Ephemerals – Nothin’ is easy – Jalapeno
UN PEU D’HISTOIRE :Difficile de ne pas commencer ces quelques lignes consacrées aux EPHEMERALS sans évoquer la filiation avec un autre groupe dont il fût déjà question ici-même : les Tastemakers d’Hannah Williams.
Auteur d’un magnifique album paru en octobre 2012, ce groupe fût le premier projet d’envergure d’un musicien anglais nommé Hillman Mondegreen. Auteur et compositeur de 95% de cet album, mais aussi producteur et guitariste, Hillman est également derrière la sortie, en février 2011, du premier 45t d’HWT sur son propre label, Mondegreen Records.
Lorsqu’il décide de quitter le groupe (en bons termes) quelques mois après la sortie de l’album en octobre 2012, Hillman a une idée bien précise en tête, et un certain nombre de titres en poche (il existe par exemple une version live de « You Made Us Change » par HWT, à voir sur youtube). Il vient de rencontrer Wolfgang, dont le groupe, Marvellous, a ouvert pour HWT à « la Batterie », à Guyancourt (78), et à qui il propose très vite de participer à son projet. Pour l’anecdote, Wolf est d’origine haïtienne, a grandi à NYC, et il réside en France depuis ses 14 ans.
Hillman réunit ensuite une poignée de musiciens avec qui il a déjà travaillé, dont l’organiste et le batteur des Tastemakers, le trompettiste de Kalakuta Millionaires, la saxophoniste de Dkhla, ou le bassiste du Gene Dudley Group.
Rapidement, tout ce petit monde se retrouve à enregistrer un album au studio Cowshed, à Londres. Trois jours d’instrumentaux, puis deux jours de cordes et de vocaux (Hannah participe aux choeurs), live et analogique, l’affaire est rondement menée, et l’album « Nothin Is Easy » est prêt à trouver son public.
On est en novembre 2013, et Mondegreen propose tout d’abord l’album en téléchargement gratuit sur son propre site, avant d’en presser quelques exemplaires de manière confidentielle sur son propre label. Le free download séduit nombre d’internautes, dont le label Jalapeno de Brighton qui décide de signer le groupe et de donner une exposition plus large à « Nothin Is Easy ». Leurs compagnons de label seront par exemple Alexia Coley, Smoove & Turrell, Kraak & Smaak, the Allergies… Des groupes s’inspirant du glorieux passé de la Soul, mais fermement ancrés dans leur époque, modernes, éclectiques et novateurs, autant inspirés par le funk que par la pop, voire la house ou le hip-hop.
Février 2014, le label germanique Mocambo Records publie un 45t deux titres, suivi par le single (digital) « Easy Ain’t Nothin » en août, chez Jalapeno.
Entre-temps, un morceau apparaît sur la compilation de l’excellent label US Colemine Records, laissant augurer d’une collaboration prochaine dont je me réjouis par avance. En septembre, Jalapeno prend en mains les destinées de l’album en lui offrant une ré-édition (physique), une sorte de sortie officielle et une distribution enfin digne de ce nom, avant d’enchaîner un nouveau single (digital) en novembre, « You Made Us Change » (agrémenté de plusieurs remixes réalisés par des collègues).
Les premiers échos sont très bons et ne font que s’amplifier depuis. Craig Charles en Angleterre, le Soul Club ou Radio Nova en France (avec un passage aux Nuits Zébrées), les bonnes chroniques succèdent aux bonnes choniques. Les dates se multiplient en soutien de l’album maintenant disponible à grande échelle après une certaine période d’indisponibilité, et les salles de concerts sont combles à chaque fois…..
LE DISQUE: L’album s’intitule donc « Nothin Is Easy » et comporte 10 titres, toutes des compos originales. Foin ici de funk brutal ou de northern véloce. On est dans le mid-tempo et la ballade, qu’on se le dise.
Les débats sont ouverts par « Things Pt1 », un tempo moyen justement, qui ondule autour de notes de piano entêtantes, installant d’emblée une ambiance mélancolique et groovy.
On retrouve ce mood sur le second titre, et dernier single en date, « You Made Us Change ». Un chant plaintif et déterminé, bourré d’émotions, quelques cordes pour le final, un mes titres favoris de ce disque.
Troisième plage, « Call It What You Want », emmené cette fois par des cuivres brillants, est un peu une synthèse des deux premiers, et le plus costaud de la face A. Le refrain fait mouche, pas étonnant de retrouver cette chanson sur le 45t de Mocambo Records.
« Easy Ain’t Nothin » arrive ensuite, dans une veine similaire, et prolonge agréablement le programme jusqu’à « Loving Guaranteed », qui clôt en douceur la première face du disque. Ballade ponctuée de choeurs féminins, je lui trouve une touche légèrement pop. Le refrain peut-être ?
Vous me laissez 5 secondes pour retourner la galette ?……..
« The Oligarch » (second titre sur le 45t Mocambo) est le premier instrumental de l’album, et laisse filtrer quelques influences différentes, du genre Budos en moins rude. On lorgnerait pas un peu vers l’Afrique ? L’orgue et les cuivres se taillent la part du lion, se répondant autour d’une solide ligne de basse, le tout donnant un des titres les plus rapides du disque. Le tempo retombe pour une seconde ballade, « Six Days a Week », où la voix de Wolf se déploie de belle façon, déchirante et soutenue par l’orgue au diapason. Ça rigole pas mec, ça vient de l’âme.
On enchaîne avec « I’m Your Man », et un retour des choeurs féminins, mélancolique à fleur de cuivres, tout piano dehors. Second instrumental: « Brixton Girls ». Bien suave, comme un baume après l’amertume. Le groove après la tempête des sentiments. Des percus viennent s’ajouter à la recette, les cuivres toujours en première ligne, le piano qui funke (je funke, tu funkes, il funke, …verbe du premier groupe), la basse qui déroule…. au top !
Enfin, « Life Is Good » conclut le LP en beauté, à base d’un refrain bien catchy et de choeurs limpides.
Voilà donc un premier album accrocheur, très réussi à mon goût, d’une soul organique à la sophistication légère, au service de l’émotion et du « feel good », dynamique et chaude comme les semelles du Godfather, et à l’instrumentation riche et variée.
Si l’envie vous prenait de le découvrir aussi sur scène, sachez enfin que le groupe sera en concert à Paris le 23 mai (« Jazz à Roland Garros »!), et à l’Ouvre-Boite de Beauvais (6.0, dude) le 5 juin prochain.
Disco Devil