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Tsuyoshi Kawakami & His Moodmakers – Moodholic ~Utakata no Hibi~ – Riddim Zone

Tsuyoshi Kawakami and his Moodmakers – Moodholic

UN PEU D’HISTOIRE : On n’avait plus vu Tsuyoshi Kawakami & His Moodamakers sur le devant de la scène depuis leur compilation Members’ Choice: Moody Instrumentals Top 10+1 sortie en 2011, tandis que le dernier album en date Moodsteady est déjà paru il y a maintenant trois ans !!

Pour rappel, Tsuyoshi Kawakami est le bassiste/contrebassiste du célèbre groupe nippon Tokyo Ska Paradise Orchestra. Avec une carte de visite pareille, il était donc facile pour lui de se lancer dans un projet solo, mais surtout de s’entourer de musicien au talent connu et reconnu. Ainsi on peut par exemple retrouver chez les Moodmakers de Tsuyoshi Kawakami son compère du TSPO Ohmori Hajime aux percussions, mais également l’excellent claviériste Hakase-Sun (Little Tempo) (d’ailleurs courrez écouter ses six albums solos, le mec fait de l’early-reggae avec un savoureux mélange d’électro et c’est vraiment rafraîchissant et sacrément bien foutu), Kouji Ooishi (Little Tempo/batteur de Likkle Mai) à la batterie, Takashi Yamamoto et Shinichirou Akihiro (Dreamlets) à la guitare, Toru Nishiuchi (Reggae Disco Rockers/Tetsuniques) au saxophone, Ichihara « Icchie » Daishi au trombone et Kaori Takeda (TICA) au chant. En bref que du beau monde !!

Et tout ce petit monde a commencé à sévir en 2001 avec leur premier album éponyme, suivi deux ans plus tard par Moodmaker’s Mood. En 2005 paraît Mood Inn, le troisième  album du groupe. Entre temps on a eu droit à quelques EP comme Floating Mood ou encore Sparkling Mood.

C’est donc avec plaisir qu’on salue le retour de Tsuyoshi Kawamaki & His Moodmakers avec ce nouvel album, surtout qu’il y a de la pépite en son sein.
C’est parti !!

L’ALBUM : L’album est paru le 29 mai dernier, nous nous excusons d’avance de n’en parler que maintenant. Excuses faites, passons aux choses sérieuses. Ce qu’il ressort de cet album, c’est qu’on y trouve d’abord 7 titres studio et 5 titres live. On pourrait donc croire que les nippons sont un peu fainéants, mais quand on écoute la qualité des sept titres fournis, force est de constater que le niveau de réalisation et de production nous fait oublier ce petit défaut.

En effet, cet album démarre fort avec Egyptian Fantasy. Pour ceux qui ne le savent pas, il s’agit là d’un standard de jazz du saxophoniste Sidney Bechet sorti en 1941 et qui n’avait encore jamais été adapté en ska. Et quand on voit le résultat, on se demande pourquoi tous les groupes de ska/jazz n’ont jamais eu l’idée de s’attaquer à ce chef d’œuvre. Le thème est divinement interprété, non sans aide d’une section rythmique hyper efficace et carrée. Et les solos de saxophone puis de trompette sont parfaitement exécutés. En bref, les nippons ont fourni un ska/jazz d’une grande qualité !!

On enchaîne avec la langoureuse chanson Kohaku no Sasoi –Theme of Snack Pon–. Un rocksteady de toute beauté qui se marie idéalement avec la voix de Takeda. On retrouve vraiment le style des Moodmakers dans ce morceau, tant au niveau du son qu’au niveau des arrangements. Ce petit côté romantique et lover (notamment au saxophone) que certains n’apprécient guère, et bien moi j’adore !! Vous retrouverez d’ailleurs ce morceau en fin de chronique, plus une version instrumentale qui a servi de promo au groupe et qu’on ne trouve pas sur l’album (c’est dire si vous êtes gâtés chers lecteurs !!).

On continue avec Long Day, Short Night. Sans doute pas le meilleur morceau de l’album, ce ska bien envoyé aurait peut-être pu se voir offert de meilleurs et plus longs solos. C’est surtout celui de trombone que je trouve assez pauvre, mais bon… Au-delà de cela, ça sonne quand même vachement bien. Et puis pour une fois qu’une chanteuse japonais s’applique pour chanter correctement en anglais, ça a le mérite d’être salué.

