Rude Boy Train

RUDE BOY TRAIN’S CLASSICS – THE SCOFFLAWS – The Scofflaws – (Moon Records/1991)

Afficher l'image d'origine« Rude Boy Train’s Classics », c’est une série de chroniques d’albums qui ont marqué l’histoire du ska, du rocksteady ou du skinhead reggae. Standards objectifs reconnus par le monde entier ou chefs d’oeuvre personnels qui hantent nos jardins secrets, la rédac de Rude Boy Train vous fait découvrir ou redécouvrir ces albums majeurs qui méritent d’avoir une place de choix sur vos étagères ! Rendez-vous le premier vendredi de chaque mois… 

UN PEU (BEAUCOUP) D’HISTOIRE : THE SCOFFLAWS, c’est un groupe de Long Island près de New York et plus précisément d’Huntington qui s’est formé en 1988. Au départ le combo s’appelle The New Bohemians, mais prend le nom de Scofflaws suite à un deal avec Geffen Records qui avait besoin du blase. La colonne vertébrale du groupe, c’est avant tout Richard « Sammy » Brooks, super saxophoniste et super frontman, qui restera dans la formation du début jusqu’à maintenant. Car le groupe est parait-il toujours en activité, même s’il ne sort jamais de son île, à part pour aller dans là grosse pomme.

Après pas mal de concerts et des passages sur quelques compilations, le groupe sort son premier album éponyme en 1991 sur le label du pote Bucket, Moon Records. A l’époque la troupe est composée de huit musicos, dont Victor Rice et Buford O’Sullivan, quand même. Et d’ailleurs quand on jette un oeil à ceux qui sont passés dans le line-up, de Jay Nugent (Slackers) à Cary Brown (Skatalites, Bluebeats…), en passant par Fred Reiter (Toasters, NYSJE) ou Dave Waldo (Toasters), on se dit qu’il y avait un putain de vivier de musiciens dans les parages.

Le second opus, « Ska In Hi-Fi », se fait attendre et sort en 1995, toujours sur Moon Records avec un line-up un peu resserré, et le groupe tourne un maximum, pile au moment où le ska est porté par une vague sans précédent aux USA. En 1997, Moon Records publie un live sobrement appelé « Live ! Vol 1 ». Et autant vous dire qu’il n’y eu jamais de volume 2.

En 1998, le groupe débarque en Europe pour accompagner Laurel Aitken, en première partie et en backing-band pour certains des musiciens (avec ceux du New York Ska-Jazz ensemble), avec notamment une date à Paris et une à Strasbourg.  Un troisième album (« Records Of Convictions ») vient de sortir et le groupe le défend avec brio sur scène.

Depuis, c’est le calme plat. Le groupe évolue en quintet sax-trombone-guitare-basse-batterie, et c’est pas demain la veille qu’on va les voir jouer dans le coin. Alors on ressort les vieilleries et on écoute attentivement.

LE DISQUE : J’aime le son ska-jazz des Scofflaws. J’aime, comme j’aime les premiers opus des Slackers ou d’Hepcat. Le son est ouaté, c’est carré mais sensible, y a un gros feeling derrière et ça prend un peu à contre-pied la scène allemande qui à peu près à la même époque marquait des points. Et surtout dès les premiers accords, on a l’impression d’entrer dans un club enfumé de Harlem avant la gentrification.

Les influences jazz du groupe sont évidentes, tellement évidentes qu’il se prend à reprendre ou plutôt à adapter des pointures du genre comme Henry Mancini ou Elmer Bernstein. Car si Richard Brooks et ses Scofflaws aiment le jazz, ils aiment aussi les musiques de films. On a donc droit ici à une reprise très proche de l’originale de « Pee Wee’s Big Aventure », le thème composé pour le film du même nom (de Tim Burton) par Danny Elfman.  On lui préférera largement « A Shot In The Dark » de Mancini (pour « Quand l’inspecteur s’emmêle »), génialement interprétée tout en mystère par le groupe de Long Island, et bien sûr l’imparable « The Man With The Golden Arm » tirée du film de Preminger avec Sinatra, morceau repris maintes et maintes fois depuis, et parfaitement maîtrise par une équipe très très en forme aux alentours de 1991.

De toute façon, dès l’entame du disque avec « Daniel Ortega », on sait qu’on va avoir droit à du lourd, et dans le bon sens du terme. Parce que là c’est du niveau des plus grands et on se dit que le gars Mike Drance (sax, chant) était particulièrement inspiré quand il a pondu ce petit bijou de ska-jazz.  Juste après, « Rudy’s Back » accélère le tempo pour faire danser la fosse, avec du chant, car The Scofflaws ne fait pas uniquement dans les instrumentaux.  « Ska-La-Carte » fait partie des titres que l’on retient dès la première écoute, avec ses onomatopées et sa construction minimaliste, et « Paul Getty » continue dans la même veine.

C’est beau, mais pas autant que « Ali-Ska-Ba », impeccable instru à la Skatalites (avec un nom pareil…), ni que « Night Train » empruntée à Earl Bostic (je l’avais oublié celui-là) sur laquelle Brooks en profite pour rendre hommage aux anciens de Jamaïque, ni que, pour rester sur l’île des Caraïbes, « Goin’ Back To Kingston », morceau rapide avec un solo de gratte de toute première catégorie et un chanteur à la voix claire, qui ne se la raconte pas, qui ne fait pas de manières, mais qui est d’une redoutable efficacité. J’applaudis des deux mains, en vous conseillant d’écouter aussi « Guru » signée Victor Rice, et bien sûr les bonus tracks que sont « Moanin » d’après Art Barkley » (juste géniale) et « Rudy in Paris ».

Sur la page facebook du groupe il est écrit : « The present day rude boy refuses to die« . Cette phrase résume bien The Scofflaws, toujours en vie quelque-part au nord-est des Etats-Unis, avec un Richard Brooks toujours vert, la foi chevillée au corps, toujours prêt à aller prêcher la parole du ska. En 1991, il avait publié un disque irrésistible.

Vince

 

 

 

 

 

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