RUDE BOY TRAIN’S CLASSICS – THE CIGARRES – Time Will Tell(2000-Burning Heart Records)
« Rude Boy Train’s Classics », c’est une série de chroniques d’albums qui ont marqué l’histoire du ska, du rocksteady ou du skinhead reggae. Standards objectifs reconnus par le monde entier ou chefs d’oeuvre personnels qui hantent nos jardins secrets, la rédac de Rude Boy Train vous fait découvrir ou redécouvrir ces albums majeurs qui méritent d’avoir une place de choix sur vos étagères ! Rendez-vous le premier vendredi de chaque mois…
UN PEU(BEAUCOUP) D’HISTOIRE: Pour une fois, on ne va pas vous gaver avec la bio de la classic du mois. En effet, on ne connait toujours pas grand-chose aujourd’hui sur ces Cigarres. Dans le creuset bouillonnant du Label Burning Heart, il y avait en cette fin des années 90, un paquet de groupes punk bien classes, mais aussi quelques hardis défenseurs du ska.
Les Suédois de The Cigarres, menés par l’ex guitariste des Bombshell Rocks Sami Korhonen, étaient de ceux là et sortent un premier EP, « Praise The Music », en 1999. Dès 2000, les neufs zicos passent au format long avec ce « Time Will Tell », toujours chez Burning Heart dans lequel ils nous offrent un cocktail parfaitement équilibré de ska plutôt jazz et de reggae aux productions modernes qui ne sont pas sans rappeler le travail des Teutons de Court Jester Crew. Ils splittent malheureusement trop tôt, tout en ayant auparavant remonté un groupe aux tendances beaucoup plus reggae roots, nommé Kings Music, mais qui ne fit guère plus long feu
LE DISQUE: Comme je l’ai dis en avant-propos, les Cigarres avaient du beaucoup écouté et aimé les productions des Allemands de Court Jester Crew. Dès le ryhtme ténébreux du reggae d’intro, c’est à eux qu’on pense direct. Ils partagent donc de toute évidence cet amour pour un ska-jazz mené tambour battant, comme sur ce « Good Over Evil » qui renverse tout sur son passage avec ses cuivres et ses chœurs parfaits. Même recette tout aussi efficace sur « Spread The World » au piano virevoltant ou sur un « Biggest Reward » qui dépote.
Mais se satisfaire de les comparer à cette inspiration évidente serait bien réducteur pour le coup, car la qualité des compos est ici largement à la hauteur. Pas manchots quand il s’agit de ralentir le rythme , les gars savent y faire en matière de reggae, avec l’excellent « We Nah Run » au phrasé quasi ragga, « This Freedom » encore plus roots avec sa rythmique bien posée, ou bien encore « Sunrise » aux cuivres délicieux.
Coté rocksteady, y’a du lourd aussi avec « The Rest Is Yet To Be Told » bien funky et ce « Queen Of My Life » inspiré où les gimmicks de la guitare piquent la vedette au reste de l’orchestre.
Et comme coté plus ska-trad, ça fait dans la grande classe avec par exemple ce « The Love Within » où cuivres et chœurs débarquent en grandes pompes avec un passage de traversière qui assure, ou bien encore ce « Memories » là encore de haut-vol avec son piano hyper jazzy, vous comprendrez qu’il n’y a pas grand-chose a jeter sur ce skeud.
Alors bien sûr, cette classic du mois de Mai se révèlera bien plus un souvenir instantané d’une belle surprise d’époque que d’un véritable incontournable. Pourtant, avec ses compos impeccables, parfois très inspirées, une production moderne et tirée a quatre épingles, digne des meilleurs et des arrangements nickels de chez nickels, blindés de percus et de nappes de cuivres, je vous assure un pur moment de régalade…
Le genre de truc qui, a coup sûr, mérite une oreille attentive de tout lecteur attentif de Rude Boy Train!
Bronsky