Rude Boy Train

The Oldians – Downtown Rock – Liquidator Music

Downtown Rock cover artUN PEU D’HISTOIRE : THE OLDIANS, groupe espagnol de Barcelone, c’est les roi du ska-jazz très très jazz. depuis 2001. Le groupe joue pas mal jusqu’en 2003, mais là, il se met en hibernation, pour pas moins de cinq ans. C’est donc en 2008 que The Oldians réapparait, et pour le coup, le groupe va être actif, très actif, porté qu’il est par l’incontestable vigueur de la scène espagnole. Le combo va donc sortir son premier album, « Old Secret », publié en 2008 sur Liquidator Music et sur Red Star 73.

Suivront « Arts of Seduction » en 2010 (Liquidator Music), « Wandering Souls » en 2011 (Liquidator), « Island Jazz Sessions » en 2013 (un best-of sur P-Vine Records-Japon), et enfin « Downtown Rock » cet été, chez les Polonais de Jimmy Jazz Records en cd, et en vinyle chez qui ? Chez Liquidator, évidemment.

LE DISQUE : The Oldians, c’est un groupe feutré, un groupe ouaté, presque lounge, un groupe pour les clubs de bridge interdits aux femmes,  pour les boites à partouze comme dans « Eyes Wide Shut », pour les bureaux de la City, avec des canapés Chesterfiled, du whisky écossais et des tentures en velours. The Oldians finalement, est un groupe à l’image de la pochette de son dernier album. Ceux qui ne jurent que par le son two-tone pourront passer leur chemin, car ici point de vitesse, point de folie, point de rythmique qui tabasse : The Oldians, c’est du jazz jamaïcain (jamaican jazz), savant mélange de rocksteady, de jazz, de ska, de jazz, de reggae et de jazz. Un peu comme Jazz Jamaica, en un peu moins plan plan peut-être, même si c’est probablement pas lors d’un concert des espagnols que vous allez beaucoup mouillez la chemise. The Oldians, ça peut presque s’apprécier assis tranquille dans un fauteuil d’un théâtre habituellement dédié à l’opéra.

Et pourtant dans le genre, « Downtown Rock » est appréciable, très appréciable. La voix de Leire est toujours l’un des élément déterminants du son Oldians, et du début à la fin de ce quatrième opus, elle réalise un sans-faute, tout simplement. Et quand elle disparait, comme sur « The Gunman », on descend parfois d’un cran, directement. Sur « Words On The Sand », sa voix monte dans les aiguës,  puis redescend, sans se prendre les pieds dans le tapis du maniérisme cher à nos francophones chanteuses à voix. Et ça continue sur « Lil Sista », l’un des belles réussites de ce disque, avec une guitare très fine, des cuivres discrets en support, et une rythmique rocksteady solide, mais qui ne pète pas plus haut que son cul. D’ailleurs « Downtown Rock » est presqu’entièrement rocksteady, avec évidemment beaucoup de jazz dedans.

Et puis ce qu’on aime aussi chez The Oldians, c’est que c’est un groupe qui ne se la raconte pas, qui ne s’écoute pas jouer et qui ne fait pas son malin avec des solos à n’en plus finir (« hé t’as vu Maurice comme il est long mon solo ! »). C’est un combo tranquille, discret, sympa, qui ne fait pas énormément parler de lui, mais qui n’en oublie pas pour autant la petite dose d’efficacité un tantinet roublarde qui va bien, qui sans crier garde vous encercle, vous enchante et vous emmène là où au départ, vous n’aviez pas forcément prévu de vous laisser embarquer (l’extraordinaire « Crossroads »).

On tient là une belle, une très belle signature jazzy, moins world que David Hillyard & The Rocksteady 7, moins easy-listening que The Senior All Stars, mais toujours très verte, très vigoureuse dans la douceur, qui nous sert sur un plateau d’argent un excellent album, certes pas dénué d’une ou deux longueurs, mais qui se laisse écouter et réécouter avec un plaisir tout simplement impossible à dissimuler. Allez hop, on fait nos bagages, et on se casse en Espagne profiter encore un peu du soleil, et des bonnes vibrations de The Oldians…

Vince

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