DR RING DING SKA-VAGANZA – PIPING HOT – PORK PIE RECORDS/BUENRITMO
UN PEU D’HISTOIRE: Richard Alexander, alias DR RING DING, est un Allemand de Munster qui a fait ses gammes au trombone dans El Bosso und Die Ping-Pongs à la fin des années 80. Il a ensuite monté Dr Ring Ding And The Senior Allstars en 1992 (4 albums, plus un disque avec Doreen Shaffer, un autre avec Lord Tanamo, des remixes et des versions dub avec Victor Rice ou HP Setter), puis a enregistré un unique album avec Kingston Kitchen (Dr Ring Ding accompagné par le Rotterdam Ska Jazz Foundation), avant de virer totalement dancehall et de sortir « Nice Again » en 2007.
Dr Ring Ding est apparu en guest sur plein d’albums d’artistes internationaux : Spook and the Guay, Pepper Pots, Black Cat Zoot, Polemic, The Busters, Dr Woggle and The Radio… Il joue du trombone pour The Toasters sur leur « Live in London », a fait partie de Dub Guerilla, a enregistré avec Dubby Yond, Dreadsquad ou H-Blockx, tourné aux Etats-Unis avec Monkey en backing band, et en Europe avec Soulfood International (The Rocksteady Revue), The Ranking Soldiers, The Scrucialists, Regatta 69 ou The Sharp Axe Band… Parfaitement francophone (sa mère est de Douai), Richie donne aussi dans la chanson française et a sorti « Entre Apéro et Opéra », l’album de Richard Alexander et sa Bande Originale.
Pour son projet intitulé DR RING DING SKA-VAGANZA, il s’est entouré de ses amis Barcelonais du FREEDOM STREET BAND (d’anciens membres des Ranking Soldiers), qui sont capables de jouer toute la musique jamaïcaine et qui ont déjà accompagné Derrick Morgan, Alton Ellis ou Ken Boothe, ainsi que des membres de The Senior Allstars, The Busters, ou des Gramophone Allstars. Leur album « Piping Hot » est sorti en novembre 2012 sur Pork Pie Records et sur Buenritmo pour la version vinyle.
LE DISQUE: Qu’est-ce ça fait plaisir de retrouver un Dr Ring Ding qui joue du ska comme en 1995 à l’époque de « Dandimite », l’album qui avait mis une bonne claque à pas mal de monde.
Quinze titres, une heure de musique, et que du bon, du bon et encore du bon. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Richie a soigné son retour et que ce « Piping Hot » est convaincant du début jusqu’à la fin, en passant par le milieu.
D’abord le morceau-titre en intro pour mettre nos oreilles dans l’ambiance, et boum, c’est parti pour une succession de grands moments. C’est ska, c’est frais, ça bouge des fesses, ça tape du pied et ça s’écoute facile le matin au réveil ou le soir au coucher, c’est souvent classique (« You’ve done me wrong », « Mother of four »), mais c’est toujours parfaitement interprété par une bande de musicos super bien en place maîtrisant à la perfection le son jamaïcain.
Y a des plans ska-jazz façon crooner dans la lignée de « Today Special » (la magnifique « All The Way To The moon ») des choses plus reggae à l’instar d’une « The bird » tout en finesse, des instrus de malade (superbe « Trafficker », « Freedom of thought »), et pas mal de ska rapides taillés pour la danse avec les copains, de « Dancing with the fat man’s lady » à « Sammy don’t go out no more » que n’aurait pas renié Eric « Monty » Morris et son pote Byron Lee (et ses Dragonaires).
Mais cette Ska-Vaganza, c’est aussi une seconde partie d’album absolument réjouissante où s’enchaînent l’élégante « All Because I Love You » aux accents calypso/boogaloo qui fait penser à « (Want Me) Money Back », la joyeuse « What they say » et son refrain accrocheur, une bien belle réinterprétation de la traditionnelle chanson catalane « El cant dells ocels », et « Charles Birk », cet instru à tomber à la renverse tellement c’est beau, que Richie dédie à son grand-père, 100 % ska-jazz, avec des solos en pagaille, une mélodie admirable et un feeling à toute épreuve.
Et puis il y a, Doreen, Doreen Shaffer qui ramène sa classe monumentale et sa voix de velours pour un duo avec Dr Ring Ding où ils prennent respectivement la place de Kate Bush de Peter Gabriel dans une adaptation du tube mondial « Don’t Give Up ». Le résultat est un pur chef d’œuvre qui ne sonne évidemment plus du tout pop FM 80’s comme l’originale, mais totalement rocksteady, avec des cuivres en sourdine au fond du studio, une rythmique à la cool mais sans fausse note, et deux artistes à l’unisson, parfaits interprètes d’un hit qu’on semble redécouvrir grâce à leur incontestable talent qui vient irradier la fin de cet album absolument obligatoire.
Même le livret, superbement illustré avec toutes les paroles et quelques paragraphes écrits par Dr Ring Ding en guise de profession de foi est épatant, parfaite cerise sur ce gâteau gorgé de bonnes vibrations revigorantes que je n’arrive décidément pas à m’enlever du crâne. Pour un retour, c’est un sacré retour !
Vince