BOTTLE OF MOONSHINE – Believe The Numbers – Moonshine Recordings
UN PEU D’HISTOIRE: C’est en 2003 que débute la carrière de BOTTLE OF MOONSHINE, le combo ska, reggae, soul de Turhout en Belgique (près d’Anvers). Ils sont onze, et après un ep en 2010, le groupe emmené par Hanne Peetermanns avait sorti son premier album autoproduit, « Everybody Watches, No One Knows » en 2014.
Moins de deux ans plus tard et après avoir amorcé un virage soul, voilà le groupe qui revient avec son second opus, « Believe The Numbers », et sa drôle de pochette (l’influence des peintres flamands ?), lors d’un release party à domicile début décembre. Alors que les excellents Moon Invaders ont rangé les gants, on est bien content de retrouve au Plat Pays un groupe de niveau international.
LE DISQUE : Quand un groupe d’inspiration jamaïcaine s’en va lorgner du côté de la soul music, on pense au syndrome Pepper Pots, et on sent tout de suite monter l’inquiétude. Car je ne connais personne qui ait applaudit des deux mains lorsque la superbe formation catalane avait publié son troisième album, malgré la production d’un certain Binky Griptite.
Là, le problème ne se pose pas de la même façon, le combo belge réalisant un album de l’entre-deux, avec de la Jamaïque par ci, et des saillies soul imparables par là. Et à ce jeu, « Stand Your Ground » s’impose en petit chef d’oeuvre qui va à n’en pas douter marquer l’année 2015, déjà pas mal lotie avec le récent single de Marta Ren & The Groovelvets chez Record Kicks, ou le superbe album de Trambeat sorti au printemps. « Stand Your Ground », c’est de la soul rapide et diaboliquement cuivrée, avec une voix superbe et une énergie calibrée pour le parquet du Casino de Wigan. Enorme, tout simplement énorme ! Juste derrière, le combo enfile une seconde perle soulissime, « Certerfold », beaucoup plus calme, qu’on croirait tout droit sortie de la bande-originale d’un James Bond du début des 70’s, quand Sean Connery se baladait encore torse poil au milieu des jeunes filles en fleur. Et puis « To The Lighthouse » fait carrément plus que bien la blague avec ces riffs de cuivres qui montent qui montent qui montent, et cette guitare quasi surf.
Le reste du skeud est un peu plus traditionnel, et dès « Happiness In Boxes », on repart sur du bon ska des familles, plutôt sixties, plutôt un peu jazzy, toujours très bien interprété, même si sur ce second opus il est difficile de rivaliser avec un morceau du niveau de « Stand Your Ground ». « Mr Grey » fait plus dans le rocksteady et c’est impeccable, toujours parfaitement chanté et habilement cuivré, et tout ça me rappelle décidément le regretté Prague Ska Conspiracy. Il y a quelque-chose de très feutré aussi sur « I Only Love When You’re Gone », comme sur un disque de The Oldians, et « Tony The Pony », clavier en avant et guitare tranchante comme dans un western, semble s’être échappée de chez Tarantino (le cinéma, décidément).
On ne pourra pas non plus s’empêcher de citer « Serenade » qui dans le genre soul habitée se pose là, comme un standard d’Amy Winehouse (et je pèse mes mots), avec parfois une Hanne dont l’organe rappelle celui d’une certaine Gwen Stefani, ni cet instrumental de toute première bourre qu’est « Shahrazad » et ses cuivres qui claironnent.
Le disque se termine avec la furieuse « The Bells », qui avec son beat two tone sonne comme la parfaite conclusion d’un album haut en couleur, qui vient en treize morceaux de repositionner le pays de Benny B et de Jean-Luc Fonck sur la carte du ska et de la soul mondiale.
Vince