Rude Boy Train

The House That Bradley Built – LAW Records

UN PEU D’HISTOIRE: Le 25 mai 1996, au cours d’une tournée, le chanteur et guitariste Californien Bradley Nowell meurt à 28 ans d’une overdose d’héroïne. Avec le bassiste Eric Wilson et le batteur Bud Gaugh, ils formaient Sublime. Un groupe fondateur de la vague Ska-Punk qui déferla sur la Californie, les États-Unis et le reste du monde dans les années 1990-2000. Le trio originaire de Long Beach, distillait un son unique. Un mélange de sonorités allant des musiques Caribéennes au Hip-Hop de KRS-One en passant par le Ska-Punk d’Operation Ivy. Avec seulement un album studio, sorti sur une major quelques mois avant la mort de Bradley, Sublime devint une véritable référence de la scène Ska- Punk et continu aujourd’hui d’influencer de nombreux groupes.

A titre posthume, d’autres disques de Sublime se sont retrouvés dans les bacs. Il s’agit surtout de compilations regroupant des compositions inédites, des lives ou encore des versions acoustiques. A la fin du mois de juillet 2020, la Nowell Family Foundation annonçait la sortie d’une compilation intitulée « The House That Bradley Built » .
Les bénéfices issus des ventes d’albums seront reversés à la Bradley’s House, un centre de désintoxication et de rétablissement fondé par la famille Nowell.

Pour ce disque composé de reprises, la fondation s’est associée à LAW Records, le label de Jakob Nowell, fils de Bradley et nous dévoile un casting quatre étoiles !

LE DISQUE L’ouverture de l’album est confiée au groupe Californien Common Kings qui nous propose ici une version de Garden Grove plutôt fidèle à l’originale. C’est classique, dans un style Hip-Hop /Reggae. On se sent tout de suite propulsé sur le sable fin des plages de Long Beach ! Cette atmosphère donne la couleur de l’album et celle-ci ne s’estompera pas durant toute l’écoute du disque. Les Descendents, groupe iconique de la scène Punk Américaine, nous offrent une reprise acoustique de leur tube Hope issu de leur propre album Milo Goes To College paru en 1982. Sublime en avait fait une version très électrique sur l’album 40 Oz To Freedom. Le chant éraillé de Milo Aukerman se mêle habilement à la sobriété de cette instrumentale guitare/voix et donne une véritable dimension nostalgique au morceau.

On reste dans l’acoustique avec l’arrivée des Long Beach Dub Allstars. Le groupe à toujours été proche de Bradley et sa bande. Opie Ortiz, le chanteur de LBDA, est également tatoueur et graphiste. Il avait dans le passé, réalisé les pochettes d’albums du trio. Le combo s’empare de Little District, et livre une reprise Reggae, aux influences Mento/Calypso. Ça sonne presque comme un bon vieux Stanley Beckford !

Le chanteur Jamaïcain Half Pint, un autre proche de LBDA, débarque avec Lovin sur une reprise du classique What I Got, bien arrangée à sa sauce. Toujours à fond dans le Reggae,Ragga, il nous claque ici un son entêtant qui sent bon les Sound Systems.
Santeria, le titre phare de Sublime qui a propulsé le groupe sous les projecteurs, est repris par Trevor Young des SOJA. J’apprécie un peu moins cette cover. Peut être est-ce dû au succès grand public de cette chanson reprise plus ou moins bien maintes et maintes fois. C’est pourtant bien exécuté, très propre, mais le résultat paraît au final très académique et un peu terne.

Saw Red, un titre culte du groupe, initialement interprété par Bradley et Gwen Stefani de No Doubt, est porté par la chanteuse originaire des Philippines Hirie et le Singjay Reggae Jason-J de l’île de Guam. Ils nous servent un Ska tonitruant et sautillant qui sent bon les années 90 !
Les Mad Caddies s’en donnent à cœur joie avec l’excellent New Song. La recette Reggae, Jazz, Swing du sextet fonctionne toujours à merveille. Chuck Robertson se lance dans des petits passages toastés et les solos de cuivres sont impeccables, comme d’habitude !

Puis les Londoniens de The Skints, très actifs cette année, déboulent sur Get Ready . Un Reggae doux et enivrant ou les harmonies du trio vocal sont parfaites.
The Movement, groupe alternatif de Caroline du Sud, se charge de Get Out. Ils transforment le titre original en une sorte d’hybride entre le R’n’B de chez Stax Records et le Reggae Californien.

The Ballad Of Johnny Butt marque l’apparition d’une nouvelle venue tout juste signée chez LAW Records, Vana Liya . La New-yorkaise nous offre ici une version très planante qui n’est pas sans rappeler certains morceaux du duo Hollie Cook / Prince Fatty.
On repart du coté de la Californie avec les excellents The Expanders. Leur style Reggae 70’s s’adapte très bien à Scarlet Bégonia. Des skanks de guitare acérés, un orgue Hammond virevoltant… c’est d’une efficacité redoutable !

Le légendaire groupe de Punk Américain Pennywise fait son apparition sur Boss-DJ et propose une reprise dans une veine Rock /Hip-Hop agrémentée de flows Ragga.
O.A.R, Ras-1 et Ballyhoo, font respectivement le job sur Badfish, Right Back, S.T.P.
L’album se conclut de manière touchante et en famille sur Rivers Of Babylon, l’éternel classique des Melodians, avec au chant le père de Bradley accompagné de son petit-fils Jakob.

L’exercice de la reprise est parfois compliqué et de nombreux groupes se sont échoués sur cet écueil. Ici pourtant, les artistes ne tombent pas dans le piège de la facilité et nous proposent, pour la plupart, des covers très originales. La compilation a le mérite de mettre en valeur une véritable diversité musicale tout en gardant tout au long de ces 24 titres, une ambiance paisible, nostalgique et ensoleillée. On aurait tout de même aimé entendre sur ce disque d’autres groupes Californien comme The Interrupters ou Dirty Heads. Deux formations qui n’ont jamais caché avoir été grandement influencés par Sublime. Malgré une carrière fulgurante, stoppée dans son élan par la mort de Bradley, le trio restera à jamais une référence dans l’univers Ska-Punk. Plus de 20 ans après son décès, l’héritage musical du groupe se transmet et traverse les générations.

Le projet est disponible depuis le 4 septembre sur les plateformes de streaming et bénéficiera d’une sortie vinyle courant janvier 2021.

Clem

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