Rude Boy Train

8°6 CREW – Working Class Reggae – Une Vie Pour Rien

UN PEU D’HISTOIRE :  L’aventure 8°6 CREW débute au milieu des années 90 autour de Charly, Eric, Germain et Stéphane. C’est à Paris et en banlieue que ça se passe, et au départ le groupe joue surtout de la oi !. Sauf que rapidement, la formation va s’agrandir et les envies de ska vont se faire sentir.

Ce qui va donner en 1999 « Bad Bad Reggae », un premier album, culte, publié par les Allemands de Mad Butcher Records.

En 2001 sort « Ménil’ Express », un maxi-ep sur Big 8 Records, et en 2002 les musiciens commencent à aller voir ailleurs ce qui s’y passe (Ya Basta, Happy Kolo, Acapulco Gold puis Upten).

Le groupe semble splitté, mais en 2008 il remonte sur scène à Genève, et voilà que c’est reparti pour un tour. Le second album, « Old Reggae Friends », sort en 2010 sur le label nantais UVPR (Une Vie Pour Rien) et sur Mass Prod.

Les trois titres oi ! présents à la fin de « Bad Bad Reggae » sont réédités en 2014 sous le titre « The Oi ! Years » sur UVPR, avant de ressortir sur un cd qui regroupe toute la première partie de carrière du 8°6 Crew (« Bad Bad Reggae », « Ménil’Express » et « The Oi ! Years »). Les fans ont donc dû s’armer de patience avant de voir arriver le troisième album, « Working Class Reggae », toujours sur UVPR, avec en plus une édition allemande chez Grover Records (cd et vinyle + cd).

LE DISQUE : Ah le nouveau 8°6 Crew ! Le voilà enfin, on le tient dans les mains. Car ça fait un moment qu’on l’attendait, qu’on l’espérait, et qu’il commençait à avoir une allure d’Arlésienne, pas autant que le quatrième Two Tone Club mais pas loin.

Passons vite fait sur les six morceaux dub de la version cd, pas vilains mais pas indispensables, pour se concentrer sur la track-list de douze titres qui alternent  ska rapide, entre two tone et revival, et rythmiques plus calmes, entre reggae et rocksteady comme le combo a souvent su nous en proposer par le passé. Dans la seconde catégorie, c’est assurément la mélancolie de « Sur le Pick-Up » qui emporte la plupart des suffrages, avec à quelques encablures l’excellente « Baisse d’un ton », sa rythmique à la cool, sa ponctuation de cuivres, son solo de clavier et ses petits arrangements dub qui arrivent pile quand il faut. Sur « Le Contrôle », on se surprend à trouver des ressemblance avec LSD période « Banzaï » – et c’est un compliment – et dans l’ensemble les morceaux mid-tempo font plus que bien le job.

Mais ce que j’apprécie par dessus tout dans les albums du 8°6, ce sont les titres les plus rapides, ceux qui envoient des cuivres, qui braillent, qui éructent et qui lèvent le poings, ceux taillés pour être repris dans la fosse, ou dans les tribunes de Bauer. Et à ce jeu-là, on peut dire qu’en France le 8°6 Crew est en tête de la première division. T’écoutes « Ballroom Bash », et tu te dis « respect les gars » tellement cette simplicité confine au génie, avec une rythmique implacable, des cuivres nickel propres qui claquent tout comme j’aime et une refrain mazette ! qui te trotte dans la tête avec des paroles qui font mouche, et des mots tellement bien choisis qu’on a l’impression qu’il bondissent et qu’il rebondissent (« c’est le bal, c’est le blitz, c’est le ballroom blitz »), superbement accompagnés qu’ils sont par un groupe qui a tout compris à la chanson qui tue et qui va forcément cartonner parmi les hordes d’amateurs de Samba (la chaussure à trois bandes hein, pas la danse). Et si Charly n’a jamais eu la voix de Dr Ring ou d’Alton Ellis, il a parfaitement capté qu’en la posant bien comme il faut (avec en plus le renfort d’un songwritting impeccable), elle pouvait véhiculer suffisamment de force pour tout emporter sur son passage. Nan  franchement y a des fois t’as l’impression que c’est Mr Review qui joue…

Sur « Confusion », je m’incline (et même qu’on reconnait le sax de Muzo), sur « Rien à Prouver » je m’incline encore, la beauté des riffs de cuivres, toujours, les nappes de clavier, toujours, le refrain scandé par Charly, toujours. Même verdict pour « Une Fois Pour Toutes » avec ses paroles qui forcément nous parlent à tous (« dans les parties on écoutait les Specials et le Cockney… »), et alors si t’as envie d’écouter du tube 100 pur ska, t’as qu’à jeter une oreille à « Lion En Cage », petit chef d’oeuvre sur l’adolescence comme on n’en entend pas tous les jours, avec ce refrain cuivré qui me donne envie de chialer à chaque fois tellement c’est beau. Et puis « Promesse », forcément, qui ouvre la bal avec une classe monumentale, et qui confirme qu’en France, on n’a décidément pas à rougir de grand monde.

Après « Bad Bad Reggae » et « Old Reggae Friends », le 8°6 Crew termine un triptyque remarquable avec « Working Class Reggae », un album sans faute de goût (même la pochette est parfaite – y a juste plein de coquilles dans l’impression du livret sur la version cd), chargé jusqu’à ras bord de purs hits qu’on chantera encore comme des cons dans trente piges, avec nos canes, nos sonotones et nos dentiers, mais avec toujours aux pieds, une paire de Doc Martens.

Vince

 

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