Rude Boy Train

CRAZY BALDHEAD – The Stereo Prophecy & Electric Hymns – Autoprod/Big Tunes

UN PEU D’HISTO9548c9844d6a9709f4f6634e485b8021IRE : Crazy Baldhead, c’est avant tout l’aventure d’un homme, et pas n’importe lequel, j’ai nommé Jayson Nugent, guitariste-producteur incontournable de la scène US depuis plus de vingt ans. Le Monsieur, après avoir fait ses premières armes au sein du groupe Agent 99, souvent guitariste aux cotés de King Django, participera tout naturellement à l’aventure Stubborn All-Stars, avant de rejoindre à temps plein les Slackers il y a plus de dix ans. Parallèlement, il écrit et produit, accompagné par nombre de ses talentueux amis, pas mal de titres dont on trouve les premières traces physiques seulement en 2003 avec la sortie d’un maxi 10’’ où figurent « Long Road » et « California », deux titres très reggae chantés par Vic Ruggiero.

En 2004, l’ensemble de ces premiers titres et quelques uns plus récents sont compilés sur CD par Stubborn Records. L’album, nommé « Crazy Baldhead : Has A Posse 1997-2004 », pose le son de celui qu’on surnomme Agent Jay, avec des variations allant d’un dub un poil électro à de l’early tout aux claviers avec l’énorme « Eye Jammy », en passant même par du dancehall, parfaitement accompagné par Rocker T, sur « Cooking Season ».

Accaparé par des Slackers en pleine bourre (trois albums en trois ans !), ce n’est qu’en 2008 que le « crâne chauve fou » repointe son nez avec un LP nommé « The Sound Of 69 » aux influences toujours   éclectiques, composé essentiellement de reprises de standards pop de 1969, évidement.  Bucket des Toasters avec la  reprise de « Victoria » des Kinks ou encore Glen Pine pour un  « Monkey Man » version Stones, carrément explosif,  y font des merveilles.

L’activité des Slackers ne freinant jamais, la suite des aventures,  nommée « Boots Embrace » ne verra  le jour qu’en 2013, avec au chant sur de nombreux titres le regretté Dan « Brukky » Klein, notamment sur  l’excellent « There’s something ». Jump Up Records sortira l’année suivante une version dub de ce même disque.

Nous vous annoncions en ce début d’année le retour discographique du  Crazy Baldhead  avec le lancement d’une campagne de financement chez Big Tunes pour ce «The Stereo Prophecy & Electric Hymns ».  A vous dire vrai, il est déjà sorti en version numérique depuis Juillet, dans une relative  discrétion, mais ce n’est que ces derniers jours que les versions LP et Cd sont dispersées aux quatre coins du monde. Cette review arrive donc a point nommé !

L’ALBUM : Attention à la nouvelle bombe du  Crazy Baldhead ! Car d’entrée, avec ce  “Do They Owe Us A Living”, reprise de Crass en mode reggae bien sale aux influences très Clashiennes, Jay et ses potes tapent direct à l’estomac, pour pas dire dans la gueule. Un véritable pain, oui, avec sa rythmique brutale au piano hypnotique, ses riffs électriques sauvages et des paroles comme crachés par Joey Steel et STZA de Chocking Victim.

La voix suave de Maddie Ruthless vient à point pour nous relever  du K.O. : « Come To Me » est une merveille de reggae, parfait équilibre entre roots et modernité, on pense aux Skints ou évidement aux prods de Prince Fatty pour Hollie Cook. C’est arrangé aux petits oignons, gavé de percus et de cuivres qui viennent discrètement souligner un gimmick de guitare limpide comme de l’eau de roche et soutenir un solo final magistral…

Car c’est évidement toute la place de la guitare qui fait ici la différence avec la plupart de ce que l’on peut se mettre dans les oreilles le reste de l’année. Nouvel exemple criant avec  le rocksteady  « Long Time Lover » forcément parfaitement interprété par un Jesse Wagner des grands soirs, bien épaulé par des chœurs trois étoiles, où cette  guitare purement vintage vient relever le goût d’un titre qui sans elle pourrait sembler  assez scolaire.

On passera  encore ici par toutes les influences habituelles des albums du  Crazy Balhead» : Rub a Dub à l’ancienne  sur « Weeknight Girl » joliment enlevé par un Todd Fausnacht, le chanteur des Snails, surprenant, ou  early reggae aux sonorités orientales somptueux sur « Shirin » ou Dan Klein nous offre une nouvelle occasion de le regretter.

Sur les titres à l’orientation ouvertement pop, comme « Hot Mess », cool comme une virée en Harley sur la côte ouest,  ou bien « Art School Girl », qui aurait collé comme un gant à un Bowie, tous deux impeccablement interprétés par la paire Maddie Ruthless/Todd Fausnacht, on prend la mesure de l’influence que peut avoir aujourd’hui Jay Nugent sur  les Slackers, tant ces deux titres ne dépareilleraient pas sur leur dernier opus… Deux beaux exemples du savoir faire du bonhomme toujours parfaitement en équilibre entre reggae et rock…

Et si la fin de l’album s’avère beaucoup plus traditionnelle, ça reste du top niveau, entre un instru, « Jackin’ Mittoo », au groove caribéen parfait,où les fidèles Vic Ruggiero au clavier, Bufford O’Sullivan au trombone  et Dave Hillyard au sax paient leur tournée, et cette perle de rocksteady qu’est « Part Of This Circle » interprétée tout en finesse par Obi Fernandez , aux lignes de guitare lascives et planantes.

En mettant tout ce beau linge à l’unisson au service de ce « The Stereo Prophecy And Electric Hymns », Jay Nugent fait donc un retour tonitruant et confirme de manière éclatante qu’il est aujourd’hui bien plus que le guitariste des Slackers: tout simplement un des artistes majeurs de la scène ska et reggae mondiale.

Bronsky.

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