GRAMOPHONE ALLSTARS-WE’LL BE AROUND-BANKROBBER
UN PEU D’HISTOIRE : Le Gramophone Allstars, c’est le groupe Espagnol qui officie depuis la fin des années 2000 dans un registre ska-jazz matinée de soul et de funk qui alternait à ses débuts entre compos et reprises, avec tout le talent que l’on peut reconnaitre à pas mal de groupe de la péninsule Ibérique en la matière. En 2014, ils prennent un virage « Big band » avec leur album « Jazzmaica », en élargissant leur effectif à une quinzaine de membres et en se reconcentrant sur des réinterprétations plus de des reprises, version ska et rocksteady et même encore un peu funk de grand classiques de la musique « noire » dans son ensemble, avec plutôt pas mal de réussite.
On vous avait parlé ici aussi de « Maraca Soul », leur 5eme album sorti en 2017, lui aussi plutôt cool, même si l’on pouvait parfois émettre quelques réserves sur certains choix d’arrangements, défaut possible dans le domaine de la réorchestration de tubes… L’ensemble restait tout de même très convaincant, plus en tous cas que « Call Your Friends » qui arriva en 2023, surtout parce que c’était bien plus funk que ska et reggae et pouvait nous laisser plus insensibles.
Les revoilà donc avec un nouvel opus nommé « We’ll be Around », beaucoup plus Jamaicain, pour notre plus grand plaisir ??? Voyons donc voir !
LE DISQUE : On pourra toujours palabrer des heures sur le bien fondé de reprendre tel ou tel immense classique, surtout en « repeignant » presque tout, du sol au plafond, comme en est capable, et ce n’est pas le moindre des labeurs, le Gramophone Allstars.
Mais force est de constater que ça matche parfaitement sur « I’ll Be Around » des Spinners, délicieusement rocksteady, aux arrangements de voix et de cuivres assez somptueux, même si on regrettera encore un peu un final en mode funk assez dispensable.
Derrière ça, on a le droit à une seconde perle avec la cover du « Let Get it On » du grand Marvin, là encore rocksteady grand or, à la rythmique dans son plus simple appareil, congos et piano légers en tête, et un travail encore une fois de très haut niveau sur les réarrangements voix et cuivres.
Coté ska, les reprises font dans le grand classique, trop peut-être ?
Si la version du Dance Crasher » d’Alton Ellis est plutôt fidèle à l’originale et assez excellente, avec un ping pong génial entre cuivres et vents, que celle de « Old Rocking Chair » de Jackie Opel ne l’est pas moins, réorchestrée avec goût, avec quelques moments de virtuosité dans le domaine, on trouvera par contre le « Shame & Scandal » plus dispensable même si ça reste du beau travail.
Même remarque pour le « The Harder They Come », pas mal foutue, avec toujours des cuivres diablement funky, mais pas forcément essentielle.
On aimera finalement tout autant les compos qui viennent compléter l’album avec quatre beaux instrus déjà parus sur « Love Letter », leur EP hommage aux Skatalites sorti en 2020. Que ce soit le ska « Marina Ginestà », le suave rocksteady « Supersonic », le très latino « One For Lola » ou le boogaloo « Storm On Silicon », tous bénéficient d’une belle compo et d’une mise en musique de la plus grande des finesses.
« Rock Sweet Rock », le dernier original du disque, calé entre cha-cha et rocksteady est purement délicieux, proche des perles des compatriotes de The Oldians, même si une nouvelle fois on voit surgir de nulle part le « Love & Affection » des Wailers en final, au demeurant très joli, mais sans que ça ne paraisse plus indispensable que ça.
Bon, on va pas non plus faire la fine bouche, « We’ll Be Around » est un très bon disque a écouter d’urgence, à moins d’être vraiment allergique aux musiques jamaicaines en mode Big Band. Tous les autres pourront se délecter d’un vrai beau moment musical, qui devrait séduire bien au-delà de notre petite scène, tout simplement
Bronsky