DAVID HILLYARD & THE ROCKSTEADY 7 – The Giver – Org Music
UN PEU D’HISTOIRE : Le Rocksteady 7, c’est l’autre groupe de David Hillyard, membre fondateur d’Hepcat et insatiable sax des Slackers, qui, non content de participer à l’histoire d’un des plus grands groupes ska de tous les temps, s’offre de temps à autre une petite parenthèse plus personnelle, souvent plus jazz, en enregistrant avec ses amis disséminés un peu partout autour du globe, de somptueux albums riches et variés.
Le premier, « Playtime », voit le jour en 1997. Accompagné par le légendaire percussionniste Larry Mc Donald, entre autres, « Disco Dave » y synthétise toutes ses influences, soient l’intégralité des musiques Jamaïcaines, mais aussi d’autres plus américaines, comme le jazz et le blues. Avec des guests comme son comparse Greg Lee au chant, c’est un veritable petit bijou.
D’autres verront le jour, tous aussi excellents les uns que les autres, tels que « United Front » en 2002, « Friends & Ennemies » en 2013 ou bien encore le sublime « California » en 2014.
Le bonhomme a l’autre excellente habitude de tourner régulièrement en Europe, souvent accompagné de la crème des zicos de notre continent comme Nico Léonard ou Mr T-Bone pour des sets toujours mémorables d’intensité.
Sortant des sentiers battus, il s’associe, pour son dernier album, à Sean Wheeler, un vieil ami chanteur aux influences beaucoup plus blues rock que ses guests habituels. Comme d’habitude joué par la crème de la crème, entre Glen Pine, Buford O’Sullivan ou Mr T-Bone au trombone, Rich Graiko ou Rolf Langsjoen à la trompette, les Expanders Devin Morrison/Chiquis Lozoya pour la paire guitare/batterie ou bien encore Alex Desert pour les choeurs, la liste des zicos est impressionnante. « The Giver » sort donc ce 1er juin, et propose, premier événement, 8 chansons pour 11 titres au total.
LE DISQUE : On s’est habitué avec Dave Hillyard à ce que chaque chose qu’il touche soit transformé en or musical, mais comme d’habitude, la bête ne se laisse pas dompter facilement, et il ne faudra pas hésiter à écouter et réécouter les onze titres de « The Giver » pour en découvrir toutes les subtilités.
Tout commence par un bon reggae à la « Rockfort Rock » à la rythmique bien « fat » et bien sombre contrastant avec son lumineux chorus de cuivres. Dave Hillyard pousse d’ailleurs l’hommage en s’inspirant de la référence au début de son solo, excellent, si l’on pouvait en douter. On y retrouve avec un plaisir non feint les fabuleux congas de Larry Mc Donald.
Derrière, Sean Wheeler pointe son nez et surtout sa superbe voix éraillée, blindée de soul sur « Mesure Of A Man », une reprise d’une obscure (en tous cas pour nous) chanson country qui figurait déjà au répertoire du monsieur. Le titre est transfiguré en un somptueux ska estampillé du sceau de Dave Hillyard, très proche des dernières prods des Slackers, avec chœurs imparables fournis.
Des chœurs, il y en a des tout aussi nickels sur « Now That You Know », un rocksteady pur jus sur lequel Sean vient confirmer toute sa finesse de composition et d’interprétation. Les cuivres s’y font tout de velours et la basse tout en rondeur pour une réussite parfaite.
Et ce n’est pas la chanson titre, « The Giver », seule compo de l’album co-signée par les deux larrons, qui viendra rabaisser l’enthousiasme ambiant. Alternant avec malice entre soul et reggae, la section vent complétée par une flûte traversière nous y propose un numéro de grande classe. Dans le même genre de mix classieux, « Somebody Done Change The Lock On My Door » se pose là, avec ses faux airs latino, son piano 50’s entêtant et ses percus omniprésentes.
Au beau milieu de tout ça, littéralement parlant, les Rocksteady 7 viennent nous poser un instru ska « maousse », comme on n’en avait pas entendu depuis le dernier Victor Rice : la rythmique de « Song Of The Underground Railroad », une reprise d’un vieux jazz, est aussi hypnotique qu’un Mesmer en goguette et les cuivres en profitent pour nous en foutre plein la vue.
Le groupe enchaîne sans le moindre hoquet sur une parfaite reprise de Gill Scott Heron, « Home Is Where The Hatred Is » aussi sombre et funky que l’originale, avec son vibraphone planant.
« Take A Chance On Me » est un formidable early aux cuivres gorgés de soul, aux chœurs très « Aggro », alors que « Ulysses » qui suit est confondant de beauté, un ska digne de Studio One, à l’harmonica délicieux et où tout est justement dosé, des chœurs ciselés aux cuivres maitrisés, une des plus belles partitions du skeud.
L’album se termine par deux titres moins Caribéens mais tout aussi réussis : « Someone Else’s Love Song » passe haut la main le test de la soul à la Motown, qui va comme un gant à la voix de Sean Wheeler. Le tout est conclu par un somptueux morceau jazz aux percus posées qui rappelerons quand même vaguement la Jamaïque. Sur ce « Dark Before Dawn », C’est forcément le sax de Dave Hillyard qui prend la main, et ses solos, judicieusement soulignés d’un vibraphone inspiré sont a pleurer.
Avec ce « The Giver », Dave Hillyard et ses Rocksteady 7 viennent une fois de plus épater la galerie et le pari de sortir d’une certaine zone de confort en s’associant à Sean Wheeler, loin de ses habituelles guests, est une réussite. Les influences pourtant déjà vastes du Californien s’en trouvent, si elles le pouvaient encore, quelque peu élargies et digérées comme jamais. Le duo ainsi formé, encadré par des musiciens de grande classe, ne l’oublions pas, nous balance ainsi ce qui sera forcément un des albums de l’année.
Bronsky
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