Rude Boy Train

THE PRESSURE – THE PRESSURE – Autoprod

UN PEU D’HISTOIRE: Formé en 2008, THE PRESSURE  est un groupe originaire de Pittsburgh, ville de Pennsylvanie célèbre pour avoir vu naître Andy Warhol et plus récemment avoir été choisie (entre autres) par Christopher Nolan pour figurer Gotham City.

Naviguant entre rocksteady, soul, early reggae et ska, The Pressure lance fin 2012 un appel à souscription sur Kickstarter afin de financer son premier album ainsi qu’un 2 titres de morceaux inédits en 45 tours. Exclusivement en vinyle mais écoutable sur leur bandcamp, le tout est enregistré et produit avec les équipements techniques vintage de rigueur, aptes à restituer la texture sonore de l’époque bluebeat du début de années 60, si riches en matière de rhythm and blues jamaïcain et si chères aux Mods. On sent dans leur démarche l’amour du bel objet ainsi qu’un grand dévouement pour cet esprit rétro qu’ils cultivent dans la tenue vestimentaire, l’amour des scooters et l’approche de la production musicale.

Or, Pittsburgh est une ville de taille modeste et The Pressure doit être le seul groupe rocksteady traditionnel du coin. D’ailleurs, ils ne tournent que dans le coin et ne ratent jamais un rallye de scooter organisé dans la région pour jouer face à un public d’initiés et de fétichistes de cette période. La majorité des groupes locaux œuvrant dans une veine ska-punk bien plus third-wave ska bands, The Pressure ne trouve pas toujours sa place et déniche difficilement des musiciens intéressés au projet. D’ailleurs, le crowdfunding intervient pour établir un financement participatif mais également pour élargir la fan base des 7 amis de Pittsburg.

L’avantage d’être certainement l’unique groupe rocksteady old-school c’est qu’on peut être sûr d’ouvrir pour les grosses pointures du genre en tournée par la Pennsylvanie. Comme aime à préciser le chanteur, il espère aussi que ce soit parce qu’ils sont bons ! A noter un concert en mai dernier avec un groupe diablement intéressant, Roots Of A Rebellion (ROAR) typé roots/rock/reggae/dub, originaire de Nashville Tenessee et se définissant psychedelic-jam rock reggae (déjà deux albums et un EP). Autres amis de The Pressure, pas inconnu chez Rude Boy Train : The Shifters, groupe rocksteady de Washington DC, présent lors de leur release party en mars dernier.

LE DISQUE : Ce premier album est finalement sorti en mars 2014 avec 10 titres qui fleurent bons le rocksteady beat original jamaïcain, aux douces effluves soul 60’s. C’est donc le fruit d’un certain temps de composition, d’ajustements de line-up, d’écriture, d’enregistrements et de concerts. La présence d’un percussionniste en témoigne et apporte une touche tropicale bienvenue sur certains morceaux.

Citant volontiers Hepcat, The Slackers (pour qui ils ont ouvert), The Gaylads ou Toots & The Maytals (pour qui ils ont aussi ouvert), autant le dire de suite aux amateurs de ska survitaminé : passez votre chemin. Ici, ça chaloupe, c’est du lent, sans autre section cuivre qu’un saxo pour les solo de lover. Ouvrant le LP, « Worn Cruciform » au chant mixte sonne juste. Bon groove dans les couplets/refrains, break galvanisant qui lance des phrases d’orgues et de saxo un poil revanchardes et qui cimentent bien la mélodie. Le titre a un je ne sais quoi de nerveux qui vire early reggae.

« Devotion » et « Everytime you go » sont deux chansons typées soul-reggae uniquement chantées par la voix feminine, pas renversante mais bien comme il faut, de Mz. Annie M., la chanteuse rouquine et ronde respecte à la lettre l’héritage des queens of Jamaica telles Phyllis Dillon, Joya Landis ou Doreen Shaffer. Egalement seule au chant sur « Kingston Review », elle reste convaincante sur un ska bluebeat 60’s moins soul.

« Rialto Street » est chantée par la voix masculine du clavier Eric Mazurak, appuyée par des choeurs bien sentis. C’est le titre rocksteady-reggae pour lequel ils proposent un clip, vous l’aurez deviné, à l’imagerie vintage avec beaux costumes, chapeaux pork pie et scooter. Cette chanson fait référence à une rue très raide menant sur les hauteurs de Pittsburg, que la ville ferme l’hiver à cause de la neige. Pas grand chose à dire du clip, syndical avec cependant un décor de salle de flipper un peu cheap.

Pour clore ce premier album, une reprise d’un classique du Studio One « Love Me Forever » de Carlton & The Shoes qui se contente d’être fidèle à l’originale.

Le clavier tient bien la route et sifflotte toujours agréablement, comme sur les deux titres du 45 tours « Real Horrorshow » impeccable early reggae, ou sa consoeur « Single Ended » plus lente mais également baignée de clavier tout du long.

Disons que The Pressure a les défauts de ses qualités. Musique authentique et maîtrisée mais d’où ne se dégage pas assez de singularité ou d’identité propre.
Saluons bien sûr le premier album convaincant d’une formation à suivre pour peut-être plus de personnalité dans un prochain opus.

Klem

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