Dave Hillyard – California – Autoprod
UN PEU D’HISTOIRE: On connait avant tout DAVE HILLYARD comme saxophoniste des Slackers, son groupe principal. Mais le gars originaire de San Diego a aussi été membre de The Donkey Show, Hepcat (sur le premier album), The Stubborn All-Stars et évidemment, Dave Hillyard & The Rocksteady Seven, l’autre combo auquel il consacre pas mal de temps depuis vingt ans déjà.
Entre le dernier opus de ces derniers et des enregistrements pour The Slackers (en plus de quelques featurings ou productions), Dave Hillyard a pourtant trouvé le moyen de mener à bien un projet qui lui tenait à coeur depuis pas mal d’années, CALIFORNIA, un album où entouré d’un tas de potes il revisite sa vie californienne, de son enfance à ses années de jeune adulte passionné de musique jamaïcaine.
On retrouve sur ce disque produit grâce à une campagne Big Tunes (et distribué au Japon par Ska In The World Records), des musiciens aussi prestigieux que Vic Ruggiero et Glen Pine (Slackers), Larry Mc Donald (Rocksteady 7), Greg Lee, Alex Desert et Kinkaid Smith (Hepcat), Jesse Wagner (Aggrolites), Brian Dixon (Thee Hurricanes, Western Standard Time…), Rick Graiko (Westbound Train), Buford O’Sullivan (Scofflaws) et encore toute une équipe de fines gâchettes. C’est ce qu’on appelle un vrai, un pur all-stars band.
Le disque est disponible depuis mai 2013 en version digitale, le CD depuis juin, et le vinyle qui se font attendre devraient être disponible dans les jours qui viennent.
LE DISQUE: Les deux premiers extraits de « California » qui avaient fuité laissaient présager du bon, du très bon même. Il faut dire qu’avec « Fortunate One », pépite de discrétion et de finesse avec la voix juste magnifique de Devin Morrison (The Expanders), on ne pouvait qu’applaudir des deux mains, et avec « Guilty » juste après, interprétée par les deux gars d’Hepcat qui chantent comme des dieux, on ne pouvait qu’être comblés par la puissance de cette ska song de très haute volée. Et même que dès l’entame avec « Won’t Back Down » (repris à Tom Petty), pur early reggae avec Jesse « Aggro » Wagner au chant, des choeurs qui vont bien et un sifflement de trompette aussi discret qu’efficace dans le genre à la fois classe et sportswear, on savait qu’on avait affaire à du pro de chez pro.
Dans le genre ska-jazz bien comme on aime, on dit banco à « Green Dolphin Street », empruntée à Miles Davis et largement transformée, et on succombe devant l’irrésistible charme de « Tenderly » (immortalisée en son temps par Sarah Vaughan), avec son violon à faire pleurer Chuck Norris, et un Dave Hillyard des grands jours au sax, comme s’il s’agissait de Roland Alphonso ou de Joshua Redman. Un tel niveau de précision, de finesse, de feeling, pour sûr que c’est pas donné à tout le monde, et c’est là qu’on sent l’expérience du gars et le temps passé à écumer les salles de concerts un peu partout dans le monde.
Je suis par contre un peu moins convaincu par l’ « Interlude 2 » qui ressemble au solo de sax free jazz totalement barré de Bill Pullman dans Lost Highway de David Lynch, ou par « Baby Smile » qui la joue folk, avec encore pas mal de violon, une voix sensible et une belle montée en puissance, mais j’apprécie néanmoins « Driving in My Car », avec une ambiance saloon/country music/americana par vilaine du tout et pour le coup franchement originale.
Les morceaux bonus (absents du vinyle) ne sont pas non plus indispensables, malgré un bon travail de remixes dub de Victor Rice, et vraiment, nous mettre trois versions supplémentaires de « Fortunate One », on va dire que ça fait un peu too much et qu’au final ça fini par ressembler un peu à du remplissage.
Si vous aimez le gros reggae des familles avec une section cuivres qui souffle à poumons déployés, vous vous attarderez sur « Opposition », toute en puissance, et pour un peu de soul bien vintage à la Percy Sledge, il faudra s’arrêter à la case « Oldies » qui porte diablement bien son nom et qui invite à danser avec les filles jusqu’au bout de la nuit sur le parquet bien ciré d’une salle de bal en Alabama.
Vous l’avez compris, « California » est, pour tous ceux qui aiment David Hillyard, un album qui gagne à être découvert petit à petit car son accès n’est pas des plus évidents. Et malgré quelques imperfections ou longueurs qui ne viennent cependant pas gâcher notre plaisir, il restera comme une preuve supplémentaire, s’il en fallait encore, que même si les Espagnols sont ces dernières années dans une forme olympique, les Ricains, et celui-là en particulier, en ont encore pas mal sous le capot..
Vince
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