THE STEADY 45’S – Trouble In Paradise – Grover Records
UN PEU D’HISTOIRE : On avait été bien agréablement surpris l’année dernière par le niveau de du premier album « Greenleaf Special » des Steady 45’s, sorti avec l’appui du label de Chris Murray, Unstrictly Roots. Seuls les grands amateurs de vinyles avaient pu entrevoir leur potentiel à travers deux beaux premier 45 tours éditées par Steady Beat Recording, avec les doublettes «Long Time Coming »/« Pressure » dès 2013 et « Trouble In Paradise »/« Mama Said » en 2015.
Pourtant, malgré une moyenne d’âge à faire pâlir un président de la République Française, les zicos qui composent le groupe Californien ont déjà pas mal bourlingué sur la scène locale. Le surdoué et leader naturel Joseph Quinones a, par exemple, trempé avec les East Los Three qui accompagnait l’excellent Sammy Kay sur ces deux premiers opus, participé aux débuts de l’aventure Delirians et enregistre tranquillement des titres entre funk et reggae, sur lesquels il interprète tous les instruments, sous le nom de « Saucy Horn ». Il accompagne par ailleurs souvent, avec leur batteur Fritz Zar, Chris Murray quand il est en mode « Combo ».
Jusqu’alors plutôt cantonnés à écumer les quatre coins de la côte Ouest des US, voilà qu’on retrouve en ce mois d’Avril, ces Steady 45’s en tournée Européenne en compagnie des frangins des Delirians , avec sous le bras ce tout nouveau « Trouble In Paradise » édité par l’incontournable label Grover Records.
LE DISQUE : Si j’avais bien eu du mal à vous cacher mon débordant enthousiasme l’année dernière lors de la sortie de « Greenleaf Special », je crois que je vais me lâcher sur ce « Trouble In Paradise » car la galette en vaut carrément la chandelle.
Quand on commence un album par un ska du niveau de « Maria Julia », ébouriffant, avec son intro jazzy classieuse enchaînée avec un chorus de cuivre digne des meilleurs Studio One, le tout forcément blindé de solos impeccablement distillés, difficile de garder le sens de la mesure!
Quand ça enchaîne avec un « Anywhere But Here » au swing imparable d’une section rythmique bondissante, au refrain délicieux et aux chœurs parfaits, on ne se sent plus de joie.
Et puisque les garçons de L.A savent visiblement tout faire, ils enfoncent le clou avec « Valentine’ Day », un rocksteady comme on en fait plus ou presque, le genre de parfaite ritournelle saupoudrée de discrets arrangements de cuivres, avec sa dose de chœurs majestueux, sur lequel la voix de Joseph Quinones vient tranquillement vous prendre aux tripes sans plus jamais les lâcher, venant conclure un début de skeud pas loin du sans faute…
La sauce ne retombera jamais vraiment le long de ces seulement dix titres, format à l’ancienne… « Spare Change » est un instru rocksteady langoureux comme en pondaient Bobby Ellis ou Roland Alphonso à la grande époque, pendant que «Love Can Be » se la joue en mode rythm’n’blues léger, avec sa batterie a peine frappée et ses cuivres omniprésents mais discrets, tout juste soulignés quelques jolies notes d’harmonica… Cerise sur le gros gateau, des parties vocales encore au tip du top, une veritable caresse.
Retour en trombe du ska avec l’impeccable reprise de « I’Am In Love », un des titres les plus dansant des Techniques où les Californiens soutiennent avec aplomb la comparaison avec une des plus belles formation vocale de tous les temps, pas le genre de mince affaire…
Un second très bon rythm’n’blues, « Leave Me », aux traits plus appuyés, où le guitariste Joe Nieves reprend joliment le lead vocal, précède une paire de titres à tomber le cul par terre : « Get Her Back » qui fait encore dans la plus fine des dentelles niveau chant avec ses chœurs très soul et « Life Is Not A Dream », entre rocksteady et reggae, permet au multi-talents Joe Quinones une dernière démonstration de sa virtuosité vocale sur ce titre doux comme une goulée de Zacapa XO…
Le dernier instru rocksteady, « Trouble In Paradise », avec sa douce traversière, à défaut d’être transcendant, permet de se quitter sur une note agréable, une fin en pente douce en quelque-sorte.
Depuis un an, ces Steady 45’s font beaucoup parler d’eux, et ce ne sont pas les performances live de l’acabit de celles proposées en Europe récemment ou des albums de ce niveau qui risquent d’arrêter cette trainée de poudre… J’ai lu récemment sur la page d’un rude boy américain qu’il n’avait rien entendu d’aussi enthousiasmant depuis sa découverte d’Hepcat dans les 90’s… Si nous n’irons pas encore aujourd’hui jusqu’à les comparer à cette référence des temps modernes, on ne pourra que concéder qu’il s’affirment, avec ce « Trouble In Paradise » parfaitement composé, aux arrangements et à la prod’ délicieusement vintages, comme un des favoris pour leurs succéder dans les années qui viennent… En tous cas, de la came comme celle là, on en redemande !
Bronsky