MAMPY – Mind Your Own Business – Disturb Records
UN PEU D’HISTOIRE : Ca fait déjà bientôt dix ans que les Toulousains de Mampy sont apparus sur la scène ska française. On surveille depuis de près chacun de leurs mouvements, parce depuis la sortie de leur premier six titres en 2010, c’est toujours du bon et du gros son ska-jazz qu’ils nous fournissent, mais pas que, naviguant avec tout autant d’aisance dans le reggae ou le rocksteady. Leur premier album « Between Bass And Craddle » sorti en 2012 par Disturb Records est d’ailleurs fort justement chaleureusement accueilli par la critique, vos serviteurs en tête…
Le groupe a depuis changé de sax, multiplié les concerts furieux et enregistré en avril 2016 un nouvel album, qui sort ces jours ci, à nouveau chez Disturb Records, avec l’aide d’une grosse poignée de Kisskissbankers généreux, qu’on ne pourra que trop remercier d’avoir permis la sortie de cet excellent « Mind Your Own Business »…
LE DISQUE : Va t’en être objectif, toi, quand te tombe dans les oreilles un truc comme celui là! Bon, ok, j’y suis jamais vraiment, objectif, et, pour le coup, des sorties françaises de ce niveau se comptent malheureusement sur les doigts d’une seule main chaque année. On balance donc les scrupules, et on s’emballe!
Car dès ce bien nommé « Play The Boogie » d’intro, dans la pure tradition des classiques du grand Laurel, la classe des Mampy fait des siennes : rythmique au swing impeccable, rondeur de la contrebasse, solos classieux et arrangements grand style à l’image de ce piano vintage qui colle comme un gant au titre. Et si la voix de Benoit Roudel ne ferait surement pas se retourner un Garou du fond de son siège, on s’en fout bien car elle reste musicale et très appliquée, et les chœurs pêchus viennent parfaitement l’épauler.
Que dire alors de l’instru « Song For TSF » qui suit et qui pose sur une basse obsédante une ligne de cuivre impériale, soutenue par des riffs de guitare tranchants comme une guillotine à saucisson? Peut être juste ajouter que le titre s’envole à grands coup de saxo avec une fin en sourdine sur un trombone qu’on aurait aimé entendre terminer sa partie endiablée.
« Montuno bay » nous embringue direct aux Caraïbes avec sa mélodie gorgée de soleil : avec ce ska-jazz pur jus , orné d’un featuring virvoltant aux percus, les Toulousains sont dans leur zone de confort et nous font le coup du classique de chez classique.
Mais Mampy sait aussi nous surprendre avec le génialissime « Still Do The Reggae » où l’on jurerait retrouver les feus Court Jester Crew , vous conviendrez qu’on fait pire comme référence ! Ces mêmes voix sur le fil entre toast et chant, ce même groove du clavier, même feeling jazzy des cuivres, un hit comme on n’en fait plus ou presque, depuis le split des Teutons.
Si « Two Strokes » nous ramène plus proche du génome ska-jazz de la bande de la ville rose, il n’en reste pas moins résolument moderne. Sa ligne de cuivre originale balance comme jamais et on a encore le droit à une méchante compèt’ de solos qui fini sans vainqueur. Même le break tendance afro, pourtant loin d’être ma tasse de thé, passe ici plutôt comme une lampée de très vieux rhum.
L’instru funky reggae « Open Up Your Senses » aux variations très cool-jazz laissera peut être les moins sensibles au genre sur leur faim, mais c’est parfaitement interprété, la petite respiration zen de l’album, pendant laquelle on reste assis devant la classe des zicos.
Forcément, pas d’album de Mampy sans hommage au grand Ernest Ranglin, ce qui est fait magistralement sur le bonus track « For Ernie », un rocksteady bien funky dévolu à une guitare tout en prouesses, un véritable régal pour les oreilles…
Les grincheux qui voudront trouver un petit quelquechose à redire pourront, comme moi, trouver le refrain de « Mind Your Own Business » un poil feignant, limite folkorique, pour un titre dans son ensemble qui reste bien agréable… Les autres trouveront tout simplement l’album trop court!
Car avec ce skeud, à la prod impeccable et au son parfait, les Mampy, qui maitrisent aujourd’hui parfaitement leurs influences, s’installent confortablement en haut de l’affiche d’une scène française qui à grand besoin de ce genre de locomotive, et signent tout simplement un des plus beaux albums de l’année. Gageons qu’il reçoive l’accueil qu’il mérite
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Bronsky