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TOOTS AND THE MAYTALS – Got To Be Tough – Trojan Jamaica

Got to Be Tough: Toots and the Maytals, Toots and the Maytals: Amazon.fr: MusiqueUN PEU D’HISTOIRE: 1942 – 2020. On ne va pas vous faire une biographie exhaustive de FREDERICK « TOOTS » HIBBERT. Vous le connaissez tous. Au même titre que Laurel Aitken, Prince Buster ou Desmond Dekker, ce type est un monument de la musique jamaïcaine.

D’abord passé par le ska puis par le rocksteady avant d’exceller dans le reggae, Toots était au départ l’un des trois de THE MAYTALS, en tant que trio vocal (aux côtés de Henry « Raleigh » Gordon et Nathaniel « Jerry » Mathias), et ce n’est qu’à partir de l’album « Sweet and Dandy », en 1969, qu’on voit apparaître le nom de « Toots and The Maytals », semble-t-il à la demande de Chris Blackwell. Le disque est chargé de hits jusqu’à ras-bord, avec « Monkey Man, « Pressure Drop », « We Shall Overcome », « Sweet and Dandy », « 54-46, That’s my Number »…

C’est en 1968 qu’apparaît pour la première fois le mot « reggae » orthographié à l’ancienne sur le single « Do The Reggay » (Berverley’s Records).

Au fil des décennies et des formations, Toots et ses Maytals parcourent le monde et jouent avec les plus grands. On se souvient notamment de l’album « True Love » en 2004, sur lequel Toots invitait rien de moins que Jeff Beck, Eric Clapton, Manu Chao, Terry Hall, Shaggy, Keith Richard, Gwen Stephani, Ben Harper, Willie Nelson…

Si on compte les live, Toots and the Maytals aura sorti une trentaine d’albums en un demi-siècle de carrière. Le tout dernier, « Got To Be Tough », venait tout juste de sortir sur Trojan Jamaica.

L’ALBUM: J’avoue ne pas avoir suivi toute la carrière de Toots and The Maytals. Comme tout le monde, je connais les hits, en pagaille, notamment grâce au très copieux best-of de Trojan Records (« Sweet and Dandy »).

Mais de temps à autre, un album semblait émerger dans la carrière de ce légendaire chanteur jamaïcain. C’était le cas en 2004 de « True Love », probablement grâce à la mise en avant orchestrée par le label V2 et par la présence de prestigieux invités, et ce sera probablement le cas aussi de « Got To Be Tough », simplement parce qu’il met un point final à épopée mémorable.

A l’image de sa pochette, le disque reprend toutes les couleurs de la carrière de Toots and The Maytals. Du ska d’abord, plutôt posé en fin d’album, notamment avec la très énergique « Having A Party », absolument irrésistible, et surtout « Three Little bird », empruntée à Bob Marley, avec ici son fils le plus connu (Ziggy) en featuring de toute première bourre. Le titre est un tel standard que ça pouvait foutre la trouille à base de sarouel des djembés et d’espadrilles, mais il faut se rendre à l’évidence : en y mettant l’énergie et la vitesse du ska, Toots a réussit à en faire une réussite totale.

De reggae il est question ici un peu partout, un peu tout le temps, avec à mon avis un climax autour de « Stand Accused », dense, puissamment interprétée par un Toots Hibbert vocalement toujours aussi à l’aise, avec derrière une orchestration assez gigantesque. Et puis forcément, cette imparable chanson-tire qu’est « Got To Be Tough », à mon avis l’un des très grands morceaux de Toots and The Maytals, superbement ponctué par un son de clavier ou des solos de guitare encore plus classes qu’un polo Fred Perry porté par Pauline Black. De toute beauté.

Et puis il y a cette entame d’une grande habileté, avec « Drop Off Head » aux relents bluesy, qui monte en intensité à mesure qu’elle se déploie. C’est sec, c’est moite, ça sent le bayou et c’est intense comme un front kick de George St-Pierre. Et forcément avec Toots, il y a souvent ces relents funk, parfaitement représentés ici par « Just Brutal » aux faux airs de « Funky Kingston »,  et avec « Struggle », qui ferme le bal avec style, on se rapproche du reggae got soul qui a contribué à faire sa légende.

Légende. C’est bien d’une légende dont on parle ici. Frederick « Toots » Hibbert vient de nous quitter, mais le bougre a pensé à nous laisser un bien belle pépite avant de tirer sa révérence. Alors on s’incline, et on applaudit des deux mains.

Vince

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