BROOKLYN ATTRACTORS – The Move – Jump Up ! Records
UN PEU D’HISTOIRE : BROOKLYN ATTRACTORS en 2016, c’est toujours un peu la crème de la crème de la grosse pomme avec Rich Graiko à la trompette, Buford O’Sullivan au trombone, Larry McDonald aux percus, Eddie Ocampo à la batterie et tout le toutim, donc autant vous dire que c’est pas tout à fait des comique ni des petits joueurs.
Ceux qui avaient eu l’occasion d’écouter leur premier album il y a près de trois ans (« Good Evil Alchemy ») savent que cette équipe-là sait jouer bien comme il faut,ce que confirme ce second opus intitulé « The Move » tout récemment édité par l’incontournable maison du midwest Jump Up ! Records.
Par contre les gars, faudra penser à faire des tournées de temps en temps…
LE DISQUE : Plus long qu’un Ep, plus court qu’un album, les Brooklyn Attractors se limitent à huit morceaux pour ce deuxième opus, c’est peu, et les amateurs de son qui bute et qui ne jurent que par Operation Ivy pourront passer leur chemin, car du côté de Brooklyn, on aime quand ça sonne sixties, quand c’est à la limite du ska jazz et que c’est gorgés de cadences rocksteady ou reggae. D’une certaine manière avec leur son ouaté, on pourrait considérer que les Brooklyn Attractors sont un peu à l’Amérique ce que les Senior Allstars sont à l’Allemagne, avec les qualités, mais aussi avec les défauts.
Les défauts pour moi sont toujours à chercher du même côté, dans des morceaux trop calmes, trop longs diront certains, qui parfois seraient à la limite de provoquer l’ennui. C’est ce qu’on pourra reprocher à « The British Are Coming » si on est très sévère, car c’est vrai qu’en skinhead reggae on a déjà entendu des choses plus pêchues. Malgré son titre, le morceau n’a rien avec le « Russians Are Coming » de Val Bennett d’après Dave Brubeck, même si dans le tempo à la cool on arrivera forcément à trouver des similitudes. Derrière, « Bloodlines » n’est pas vraiment plus violente, mais elle dégage une incontestable atmosphère de fin du monde qui à force d’écoutes finit par nous envoûter, et par nous emporter. « Classism » la bien nommée continue dans le trip lounge/easy listening sur plus de cinq minutes, et on préférera largement le déhanchement doucement rocksteady de « Distraction » et son impeccable mélodie de cuivres.
Et quand le groupe repart sur du ska, ça donne « Road Dog », assez géniale, avec des cuivres impeccables et une guitare qui sait poser les notes qui font mouche juste quand on les espère, à défaut de les attendre, car le combo new-yorkais sait aussi ménager quelques petits effets de surprise. Le début du disque est lui assez bien fichu avec la très réussie « Black Beans and Rice » toujours calme mais avec un énorme feeling, suivie de près par « Hangin With Girl », l’un des autres moments forts du disque, toujours en mode instrumental (pas une seule chanson) et avec cette fois une certaine gaieté et notamment un solo de trompette de toute première bourre.
Et le disque de se terminer sur « The State Of Things », boucle rythmique hypnotisante sur laquelle vient se poser la section cuivres comme dans une cérémonie vaudou, ou dans une tentative de charmer un serpent pratiquée sur une place du vieux Jaipur.
On sort de là avec la tête dans les nuages et les idées embrumées comme si on avait consommé un peu trop d’absinthe, et avec le sentiment d’avoir écouté un disque d’une grande cohérence qui refuse pourtant de se laisser cueillir à la première écoute. Le trip est agréable, encore faut-il oser réellement lâcher prise et se livrer sans retenue…
Vince