Rude Boy Train

BOSS CAPONE – ’69 Reggae Bonanza – Grover Records

UN PEU D’HISTOIRE: BOSS CAPONE, c’est l’autre groupe de Boss Van Trigt, incontournable frontman des incontournables Upsessions venus des Pays-Bas. Le combo est une formation réduite en quatuor (guitare, basse, batterie, clavier/chant), dans laquelle on retrouve des gars qui sont passés par Mr Review, Beatbusters ou Mark Foggo Skasters, et qui a commencé à faire parler d’elle en 2013 avec un premier album sur Grover Records (et sur Excelsior), «Another 15 Dancefloor Shakers By Boss Capone ».

Des concerts ici ou là, un nouvel album avec The Upsessions, et voilà que le Boss emmène à nouveau sa troupe en studio pour enregistrer sur du vieux matos et dans des conditions vintage ce « ’69 Reggae Bonanza », un deuxième album aussi skinhead reggae que son prédécesseur, qui vient tout juste de sortir sur cette maison allemande de qualité qu’est Grover Records.

LE DISQUE : Tu ne jures que par le ska qui court vite, avec des tchiguidup et des cuivres qui font pouet  pouet ? Passe ton chemin, car il n’y a pas grand chose pour toi par ici. Boss Capone, c’est 100 % early reggae ou presque, et le ska, le grand Boss Van Trigt le garde pour The Upsessions (qui fait certes aussi beaucoup dans le skinhead reggae).

Le premier titre, « Capone come strike (Reggae Time) », donne bien le ton: la rythmique est aussi traînante que métronomique, et l’ensemble, joué à quatre, est évidemment assez minimaliste. Mais c’est justement ça qui est intéressant avec ce type de format : tirer le meilleur parti d’une formation réduite, et réussir avec des moyen limités à faire sortir des amplis quelque-chose de finalement assez riche. De l’avantage des contraintes donc, comme lorsque Pérec écrivait La Disparition.

« Tight spot », un peu plus chaude, continue dans le même registre, avec beaucoup de feeling, et juste derrière, « Mr Jones’ teahouse (Oh What A Calamity) » y va de ses choeurs à la Toots and The Maytals, et comme je l’expliquais à l’occasion de leur récent concert au Solid’Air Fest, les choeurs, très présents, sont l’une des marques de fabrique du groupe batave, sorte de marqueur qui fait que dès que le disque démarre, on sait que c’est du Boss Capone, et pas du Los Aggrotones.

Boss Capone, ici ou là, se laisse aller à sortir de la stricte voie du skinhead reggae pour faire dans le rocksteady chaloupé, notamment sur la très belle « Cinderella », et même si la voix du Boss, pas forcément extraordinaire, est à mille lieues de celle d’une Phyllis Dillon ou d’une Dawn Penn, elle fait plus que bien l’affaire et le tour de passe passe est réussi. Même qu’on doit se faire violence pour ne pas laisser son derrière s’agiter. Mention spéciale au superbe solo de guitare aux accents carribéens, clair comme de l’eau de roche.

Le reste du skeud est à l’avenant, très qualitatif, avec toujours un vrai respect de la tradition, entre références western et gangster à la pelle (« Rudeboy Galore », « Capone come Strike », Tommygun Reggae », Boss Capone’s ’69 Reggae Bonanza…), voire même érotiques (« Eat My Candy Sweet »), et ce qui constitue à mon avis une saillie majeure sur laquelle il faut insister : « Jesse Fox (Virginia City) ». A part quelques onomatopées, c’est un instrumental de toute première bourre, la mélodie de clavier est irrésistible, les riffs de guitare sont profonds et le beat toujours impeccable. Ajoutez à ça une pochette assez magnifique, et vous comprendrez qu’avec ce deuxième album indispensable, Boss Capone a encore monté le niveau d’un cran.

Vince

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