RUDE BOY TRAIN’S CLASSICS – THE DRASTICS – MJ A Rocker (Autoprod/2009)
« Rude Boy Train’s Classics », c’est une série de chroniques d’albums qui ont marqué l’histoire du ska, du rocksteady ou du skinhead reggae. Standards objectifs reconnus par le monde entier ou chefs d’oeuvre personnels qui hantent nos jardins secrets, la rédac de Rude Boy Train vous fait découvrir ou redécouvrir ces albums majeurs qui méritent d’avoir une place de choix sur vos étagères ! Rendez-vous le premier vendredi de chaque mois…
UN PEU (BEAUCOUP) D’HISTOIRE : THE DRASTICS, c’est un combo reggae originaire de Chicago formé en 2003. Un premier album, « Premonition », sort en 2005 sur Jump Up Records avec Dr Ring Ding, Rich Graiko, King Django, Obi Fernandez ou Craig Fujita (Pressure Cooker) en featuring, et en 2006, c’est un double album (« Chicago Massive », toujours sur Jump Up) qui voit le jour, avec 27 morceaux et une ribambelle d’invités comme t’as jamais vu ça.
Le troisième opus, « Waiting », parait en 2007 sur Jump Up, et il sera suivi en 2009 par un split-album avec les potes de Deal’s Gone Bad (Deal’s Gnoe Bad vs The Drastics – Dubs, versions ad excursions », toujours sur le label de Chuck Wren.
Le groupe a sorti aussi pas mal d’EP, de 45 tours, de versions dub, et a surtout autoproduit « MJ A Rocker », un six titres très remarqué en 2009. MJ, ça veut tout simplement dire Michael Jackson, artiste incontournable auquel le groupe de l’Illinois avait voulu rendre hommage en transformant six de ses titres en véritables pépites reggae/rocksteady, tout en conservant la voix du king of pop.
En 2013, ils ont même remis le couvert, dans une version un peu plus courte cette fois, puisque « MJ A Rocker n°2″ est constitué de deux titres du meilleur vendeur d’albums de tous les temps accompagnés de leurs remix dub (soit quatre morceaux en tout). Au programme, « The Love You Save » ( Jackson 5) et « Remember The Time ».
Depuis, la carrière de The Drastics semble un peu à l’arrêt.
LE DISQUE : Six titres, pas un de plus pour ce maxi Ep de The Drastics, paru quelques mois après la mort du king of pop. Le groupe de Chicago a repris la voix de Michael Jackson, et a entièrement refait les instrumentaux pour un résultat tout simplement hallucinant. On se demande même si cette démarche est légale, et si ils ont pensé à demander l’autorisation à quelqu’un avant de se lancer.
Mais le principal pour nous, c’est qu’on puisse savourer des titres d’un peu toutes les époques, dont l’un d’ailleurs est des Jackson 5 et non de Michael lui-même personnellement tout seul. Un peu de Jackson 5 donc, de « Off The Wall », de « Thriller », de « Bad » (ou de la BO de « Moonwalker ») et voici comment on s’enfile 28 minutes de pur bonheur.
Ça commence donc avec une vieillerie de Michael et de ses frangins, « I Want You Back », avec cette magnifique voix de môme qui chante comme un demi-dieu, superbement accompagnée qu’il est par des orchestrations reggae et des arrangements aux petits oignons cuisinés bien comme il faut. C’est de l’art, c’est pur comme du diamant et ça vient de Chicago.
Juste derrière « Rock With You », chanson presque murmurée, taillée au scalpel avec une précision chirurgicale, est d’une incommensurable finesse, avec ce clavier omniprésent qui fait des miracles à chaque mesure, et toujours cette voix entêtante, comme si Michael Jackson s’était laissé pousser les dreads et avoir pris le bateau pour Zion.
Normalement d’obédience plutôt disco, « Don’t Stop ‘Til You Get Enough » voit son ADN respectée par The Drastics qui met des effets dub un peu partout avec toujours pas mal de bon sens, mais on pourra préférer (c’est mon cas) juste après, la classe internationale de « Billie Jean ». Certes, c’est un tube immense qui a marqué la terre entière, on est donc en terrain connu, mais ce qu’en fait cette bande de drogués au son jamaïcain est prodigieux : on garde le côté nocturne et inquiétant (quand on écoute on a l’impression de voir Jackson marcher sur ces dalles lumineuses) et on te claque une rythmique du feu de dieu jouée par des gars qui ont absolument tout compris à la musique.
La version de « Smooth Criminal » est elle aussi très respectueuse de l’originale, même si les Drastics en font quelque-chose de très personnel, et « The Way You Make Me Feel » garde ce côté joyeux et entraînant, mais prend aussi des airs indolents, comme s’il avait été abondamment arrosé par les rayons de soleil de Kingston.
Six morceaux pour revisiter l’oeuvre d’un artiste planétaire par des Drastics très inspirés, voilà ce que propose cet incontournable « MJ A Rocker ». Allez aussi jeter un oeil au 45 tours qui suivit quelques années plus tard, avec « The Love You Save » et « Remember The Time », c’est encore un immense moment de bravoure .
Vince