout d’abord parce que Runa Miyoshida n’est pas une soprano, et qu’elle a donc dû abaisser la tonalité du morceau en chantant à la quinte inférieure. Ensuite parce que la voix de Miho Morikawa sur la version originale est tout bonnement lunaire !! Bref, la gros point noir de l’album, d’autant plus que je suis un fan invétéré de ce manga et de cet animé…
L’album se termine par une note positive, puisque la version de Katsushika Rhapsody est réussie et aboutie. Pour information, ce titre est issu de l’animé Kochira Katsushika-ku Kameari Koen-Mae Hashutsujo, totalement inconnu chez nous alors qu’il compte tout de même 367 épisodes !!
En conclusion, si on pouvait s’attendre à quelque chose de bas de gamme avec un album de reprises de musique d’animé, il n’en est rien. On sent que Runa Miyoshida commence à devenir affûtée, et également que le Ska Flavor maîtrise parfaitement son sujet, tant au point de vue des arrangements que de l’interprétation. Et même si certains morceaux sont un cran en-dessous, voire carrément à côté de la plaque, l’album n’en reste pas moins à posséder, surtout si l’animation japonaise n’a aucun secret pour vous.
Pour l’heure, on peut d’ores et déjà affirmer que Runa Miyoshida est en train de s’imposer comme une grande dame de la scène ska nippone, et il ne lui manquerait pas grand chose pour devenir un phénomène mondial.
Maxime