Dirty Revolution – The Heat – Dirty World Records
UN PEU D’HISTOIRE: Dirty Revolution débute sa carrière en 2006 à Cardiff, au Pays de Galles. Le groupe est composé de Reb au chant et à la guitare, Morgan à la basse, Stu à la gratte et Marcus à la batterie. Le quatuor s’oriente rapidement vers un mélange reggae/ska/punk, et s’inspire assez largement de The King Blues ou Sonic Boom Six.
En avril 2008, le groupe participe à l’énorme festival anglais Ska-Splash, aux côtés de monstres sacrés comme The Pioneers, The Beat ou Prince Buster, mais aussi des voisins de label que sont Smoke Like A Fish ou The Splitters.
Comme beaucoup de groupes anglais débutants, ils frappent à la porte de Do The Dog Music, et Kevin Flowerdew décide de leur faire enregistrer un cd cinq titres. Le disque, « It’s Gonna Get Dirty », enregistré à Cardiff, sort au printemps 2008 sur le label au chien chien.
A la rentrée 2009, le groupe entame une tournée britannique accompagné de JB Conspiracy et des Mexicains de Los Kung-Fu Monkeys, tout en se préparant à l’enregistrement de son premier album, « Before The Fire », qui sort en 2010 sur Rebel Alliance. Et plus le temps passe, plus le combo calme le jeu et creuse dans le sillon reggae/rocksteady/ska, un peu à la The Skints. C’est peu avant l’été 2013 que voit le jour leur troisième opus, « The Heat » (produit par Peter Miles), avant une tournée de rentrée notamment avec leurs compatriotes de Cartoon Violence.
LE DISQUE: Voilà encore un groupe découvert par Kevin « Do The Dog » Flowerdew à une époque où il était encore complètement bancal (le groupe, pas Kevin), et qui a depuis fait plus que son bonhomme de chemin. D’abord, le quatuor gallois est devenu un quintet puis un sextet, et surtout, il s’est acoquiné avec Peter Miles, producteur british de génie qui avait déjà porté jusqu’au sommet Sonic Boom Six ou Mouthwash (l’extraordinaire « True Stories »).
Ne vous attendez pas à une groupe two tone, à un groupe sixties, à un groupe rocksteady ou à un groupe de reggae, mais attendez-vous à tout ça, avec un peu de rock dedans, le tout à la sauce Dirty Revolution, avec en plus une voix féminine qui donne à l’ensemble une vraie ressemblance avec les Londoniens de The Skints dont on n’arrête pas de vous parler depuis un an. Sur « Down Low », le rythme se fait rocksteady mais le flow se fait ragga, Reb avale les mots et vers la fin, on se demande si y a pas Anthony B qui va venir pointer le bout de ses dreadlocks.
La chanson-titre, « The Heat », calme et nocturne comme une « Ghost Town », remarquablement chantée, extraordinairement arrangée (la discrétion du clavier) fait mouche à chaque écoute, à l’instar de « Shame », de ses murmures, de son écho, et de ce refrain lancinant qui fait « shame shame shame, shame on you », qui vous enlace et vous emporte dans la nuit, dans une rue aux pavés humides des faubourgs de Cardiff pendant que « Life’s Too Short » accélère un peu le tempo pour réveiller les foules, aussi habile que Boris Diaw au panier à trois points.
Pour un skank plus franc, plus net, mais jamais dénué de génie, vous irez piocher du côté de « Frontline », petit chef d’oeuvre de finesse et de précision avec des breaks parfaitement bien posés, ou de This Community » au beat rocksteady, de « Let Them Try » et « Turn It Into Love », efficaces, sans bien sûr passer à côté de No Man’s Land », l’un des sommets du disque qui en compte pas mal, avec ici une toute petite pointe de punk-rock qui cogne juste comme il faut, vers la fin, lors d’une conclusion de haute volée, avec des backing vocals de tout premier ordre, le tout mixé par un Peter Miles des grands jours.
Dirty Revolution a énormément progressé, a su prendre des risques, et nous sert avec ce troisième opus dix chansons qui feront peut-être fuir les puristes, mais qui raviront les autres, amateurs de mélanges osés, d’arrangements pros, de grosse production qui brille, de sono mondiale qui lorgne aussi bien du côté des Specials, des Ruts, de King Prawn que des Wailers. Moi je dis banco ! Vous devriez en faire autant.
Vince