SONIC BOOM SIX – The F-Bomb – Rebel Alliance
UN PEU D’HISTOIRE : Sonic Boom Six a fait ses débuts à Manchester en 2002 sur les cendres du groupe Grimace, définissant sa musique comme « le carnaval de Nothing Hill sur un album punk ».
Le groupe emmené par Laila Khan enregistre une démo éponyme qui sort en octobre 2002 et part en tournée en ouvrant notamment pour The Toasters et pour les Anglais de King Prawn, qui restera comme l’une de ses principales influences. En septembre 2003, ils publient « The Turbo EP » sur Moon Ska Europe. Le disque est produit par Ace, le guitariste de Skunk Anansie et obtient un certain succès critique. Peu de temps après, ils retrouvent Ace pour enregistrer un second EP qui est connu comme étant le premier album du groupe, puisqu’aux 8 nouveaux titres ont été rajoutés ceux qui figuraient sur « The Turbo EP ». « Sounds To Consume » parait en août 2004 sur Moon Ska Europe.
Le véritable premier album, « The Ruff Guide To Genre-Terrorism », parait en juillet 2006 sur Deck Cheese Records. En 2007, Sonic Boom Six enregistre à Liverpool son deuxième album avec le célèbre producteur anglais Peter Miles (The King Blues, Captain Everything…) aux manettes. « Arcade Perfect » sort en novembre 2007 sur le propre label du groupe, Rebel Alliance. Début 2009, Laila et sa bande sortent « Play On : Rare, Rejected and Arcade Perfected », un double CD comprenant une compilation de raretés et d’inédits et des remixes. Sonic Boom Six retourne ensuite en studio avec Peter Miles et enregistre « The City Of Thieves » qui atterrit en mai dans les bacs des bons disquaires.
En 2012 sort un album éponyme en demi-teinte sur « X-Tra Mile Recordings », très crossover, et en 2014, le combo lance une souscription pour produire « The F-Bomb », un cinquième opus annoncé comme un retour aux sources jamaïcaines. Le disque se fait attendre et fini par arriver dans les bacs en juin 2016.
LE DISQUE : On vous a annoncé que « The F-Bomb » était l’album de l’année ? On vous a menti. Parce que non, ce disque n’arrive pas à la cheville de « The City Of Thieves », chef d’oeuvre de l’année 2009. Pourtant, après un album éponyme en 2012 plus que mitigé, on s’était pris à espérer le meilleur pour cette cinquième livraison quand le quatuor/quintet londonien avait annoncé que la base serait résolument ska, avec évidemment ici et là tous les ingrédients qui font la saveur de la sauce préparée par Sonic Boom Six.
Le disque pourtant, commence excellemment avec « No Man, No Right », petite bombe 100 % pur ska que le combo nous avait clippée il y a quelques semaines et qui nous avais mis l’eau à la bouche. C’est dansant, c’est exquis, c’est du grand Sonic boom Six. Et juste derrière, « From The Fire To The Frying Pan » n’est pas en reste, dans une ambiance assez proche. Sur « Do You Wanna Do », le groupe reste sur une forte inspiration jamaïcaine, envoie un two tone métronomique avec par dessus des arrangements modernes, un peu d’éléments empruntés à la jungle, un truc à mi-chemin entre du Specials et du Asian Dub Foundation. C’est franchement bien foutu, mais c’est sur « Drop The Bass » que le groupe se prend un peu les pieds dans le tapis. Le titre est surchargé du flow mi hip-hop mi ragga de Barney, avec un riddim emprunté à « Guns Of Navarone » en guise de ponctuation, et l’ensemble, balourd, plombé par des « pick it up » parfaitement dispensables, aurait mérité plus de sobriété (et une minute en moins).
Quand SB6 passe à un peu de coolitude reggae-pop sur « Train Leaves Tomorrow », c’est sucré, c’est mainsteam, c’est une respiration bienvenue, mais manque un chouïa de personnalité. Et quand arrive « L.O.V.E », entre ska et disco avec un section cuivres qui va bien et des arrangements au petits oignons, on se dit que tout cela est très très bien gaulé, mais que côté production il manque probablement le génie de Peter Miles.
« Worship Yourself », assez rock, sonne vraiment bien, mais juste derrière « Joanna » déçoit car trop simpliste, trop banale, trop peu inspirée. Dans la dernière ligne droite, « All The Same To Me » ramène son ska avec un bien joli son de guitare solo, mais là aussi on cherche la classe mondiale d’un « Through The Eyes Of A Child », mais on n’en trouve que l’ombre, même si objectivement tout cela est plus que bien exécuté par un groupe qui à n’en pas douter n’a plus à faire ses preuves.
Et « The F-Bomb » de se terminer sur « Echoes In The Dark », un morceau de près de sept minutes qui porte bien son nom. C’est sombre, c’est chargé d’ambiance, c’est pas fun pour un rond, c’est intense, très bien chanté et pour le coup très bien produit, mais ça ne m’emporte pas comme « The City Of Thieves » m’avait emporté, fastoche, à chaque putain de chanson.
Drôle d’impression laissée par ce cinquième album. On sent le talent, on sent le métier, on sent les inspirations, on prend même pas mal de plaisir à écouter tout ça, mais il manque ce petit supplément d’âme qui avait permis jadis à Sonic Boom Six de pondre un album colossal.
Vince