Rude Boy Train

DR WOGGLE AND THE RADIO – WEINHEIM CITY LIVE – ROCKING RECORDS

UN PEU D’HISTOIRE : DR WOGGLE AND THE RADIO, c’est un groupe allemand de Weinheim (dans l’ouest), qui pratique un mélange de ska, de rocksteady et de reggae. Le groupe commence sa carrière à la fin des années 90 et participe en 99 à la compile « Skannibal Party » de Mad Butcher Records. Ils tournent pas mal et enregistrent en 2001 leur premier album, « Suitable » pour Elmo Records, la division de Grover qui s’occupe des groupes qui démarrent. Dr Woggle and The Radio joue en Allemagne avec les Busters, et s’arrête à plusieurs reprises en France, notamment au Dance Ska La rennais en 2002. L’année suivante, Grover sort leur second opus, « Bigger Is Though », un peu plus reggae. Le groupe est présent sur plusieurs compilations la même année, mais on les voit moins sur les scènes françaises.

Il faudra attendre quatre ans qu’apparaisse leur troisième album, « Rockers ! » sur Skycap. Le disque est assez mal distribué (un scandale à l’heure d’internet !), et on perd un peu la trace du groupe, qu’on imagine en longue hibernation.

Mais à l’été 2012 arrive une bonne nouvelle : Dr Woggle and The Radio sort un live à la rentrée. Cool, et si on sabrait le Champagne ?

LE DISQUE : Depuis que j’ai découvert Dr Woggle and The Radio en 2002 à Trèves (l’avantage d’habiter près des frontières) en première partie des Busters, je suis tombé sous le charme. Ce soir-là, j’avais dépensé mes derniers deutsche marks pour acheter « Suitable », un album de jeunes aux allures de tauliers de la scène jamaïcaine. Depuis, je n’ai jamais lâché ce groupe que je considère comme scandaleusement sous-estimé (leurs deux albums suivants sont à mon avis des quasi chef d’œuvre qu’il n’est pas trop tard pour découvrir).

Disons-le d’emblée, ce « Weinheim City Live » est de bien belle facture. Mais j’y vois quand même un défaut majeur : Pourquoi ne contient-il que 14 titres ? Franchement, quand on sort un live, c’est pour balancer au minimum 20 morceaux, histoire de balayer la carrière du groupe en long, en large et en travers. Mais on sent, on présent, on imagine, que tous les titres enregistrés à Weinheim ce soir-là n’étaient pas exploitables. On sent d’ailleurs entre les chansons des coupures un peu sèches, des à-coups, et le disque manque parfois de fluidité.

Mais il en faudra plus que ça pour gâcher notre plaisir. Car le groupe a décidé de faire mentir Joe Strummer qui disait que « faire un live, c’est se répéter », et il a parsemé le disque de reprises particulièrement bienvenues. On retrouve notamment en milieu d’album, une magnifique triplette composée de « Man in The Street » (Don Drummond), c’est pas d’une originalité folle mais c’est bien interprété, de « Keep Me Hangin’ On » des Supremes très classe, et d’un des plus grands morceaux d’Hepcat, « No Worries », que le groupe s’approprie vraiment bien sans rien dénaturer et avec un panache certain. Bon vous allez me dire qu’avec des originaux de ce niveau-là la prise de risque est minimale, et vous aurez sans doute raison, mais quand on fait des covers on peut aussi être côté de la plaque ou de n’être absolument pas à la hauteur (j’ai déjà vu ça). Hepcat par exemple, c’est un peu la statue du Commandeur dans le monde du ska. Et bien là les gaillards s’en sortent plus qu’avec les honneurs.

Le reste du disque est évidemment composé des standards du groupe, et on regrettera quelques absents de la tracklist comme « Never Ride A Camel », « Ten Nine Eight Seven Six », « Barber Shop Girl » ou  l’extraordinaire « All The Time », mais on se rattrape sans trop de problèmes avec « Solution » ou avec « Mount Zion » qui rappelle de bien bons souvenirs de concerts avec de la sueur sous les bras.

Et puis le groupe a encore quelques reprises à nous balancer à la face, comme cette version de « When I Fall In Love », popularisée en son temps par Doris Day (mais immortalisée par Ken Boothe ou Doreen Shaffer), et bien sûr dès l’entame une excellente interprétation du thème principal de Kill Bill tous cuivres en avant, et juste derrière une cover de « Old Rockin’ Chair », l’incontournable morceau de Jackie Opel tellement bien balancé ici que ça nous fait regretter de ne pas avoir été présent ce soir-là au milieu de la foule en délire.

Voici donc un excellent album live qui confirme tout le bien qu’il faut penser de ce groupe trop rare qu’on espère voir retourner en studio à l’occasion, pour compléter son œuvre qui compte déjà pas mal de pépites qui des années après n’ont toujours pas fini de briller.

Vince

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