On trouve ensuite le thème principal du film The Third Man. Composé à l’origine par Anton Karas, ce morceau a été repris moult fois par les uns et les autres dans le milieu de la musique jamaïcaine. D’ailleurs Tsuyoshi Kawamaki & His Moodmakers a déjà usé de ce thème sur son album Mood Inn. Si cette première version se voulait plus proche de l’esprit original, notamment avec le thème joué et même surjoué à la guitare, on se rapproche clairement ici de qu’ont fait les Skatalites sur Foundation Ska ; c’est-à-dire beaucoup plus de cuivres !! Ceci dit, c’est tout de même le guitariste qui garde le solo et ce n’est pas pour nous déplaire tellement c’est propre et beau…

De l’early-reggae fait son apparition à travers le morceau Hard Liquor. Et c’est là qu’on voit qu’on a affaire à des spécialistes comme Hakase-Sun par exemple. Les mecs ont tout compris dans ce morceau. Franchement tout un album avec ce son et j’aurais dit « Oui ! » également. Ça swingue, c’est nickel et les solos de saxophone et de claviers sont juste magnifiques. On connaissait beaucoup moins Tsuyoshi Kawamaki & His Moodmakers dans ce registre musical, et c’est une excellente découverte. Bref, on en redemande sur le prochain opus !

Enfin on termine ces morceaux studios avec Sake to Bara no Hibi. En collaboration avec le chanteur de J-Pop Yo-King, ce titre est plutôt sympathique avec son côté pop bien galvaudé. Ce chanteur très connu au pays du soleil levant (et beaucoup moins chez nous) a une voix plutôt agréable avec un timbre particulier qui a son petit effet. Pour le reste, rien de bien transcendental, on a droit à un ska bien confectionné et qui tient la route. Voilà tout ce qu’on demande à ces mecs. Après tout, il faut bien des morceaux qui dépotent et d’autres un peu en ton en-dessous…
À noter que le septième titre est une version instrumentale du précédent, où les claviers et la trompette se partagent le thème et la mélodie.

Viennent tous les morceaux live. Le groupe a finalement choisi de glisser sur son CD cinq titres lors de leur tournée de 10ème anniversaire au Live Recording at Shinjuku Loft le 26 août 2011. Le truc qui saute aux oreilles quand on entend ces morceaux live, c’est : « Bordel, qu’est-ce que ça dépote en live par rapport en studio ! ». Effectivement, une énergie supplémentaire se dégagent de tous les morceaux, un peu comme si tout était trop léchés au niveau du son lors de l’enregistrement des albums. Rien que pour ça, il serait grand temps que les mecs copient leurs aînés du TSPO et viennent nous rendre visite en France ou pas loin…
Quand tu écoutes le titre Wandering Mood, tu te prends un son funky sorti tout droit des seventies qui te donne un plaisir immense. Que c’est bon !!
Mambo Inn est sans doute un de mes morceaux préférés du groupe. À l’origine écrit par Grace Samson, Bobby Woodlen et Mario Bauza en 1951, puis rendu célèbre par Grant Green entre autres, cette version à la moodmakers est juste sublime (et je pèse mes mots). Si tu veux faire aimer le ska à quelqu’un qui n’y connaît rien, alors commence par lui faire écouter ce morceau !! Ici le live est impeccable à tous points de vue.
Les trois autres titres sont des versions live de Kitto Ieru, Misty et Daydream Believer. Rien de bien spécial à signaler, si ce n’est qu’on apprécie encore une fois la présence de Yoshie Nakano sur Misty. Quelle énergie et quelle voix !! On l’écoute et on la réécoute sans modération !!

Au final, Tsuyoshi Kawakami et ses Moodmakers livrent ici un album solide et bien ficelé, quoi qu’un peu court. Il n’empêche qu’ils confirment leur statut de pointures sur la scène ska nippone, pourtant déjà très fournie. Il est aussi intéressant de voir la capacité qu’a le bassiste à de détacher du son et du style du TSPO.
Moi qui aime le ska nippon, je suis encore une fois agréablement surpris. Vivement le prochain single ou le prochain album !!

Maxime

Site officiel

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