WESTERN STANDARD TIME – Big Band Tribute to The Skatalites voll II – Autoprod
UN PEU D’HISTOIRE : WESTERN STANDARD TIME, c’est LE big-band ska-jazz de Los Angeles avec un line-up absolument hallucinant. Greg Lee et Alex Desert (Hepcat) au chant, Brian Dixon (ex-Aggrolites, Thee Hurricanes…) à la gratte et à la production, Korey Horn (ex-Aggrolites, Suedehead…) et Scott Abels (ex-Aggrolites, Thee Hurricanes…) à la batterie, Rick Graiko (Brooklyn Attractors) à la trompette, David Hillyard (Slackers) au sax, Joey Altruda (Jump With Joey) à la basse… Voilà un peu pour la dream team.
Avec une équipe pareille, le groupe fait rapidement parler de lui et publie en 2012 « A Big Band Tribute To The Skatalites » chez Simmerdown Productions, un disque qui comme l’indique son titre reprend des classiques des Skatalites.
Evidemment il est pratiquement impossible d’envoyer un aussi grand groupe en tournée (actuellement ils sont 17) et seuls les Américains (les Californiens même) ont l’occasion de choper le big-band en live.
Fin 2014, Western Standard Time lance une souscription pour la sortie de son second opus, « Big Band Tribute To The Skatalites voll II » qui est publié en juillet 2015 en autoproduction.
LE DISQUE : Dès qu’on avait appris la nouvelle, un deuxième opus pour Western Standard Time, on s’était dit que ça serait l’un des événements de 2015. Et on avait raison. Première constatation : si le big-band continue de reprendre allègrement le répertoire des Skatalites – exercice qui a ses limites – il n’oublie pas ici de prendre intelligemment ses distances avec l’incontournable figure tutélaire aujourd’hui moribonde. Car si le premier opus s’intéressait aux incontournables du groupe (« Man In The Street », « Guns Of Navarone », « Latin Goes Ska », « Eastern Standard Time », « Freedom Sounds »… difficile de faire plus classique), le second reprend des titres un peu plus confidentiels, même si pour les spécialistes tout cela est déjà parfaitement balisé. Et sur trois morceaux, WST va même jusqu’à sortir complètement du répertoire des Skatalites.
Et oui, « Artibella », l’une des chansons les plus célèbres de Ken Boothe, et reprise ici avec style, et avec au chant Greg Lee et Alex Desert, la paire d’Hepcat qu’on ne présente plus. Sur « Jamaica Ska », standard absolu de Byron Lee chanté à l’époque par Keith and Ken, c’est Angelo Moore, frontman de Fishbone, qui vient pousser la chansonnette avec le talent et l’enthousiasme qu’on lui connait. Et le moins qu’on peut dire c’est que ça donne le sourire. Et quand Western Standard Time s’intéresse à Delroy Wilson, c’est pour reprendre une production Studio 1 de 1965, « I Want Justice », ici excellemment interprétée par un Victor Ruggiero très très en forme avec son incomparable voix de bluesman ici sublimée par une formation de toute première catégorie.
Car bien sûr il y en a sous le capot dans la grande formation californienne. Ça souffle, ça pulse, c’est ample, ça prend l’espace, ça gronde même parfois. Côté cinéma, le thème de James Bond (de Monty Norman mais souvent joué par la bande à Don Drummond) envoie le bois, et celui d’Exodus (le film d’Otto Preminger) est absolument magistral avec une classe digne d’un backing-band de Frank Sinatra ou de Dead Martin en concert à Atlantic City, et une dernière ligne droite de toute première bourre.
Mais le climax de ce volume 2 est à n’en pas douter « Peanut Vendor/El Manisero », morceau cubain que les Skatalites avaient emprunté à Moisés Simons, interprété ici par une section cuivre gigantesque avec des sax, des trompettes et des trombones qui n’en finissent plus de se compléter et de se tirer la bourre, et derrière, une section rythmique métronomique parfaitement servie par une production sublimissime signé Avineri/Dixon.
De toute façon cet album, vous pouvez le prendre par le début (« Lon Chaney », la superbe « Dick Tracy »), le milieu (« I Want Justice »…) ou par la fin (« Nimblefoot Ska », l’excellent « Don Drummond Medley »…), vous constaterez qu’il n’y a rien à jeter, pas la moindre fausse note, pas une seule faute de goût, et que le groupe californien a encore monté le niveau d’un cran. Pourra-t-il aller plus haut ? Je dis oui. Oui s’il s’éloigne totalement du répertoire des Skatalites et s’il réussit à passer le cap de la composition.
A ce moment là, on saura que le meilleur groupe ska-jazz au monde habite à Los Angeles, et qu’il s’appelle Western Standard Time.
Vince
Pingback: Rick
Pingback: Vince
Pingback: Rick