Rude Boy Train

Rude Boy Train’s Classics – The One Night Band – Hit & Run – (Stomp Records/2008)

« Rude Boy Train’s Classics », c’est une série de chroniques d’albums qui ont marqué l’histoire du ska, du rocksteady ou du skinhead reggae. Standards objectifs reconnus par le monde entier ou chefs d’oeuvre personnels qui hantent nos jardins secrets, la rédac de Rude Boy Train vous fait découvrir ou redécouvrir ces albums majeurs qui méritent d’avoir une place de choix sur vos étagères ! Rendez-vous le premier vendredi de chaque mois… 

UN PEU (BEAUCOUP) D’HISTOIRE: En 2003, une bande de potes de Montréal décide de donner un concert d’un soir. Ils sont amateurs de ska, de rocksteady, de reggae et de rock’n’roll et se prennent au jeu. THE ONE NIGHT BAND est né.

Alex Giguère s’occupe de la guitare et du chant, Dave Carignan de la basse, Larry Love du clavier, Eric Morin de la batterie, Jacinthe Michaud du sax alto, Christiane Charbonneau du sax ténor et Patrick Taylor du trombone.

Le joyeux septet se produit au Québec, en Ontario et aux USA avec des pointures ska et punk : Toasters, Mad Caddies, Planet Smashers, The Briggs… et enregistre deux démos, « Session A » en 2004 et « Session B » en 2005, histoire de démarcher à droite à gauche. Évidemment, le groupe est installé à Montréal et l’incontournable label local Stomp Records (Subb, Planet Smashers, General Rudie…) leur met le grappin dessus.

C’est donc en juillet 2006 que sort « Way Back Home », leur premier album, produit par Mitch Girio (incontournable producteur canadien, bassiste des défunts King Apparatus) et Lorraine Muller (Kingpins, Lo and The Magnetics). Le groupe organise alors une tournée à travers le Canada et les Etats-Unis pour promouvoir le disque.

En 2007, The One Night Band participe à la compilation internationale (double cd) « United Colors of Ska n°4 » du cultissime label allemand Pork Pie, en reprenant avec brio « Keep A Cool Head » de Desmond Dekker.

La formation se resserre ensuite autour d’Alex et Larry quand les autres musiciens décident de quitter le navire. Le duo engage Pascal Lesieur à la basse et Steve Dumas à la batterie. A quatre et sans cuivres, The One Night Band affirme son style en accentuant son côté early reggae inspiré de The Upsetters ou de Symarip.

Le groupe entre en studio accompagné pour l’occasion de quelques anciens, Patrick, Christiane, ainsi que de Josh Furhman au sax. Surtout, The One Night Band appelle Brian Dixon, guitariste de The Aggrolites, en renfort derrière les manettes de l’Indygene Studio de Montréal. Le magicien du son ska/rocksteady/early reggae d’aujourd’hui leur concocte un pur disque vintage avec tout le talent qu’on lui connait.
« Hit and Run » sort le 7 octobre 2008 sur Stomp Records. Il comporte plusieurs titres coécrits par Mitch Girio.

The One Night Band débarque fin 2008 dans les salles d’Europe, pour montrer au public du vieux continent comment des Québécois, qui passent six mois par an sous la neige, sont capables de faire monter la température avec leur son totalement old school.

Depuis 2009, le combo est en stand-bye, ne donnant que quelques concerts par-ci par là. Alex Giguère et Pascal Lesieur sont concentrés sur un groupe presque jumeau et presque aussi bon, The Beatdown.

LE DISQUE : Il y a de très bons combo à Montréal. En voilà un groupe qui a su trouver LE son. Car franchement, de mémoire de skinhead que je ne suis pas, j’ai rarement entendu un truc pareil au niveau early reggae. Et avec Brian Dixon (ex-Aggrolites) à la prod, on fabrique de l’or en barre, aidé c’est vrai par des compos aux petits oignons. En tout cas, le gratteux Californien peut se vanter d’avoir fait grimper les petits jeunes de The One Night Band au dessus du niveau (pourtant proche des cimes) du fameux groupe dirty reggae de Los Angeles. Et oui, j’adore The Aggrolites, mais là, force est de reconnaître qu’avec ce disque, les montréalais ont frappé encore plus fort.

The One Night Band a d’abord compris que mettre un peu de ska et de rocksteady dans son early reggae était une chouette idée. Ca permet de varier les tempos, d’éviter la monotonie (ce que sait aussi faire Aggrolites), et d’en donner pour tous les goûts. Sans pourtant bouffer à tous les râteliers. Car ce groupe a un pur son bien à lui. Un son totalement vintage, qui fleure bon l’Angleterre de Brixton et de Notting Hill au creux des années 70. Le disque a été enregistré dans un studio moderne de Montréal, mais on dirait que le matériel utilisé pour l’occasion sort tout droit de chez Treasure Isle, Studio One ou bien même de la cave enfumée de Lee Perry, période Upsetters. Avec en sus, un petit côté soul et un brin d’humeur clashienne pour solidifier les fondations.

Rien à jeter. Rien de rien de rien de rien. « Walk In Line », « This Girl », « Not Enough » ou « From The Top »sont de pures merveilles de reggae sale, avec une voix totalement jouissive, qui rappelle souvent celle de Vic Ruggiero, frontman des Slackers, référence absolue en terme de vocaux tout en velours. D’ailleurs, « Good Times » semble, jusque dans les arrangements et dans la chaleur du jeu de sax, sortir tout droit du répertoire de la troupe new-yorkaise.

Et quand les gars entreprennent de jouer « Sammy », ou « Trigger » je suis à la limite de l’émeute auditive. Comment ces mecs font-ils pour avoir autant la classe ? Comment ont-ils trouvé la formule de la chanson early reggae parfaite ?

Si vous êtes sceptiques, écoutez plutôt « Safari » qui ferme le disque, ou « Larry Love », deux titres vintage qui pourraient avoir été écrits il y a plus de 20 ans par The Pioneers ou par Symarip. Pureté à tous les étages. Mais avec un petit quelque chose de tout à fait actuel.

Et une superbe reprise de Smokey Robinson, « First I Look At The Purse » viendra couronner le tout.

Même la pochette cartonnée ultra fine et son artwork old school, avec les titres inscrits à gauche et la petite mention« mono » en bas est un sans faute.

Voilà. C’était un matin glacial de janvier. Il faisait un froid quebécois et le vent semblait descendre de Sibérie. Je me dirigeai vers ma boîte aux lettres. Le facteur avait déposé un paquet à mon intention. Je l’attrapai d’une main ferme avant de rentrer me mettre à l’abri. 2009 venait à peine de commencer. Je tenais pourtant déjà entre mes mains le disque de l’année.

Vince

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *