The Slackers – The Slackers – Autoprod/Big Tunes
UN PEU D’HISTOIRE : On vous épargnera pour une fois l’intégrale de la bio des Slackers que vous pourrez retrouver dans plusieurs des articles qui leurs sont consacrés ici. On se contentera de vous rappeler que le groupe, né a Brooklyn en 1991 autour du chanteur et clavier Vic Ruggiero et du bassiste Marcus Geard, rejoints au grés des années par Dave Hillyard, premier sax d’Hepcat, Glen Pine, tromboniste et chanteur, ex-Pressure Cooker, Ara Babajian à la batterie et Jay Nugent à la guitare, empile des bijoux d’albums ska et rocksteady aux influences blues et soul. Ils enchainent de plus les tournées au travers le monde à un rythme infernal, faisant d’eux l’un des emblèmes de la scène contemporaine, un incontournable en tous cas.
Depuis quelques années, ils font appel à leurs fans pour financer leurs productions par le biais du site participatif Big Tunes et c’est ainsi qu’est lancée la campagne de ce tout dernier album dès juillet 2015. Les aléas de ce genre de nouveau mode de distribution musicale font, alors que la bête est déjà disponible en version digitale depuis décembre 2015, que certains financeurs attendent encore, à en croire quelques messages, leur version « matérielle » encore aujourd’hui ! Je n’ai d’ailleurs reçu mon cd que la semaine dernière, ce qui nous fera office de bonne excuse pour justifier une chronique finalement très tardive…
LE DISQUE : Il n’a apparemment pas de titre ce nouvel album… On ne trouve finalement sur la tranche de ce beau digipack cd, tout simplement que « The Slackers ». Eponyme ou pas, ce qu’on y retrouve à l’écoute est bel et bien du Slackers, du bon Slackers, du grand Slackers…
L’artwork nous annonçait à l’évidence du psychédélique, de l’influence pop en mode « Yellow Submarine » et la promesse est tenue sur l’excellent « Go, Go, Go !» et son final vocal éblouissant qui vous évoquera inévitablement les gars de Liverpool. La deuxième moitié de « Things I Can’t Forget », après un début reggae à la cool, en déstabilisera plus d’un, complètement barrée entre folk, faille spacio-temporelle délirante, reprise dub et final pop catchy. Il faudra bien s’y faire, les Slackers sont aujourd’hui bien plus qu’un simple groupe de ska et de reggae, la preuve avec ce « I Want To Be Your Girl » furieux cocktail de ska et de rock hors d’âge, chœurs et cuivres tous biceps dehors, près à craquer la Ben Sherman.
Le « Pockets Of A Rich Man » est tout simplement un exemple de pop-song parfaite, tonitruante, mais sans la moindre pointe d’influence Jamaïcaine, comme l’est aussi le planant et somptueux « Spaceman 3104 » dont on ne saurait trop admirer la teinte « Bowie-esque » totalement maitrisée. Le sombre « Chewing On A Face », vous met direct KO, sans vraiment qu’on soit capable de définir ce que l’on vient d’écouter, entre ligne de basse surpuissante, martellement sans faille de la batterie, piano obsédant et cuivres qui claquent …
On peut quand même rassurer les fans de la première heure, intransigeants « roots addicts », ils auront le droit à leur dose de ska pétaradant sur « By The Time I Get No Sleep » en forme de classique, à leur lampée de reggae funky sur le nébuleux «The Boss », à leur shoot de boss sound made in Glen Pine sur un « Working Overtime » parfait et à leur bouffée de pur slack reggae sur un «Spin I’m In » cool et imparable.
Ceux qui préfèrent quand la bande de Brooklyn verse dans la soul se régaleront du doux sirop « Run Till We Can’t Outrun » et du plus poppy « Truth Come Knocking », soul-ska finalement assez typique de la bande de Vic Ruggiero.
Après quelques écoutes, qui vous rendront parfois incrédules ou tout simplement déstabilisés, ce « The Slackers » se révèlera comme un disque majeur des New-Yorkais, regorgeant d’influences et de clins d’œil parfaitement distillés. Pourtant enregistrés et mixés sous la houlette de trois des plus excellents et influents talents de la scène que sont Brian Dixon, Victor Axelrod et leur propre guitariste en la personne de Jay Nugent, à fortiori dans plusieurs studios différents, les douze titres présents ici pourraient sans problème être issus d’une seule et même session tant le rendu final ne sonne que comme du Slackers, rien que du Slackers ! Un groupe définitivement au sommet de son art…Celui de la musique pop, au sens le plus noble du terme.
Bronsky