CAZ GARDINER & THE BADASONICS – S/T – Badasonic Records
UN PEU D’HISTOIRE : On n’en peut plus de vous dire du bien de Caz Gardiner depuis des lustres ici chez Rude Boy Train ! Il faut dire que l’ex-chanteuse du groupe ska Checkered Cabs et du plus soul The Ambitions nous en fout plein la vue depuis quelques années, avec ses excellentes sorties accompagnée par les Day Laborers du Granadians Teddy Garcia, nous offrant un superbe album éponyme en 2013, puis en solo mais toujours accompagnée par une partie de la même bande pour un « It’s Allright » à l’avenant sorti lui en 2017 chez Mount Grove…
Nous ne nous sentions plus de joie lorsque nous avions appris qu’elle s’acoquinait avec les Badasonics, nouveau studio band de Nico Leonard composé d’ex-Caroloregians et Moon Invaders, surtout qu’ils avaient bien fait monter la sauce avec un premier EP digital 4 titres avec le formidable « Wheel Of Life », entre autres, dessus, puis un premier 45t en guise de première sortie physique du label Badasonics Records au printemps avec deux titres non moins fameux, « Never Gonna Let » et « Tic Tac Toe» qui nous avaient méchamment ouvert l’appétit.
C’est donc avec la langue pendante que nous attendions ce premier LP, sobrement nommé Caz Gardiner & The Badasonics, sortit depuis vendredi dernier chez Badasonics Records, forcément, et dont nous allons donc ici tenter, la tête froide, de vous décrire l’incommensurable beauté.
LE DISQUE : On est quand même sacrément gâtés en ce moment niveau voix féminines, entre le premier LP de The Fuss impeccable, le formidable « Yellow Flower » de Janet Kumah et maintenant ce « Caz Gardiner & The Badasonics » !
Quel panard de retrouver les Badasonics sur LP, pied d’autant mieux pris que c’est pour backer une chanteuse du niveau de Caz Gardiner, dont on adore la voix au timbre assez singulier… Ce premier opus nous propose donc 12 titres au groove infectieux, finalement beaucoup plus soul, voire early-funk, si quelqu’un voit ce que je veux dire, que purement reggae.
Et comme pour confirmer mes dires, l’album s’ouvre sur un classique soul instantané qu’on croirait tout droit sorti des studios Daptone tant c’est fameux et finement arrangé à la sauce vintage. Ce n’est d’ailleurs pas la seule occasion que nous aurons de comparer l’écurie de Charleroi à celle de Brooklyn, et faut bien avouer que la petite Caz Gardiner et ses Badasonics semblent bel et bien avoir les épaules assez larges pour soutenir la comparaison. On est par exemple transpercés par la beauté sombre de « Be Good », qui, quoique plutôt d’obédience reggae, reste en permanence sur le fil entre toutes les influences sus-citées, avec une maestria indéniable.
Si la suite est du déjà entendu sur l’EP sorti l’année dernière, quand c’est une tuerie du genre de « Never Gonna Let », on en redemande sans compter ! Le rocksteady, aux claviers subtils, voit ses refrains réhaussés d’une savoureuse sauce soul, jamais bien loin, dont vous direz des nouvelles. C’est propre, net et sans bavure !
Derrière ça, « Go Back » fait dans le funk de haut-vol, légèrement teinté de reggae et les Badasonics déroulent un groove rond comme une queue de pelle, du genre qui te ferais ressortir tes pattes d’eph’ et tes semelles compensées comme un rien… Un régal pour Caz qui envoie grave sur ce gimmick génialissime. La recette de « Wheel Of Life » est quasiment la même et tout aussi fumante : Le rythme y est toutefois plus cool et le son suinte le Pum Pum Hotel et les cuivres des Moon à plein nez, et ça, ça n’a pas de prix !
« With You », sur lequel Caz la joue façon soul, aussi soyeuse qu’un pull d’Adjani lavé avec Woolite, juste parfaitement soulignée d’une guitare bluesy cinglante, précède une version carrément infernale de « Feel Like Jumping», funky en diable, suivi d’un « I’M Dancing Too » aussi sexy qu’un bon vieux James Brown en goguette.
Si « Tic Tac Toe », grosse régalade déjà croisée sur le premier 7’ paru début d’année, fait dans le rocksteady, il est toujours habité d’un voluptueux esprit soul décidemment partout ici… et putain, ces cuivres, quelle merveille !
Avec « The Hard Way » le groupe nous balance un funk hypnotique à la rythmique diabolique sur lequel apparaissent subrepticement, tel un fantôme, les voix des frangins Hardisson qui nous rappellent cruellement à quel point ils nous manquent…
Rien à dire sur la cover de « Pieces Of My Heart », somptueuse avec ses chœurs majestueux dignes des meilleurs prod 60’s, qu’elles soient venues de Détroit ou de Kingston.
Tout ça se termine en apothéose avec « The Train » qui fait dans la soul 100% pur jus, qui revient sans le moindre scrupule piétiner les plates-bandes des Dap-Kings avec un talent à la hauteur de la référence.
Avec ce skeud vraiment sensationnel, les associés du moment font coup double : Caz Gardiner confirme qu’elle est une des plus fantastiques voix de la scène soul et reggae du moment pendant que les Badasonics s’imposent comme un des tous meilleurs studio band actuel, capable d’assurer dans tous les registres de la musique 60’s et qui, on l’espère tous, profitera à d’autres à l’avenir !
Bronsky