Boss Capone – Another 15 Dance Floor Shakers By… – Grover Records/Excelsior
UN PEU D’HISTOIRE : C’est au début de l’année 2013 que l’on a entendu parler de BOSS CAPONE pour la première fois au hasard d’une page facebook fraichement mise en ligne. Boss Capone se présentait alors ainsi : « New Skinhead Reggae Sensation from Harlem », et annonçait la sortie d’un premier album pour l’été. On imaginait donc un nouveau groupe new-yorkais, et on se disait que pour être capable de publier un disque aussi vite, il devait forcément être composé de musiciens bien connus de la scène locale (Vic Ruggiero ? Agent Jay ? …). Sauf que non. On avait en fait affaire à un petit plaisantin qui avait à dessein orthographié « Harlem », quartier de Manhattan, en lieu et place de » Haarlem », petite ville des Pays-Bas.
Le comique de service se cachant derrière le sobriquet de Boss Capone était en fait Boss Van Trigt, incontournable frontman des non moins incontournable Upsessions, combo skinhead reggae/ska batave omniprésent en Europe depuis quelques années. Boss Capone est donc composé de Boss Van Trigt au chant et au clavier, Boris Manintveld (The Upsessions) à la batterie, Loek Hauwert (Mr.Review, Mark Foggo) à la basse, et Johan Steevens (Mr. Review, Beatbusters) à la guitare. Le premier opus du combo 100 % skinhead reggae, « Another 15 Dance Floor Shakers By Boss Capone », est sorti fin juin 2013 sur Grover et sur Excelsior Records, après la publication mi-juin d’un 45 tours sur le label rennais Jewels Recordings.
LE DISQUE : Ça y est il est là, le premier album de Boss Capone. Déjà diront certains. Car tout cela a été vite, très vite, trop vite peut-être. Car dès les premières écoutes de « Another 15 Dance Floor Shakers By… », on se dit qu’il manque quelque-chose pour que la mayonnaise prenne tout à fait. Et ce quelque-chose, c’est la variété. Pas celle de Didier Barvelivien, Patrick Fiori ou Jean-Pierre Mader, non, celle qui fait que tous les titres ne se ressemblent pas et que le groupe, ou l’artiste, a un son personnel à proposer. Vous allez me dire que le son personnel, dérivé de The Upsessions, Boss Capone le propose. C’est assez vrai, comme il est assez juste aussi de considérer que ce son est monotone.
L’album démarre pourtant avec brio, et « River Of Tear » (l’une des meilleures du disque), comme « Dog And Bone », constituent de bien belles entrées en matière. Y a pas à dire, c’est du skinhead reggae ! Les sifflements de clavier sont omniprésents, et la rythmique est aussi trainante que métronomique. Côté zicos, Boss Van Trigt a su s’entourer de compétences indiscutables, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça tourne bien comme il faut avec en plus çà et là des petits choeurs façon Maytals plutôt bien amenés.
Mais si ça tourne, c’est parfois un peu en rond, et Boss Capone se prend donc de temps en temps les pieds de le tapis du skinhead reggae répétitif. Ecoutez par exemple « I’m The Law », un instru plutôt pas mal interprété, suivi de près par « Little Reggae Girl » puis un peu plus loin par « Get A Grind », et vous constaterez comme moi que l’ennui n’est pas très loin. Car on a à peu près toujours affaire à une boucle rythmique simple qui telle un ruban de Moëbius n’en finit plus de tourner, encore et toujours, et sur laquelle les musiciens viennent apporter quelques variations avec, je veux bien le reconnaître, un certain sens du vintage. Les amateurs d’easy-listening ou de musique d’ascenseur façon COGIP/Message à caractère informatif, seront probablement comblés. Mais moi désolé, je préfère le côté soulfool ou bien redneck d’un Bullets, d’un Beatdown ou d’un Aggrolites.
Côté inspirations, il est évident que Boss Van Trigt a dû pas mal écouter le « Return Of Django » enregistré il y a très très longtemps par The Upsetters et ce maboul de Lee Perry, et côté champ lexical, l’imagerie western est omniprésente, de « Colt 45 » à « I’m The Law », en passant par « Billy The Kid VS Dracula » (franchement ennuyeuse) qui rappelleront à notre souvenir le célèbre « Jesse James » de Laurel Aitken. On retrouvera aussi des références aux films de gangsters, avec « Boss Capone » évidemment et avec « Who’s The Boss », et si le « Al Capone » de Prince Buster est dans tous les esprits, c’est surtout à Dennis Alcapone qu’on pensera, même si le son de Boss Capone est plus sec, moins chaud, moins rond et moins moite que celui du DJ/producteur de Kingston.
Mais ne chargeons pas trop la mule, car ce premier album, s’il n’est pas sans céder à une certaine facilité, renferme aussi quelques très bons moments de reggae à bretelles, notamment ceux que l’on retrouve sur le 45 tours de Jewels (j’aime beaucoup la mélodie de clavier de « Do The Fatwalk »), ou des petites choses bien sympathiques comme « Pussy Corner » qui auraient pu sans problème se trouver sur un disque de The Upsessions.
Malgré les réserves dont j’ai fait part dans les lignes précédentes, Boss Capone est un projet à soutenir, et surtout à découvrir en live, car quand Boss Van Trigt se met en survet’, en général, c’est pour foutre le feu au dancefloor.
Vince