SANTIAGO DOWNBEAT – Santiago Downbeat – Autoprod
UN PEU D’HISTOIRE: SANTIAGO DOWNBEAT, c’est comme son nom l’indique un groupe de Santiago au Chili qui joue du ska-jazz à treize, rien que ça (et avec sept cuivres !). A croire que les voisins de Dancing Mood leur ont filé le virus. Le combo existe depuis 2008 et a très peu joué hors de son pays, à part un peu en Argentine, où il a justement enregistré son premier album sorti fin 2012. Il le décrit comme un disque inspiré par les anciens, de Baba Brooks aux Skatalites, en passant le jazz de Dizzie Gillespie.
LE DISQUE: Et hop, encore un groupe qui reprend du Skatalites ! Bon un petit peu seulement, un titre voire deux, pas plus, et c’est très bien comme ça. Le grand orchestre chilien nous aura donc fait un peu patienter, mais le voici le voilà ce premier album, et franchement, ça valait la peine d’attendre !
La pochette déjà, très fifties, est parfaitement réussie et met toute suite dans l’ambiance : Santiago Downbeat envoie du son vintage à l’ancienne !
Ça démarre assez fort sur une cover de Byron Lee and The Dragonaires, « Frankenstein Ska », avec un solo de sax à rallonge très jazz qui part un peu dans tous les sens (c’est pas ce que je préfère), mais c’est musicalement parfaitement maîtrisé et les dernières mesures sont assez époustouflantes. Le titre suivant, « Skalloween », que j’aurai juré emprunté aux Skatalites (mais qui est ici porté au crédit de Joe Ferry), et qu’on peut souvent entendre ça et là, notamment lors de shows du New York Ska Jazz Ensemble, arrive avec toute sa pêche et continue de faire monter la température.
Mais on prend réellement la mesure du talent de Santiago Downbeat quand Nati, la chanteuse, se met à donner la voix. Ça donne par exemple « Y ahora tu me miras », qui semble nous trimbaler à la coule dans les rues de la capitale chilienne, avec du linge aux balcons et des vieilles voitures américaines sur les trottoirs. « Melodia Sublime » (qui porte bien son nom), est une superbe balade instrumentale sud-américaine entre jazz, ska et cha cha cha, très cinématographique (on se croirait dans un film avec Bogart) et sensuelle, fine et ponctué par armée de cuivres au son clair. Et le groupe de continuer avec des reprises, du jazzman américain Horace Silver (« Nutville ») et repassant par The Skatalites avec « Fidel Castro », qui n’est pas leur titre le plus connu, et ça ça fait plaisir. On passera par contre un peu plus rapidement sur « Nuevo Beat », un titre barré un brin pénible et presque expérimental avec ses arrangements entre easy-listening et free jazz (ou presque).
On pourrait alors se plaindre d’avoir trop affaire à des instrumentaux et de ne pas assez entendre la voix de velour de la chanteuse, mais c’était sans compter sur « Prendre Una Mechita », mais surtout sur deux versions du même standard d’Alton Ellis, « I’m still in love with you » (créditée sur le cd à un certain Constantine Cleveland Brown ?!). La première est classique, et la voix de Nati remplace à merveille celle d’Hortense (Hortense Ellis, la petite soeur d’Alton qui a elle-aussi interprété le titre) mais c’est surtout avec le secondre, qui clôt le disque avec style et que le groupe qualifie d’ « Aggro-Reggae version » qu’on atteint des sommets : Le morceau plus rapide que sa version rocksteady, on sent les doigt qui sautillent sur le clavier comme si c’était du Roger Rivas, la rythmique est métronomique, la mélodie de cuivres juste hallucinante de beauté, et la voix ma parole la voix !
Pour un premier album, c’est un putain d’album ! On regrettera seulement que Santiago Downbeat soit un groupe de Santiago plutôt que de Londres, de Rome ou d’Amsterdam, parce que pour les voir sur scène, ça risque malheureusement de nous coûter un bras (et le prix d’un billet d’avion).
Vince
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