Rude Boy Train

Orchestra Brasileira de Musica Jamaïcana – Vol 2, O Baile Continua – Autoprod

VOLUME II cover artUN PEU D’HISTOIRE : L’ORQUESTRA BRASILEIRA DE MUSICA JAMAICANA, c’est un peu l’autre groupe sud-américain qu’il faut écouter. L’histoire commence en 2008 à Sao Paulo, l’une des plus grandes villes du monde, lorsque Felipe (trompette) et Sergio (guitare) décident de monter un groupe pour jouer du ska, du rocksteady et du reggae. Un orchestre de musique jamaïcaine, mais originaire du Brésil quoi. Et comme les deux gars débordent d’imagination, ils vont l’appeler Orchestra Brasileira de Musica Jamaïcana. Voilà voilà. Le groupe armé de cinq cuivres enregistre très rapidement un premier EP, « Skabrazooka », et se retrouve sur scène en première partie des Skatalites (enfin ce qu’il en reste).

Fin 2009, les voilà qui publient leur premier album, sobrement intitulé « Vol 1 », téléchargeable gratuitement sur leur site parce que c’est bien connu, les Brésiliens aiment la plage, le foot, la samba, le carnaval, et sont beaucoup plus sympas que les Irakiens, ou que les Français sinon. Et hop, encore un peu de scène (évidemment pas chez nous), et le groupe reprend le chemin des studios pour enregistre son « Vol 2, O Baile Continua », qui sort le 21 juin 2013, qui est à nouveau disponible gratos en téléchargement, mais que vous devriez bientôt réussir à choper en CD.

LE DISQUE : Un peu comme le volume 1, le volume 2 de l’Orchestra Brasileira de Musica Jamaïcana et quasi entièrement composé de reprises, et même que c’est pas grave, parce que les Brésiliens ont eu la présence d’esprit de ne pas reprendre le répertoire des Skatalites. Ouf. Non, ici, c’est à la musique traditionnelle brésilienne que l’on s’attaque, ou que l’on l’on rend hommage, c’est selon, et la plupart des originales ici largement transformées, sont totalement inconnues du grand public, à part bien sûr « Aquarela », reprise d’ « Aquarela do Brasil », l’un des plus fameux standards du pays de Gilberto Gil.

Et force est de constater  que sur ce second opus, il n’y a rien, absolument rien à jeter. Ça démarre bien avec un reggae roots ultra cuivré, « Frevo Mulher », qui nous montre en un peu moins de cinq minutes qu’on a affaire à des vrais calibres, et pas à des derniers d’la classe.Et ça va continuer, avec du ska, pas mal de ska, et du bon, du très bon même. C’est parfois speed et entraînant comme l’excellente « Pagode Russo », évidente invitation à la danse avec une section cuivres monumentale, parfois un peux plus traditionnel, à l’instar de « Pais Tropical » ou de « Spanish Town », mais dans tous les cas, c’est archi convaincant et l’orchestre  n’oublie jamais de mettre un peu de tradition brésilienne dans sa sauce jamaïcaine.

Côté rocksteady, le combo nous gratifie d’un superbe instru, « Primavera », dont la finesse n’est pas sans rappeler certains titres un peu romantiques sur les bords de Tsuyochi Kawakami et de ses Mooodmakers, et qui bizarrement, se termine par une annonce radio en Français.

On applaudira des deux mains à l’écoute de « Meu Limao Meu Limoeiro » ou de « Dancind Days », mais c’est avec « Ghost Girl From Ipanema » que l’Orchestra Brasileira de Musica Jamaïcana nous assène le coup de grâce. Imaginez un peu : Les gaillards ont eu l’idée saugrenue, mais au final extraordinaire, de mélanger deux monuments, « The Girl From Ipanema », écrite par Antonio Carlos Jobim et Vinicius de Moraes mais immortalisée par Stan Getz ou Joao Gilberto, et l’incontournable « Ghost Town », chef-d’oeuvre de Jerry Dammers écrite pour The Specials. A priori, ces deux morceaux n’étaient pas fait pour se rencontrer, l’un évoquant une magnifique baigneuse sous le soleil de Rio, l’autre un ville industrielle à la dérive, perdue sous une épaisse couche de fog. Et pourtant, avec l’Orchestra Brasileira de Musica Jamaïcana, l’alchimie opère, et le groupe nous livre sur un plateau d’argent un titre d’une rare habileté qui à coup sûr restera parmi les plus belles réussites de 2013.

L’alchimie, certains appellent ça de la magie. Moi j’appelle ça le talent, tout simplement.

Vince

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *