Dr Ring Ding – Gwaan/March Forth – Flat Daddy Records
UN PEU D’HISTOIRE: La dernière fois qu’on vous avait parlé de DR RING DING, c’était pour ses featurings du moment, notamment avec les Coréens de Kingston Rudieska, et avec la grand (petit) Italien Roy Paci. Mais la dernière vraie livraison discographique du Docteur, c’était l’Ep « Kalypso Time » en 2013, et côté album, c’était l’excellent « Piping Hot » avec Dr Ring Ding Ska-Vaganza (ses potes du Freedom Street Band) fin 2012.
Là, il revient avec un double album, « Gwann/March Forth », sur Flat Daddy Records, la subdivision de Pork Pie qui s’occupe des groupes pas tout à fait ska, accompagné avec style par le Sharp Axe Band.
Sinon en 2014, Dr Ring Ding est accessoirement le second chanteur des Busters, et toujours (à nouveau) le tromboniste/chanteur d’El Bosso Und Die Ping-Pongs. Incontournable qu’on vous dit !
LE DISQUE : A priori, quand Dr Ring ding se fait accompagné par le Sharp Axe Band, c’est pour livrer du son ragga/dancehall, pas la veine que je préfère. Sauf que pas cette fois. Ou plutôt pas seulement. Parce que oui, sur « Gwaan » il y a bien du ragga, mais pas que. En fait ici, Richie balance tout le son qu’il aime : Reggae, ragga, dancehall, ska, rocksteady. Et comme d’hab il est à l’aise dans tous les styles.
Passons rapidement sur « March Forth », le second CD entièrement consacré aux versions dub. Là aussi, je dois bien avouer que le dub n’a jamais été mon genre de prédilection, même si j’avais particulièrement apprécie le « Big T’ings » de Dr Ring Ding avec HP Setter en 1997. Ici tout est propre, tout est net, les versions sont très agréables à écouter, mais le côté easy-listening a un peu tendance à me lasser assez vite.
Par contre pour « Gwaan », c’est du tout bon. Du tout bon parce que ce disque a des allures de best-of, alors qu’il ne s’agit pas d’un best-of puisque tous les morceaux sont inédits. Ici, pas mal de titres dans la veine de « Big-Up », son dernier opus avec The Senior Allstars. Reggae/ragga donc. Mais judicieusement entrecoupés de ska, de rocksteady ou de reggae pour rendre le tout plus savoureux, et plus gouleyant.
Dans le genre et d’entrée de jeu, « Gwaan », le titre, fais plus que bien la blague. Le docteur avale les mots débités à vitesse grand V dans un flow à la jamaïcaine (patois compris), avec ce qu’il faut de backing vocals, et comme souvent, une section rythmique impeccable. On retiendra aussi « New York Story », parée des mêmes atours, « Ugly Peruke », et surtout « Ring Of Fire Fiyah Fiyah » inspirée du standard de Johnny Cash, que Dr Ring Ding avait déjà interprétée avec H-Blockx et qui est ici très bien arrangée, entre dancehall et restes de racines country.
Pas mal de reggae assez traditionnel aussi, « White Rum & Pum Pum » où il l’a joue un peu crooner, les excellentes « Don’t Think Twice » et « Keep Your Love Light Shining », la magnifique « Unchained », et surtout surtout surtout, « My Darling », nouvelle variation autour de « Doctor’s Darling » (sur « Nice Again »), un titre qui réadapte le riddim du « Night Nurse » de Gregory Isaacs, déjà repris en son temps par Capleton ou par les Teutons à capuches fluos de Seeed. C’est traînant, le phasé est impeccable, et surtout, c’est assez inhabituel, avec une guitare aussi discrète que le sont les percus, et une bien belle mélodie en sourdine qu’on croirait jouée à la flûte de Pan.
Mais ce qui convainc toujours avec Dr Ring Ding, évidemment, c’est le ska et le rocksteady: « Pitta Patta » aux accents caribéens, « Willow Tree » et ses toutoutoudoowaaaah, et bien sûr, l’inévitable, la gigantesque, l’énormissime « Soundbway Dead-O », adaptation du « Sammy Dead O » d’Eric « Monty » Morris (à mon avis l’une des meilleures chansons de l’histoire du ska), ici un chouïa accélérée, avec une section cuivres de balèzes et un Richie des très grands jours.
Voilà c’est simple, moi le ska que j’aime, c’est celui-là, ni plus ni moins. Et une fois encore, Dr Ring Ding m’a permis de prendre du sacré bon temps.
Vince