HOLLIE COOK – Vessel of love – Merge Records
UN PEU D’HISTOIRE : HOLLIE COOK, c’est la fille de Paul Cook, batteur des Sex Pistols, et de Jennie, qui a travaillé un temps avec Culture Club. La jeune femme qualifie son mélange musical à elle de « Tropical Pop Reggae », et elle sort un premier album éponyme en 2011, produit par Prince Fatty, sur lequel on retrouve George Dekker (Pioneers) et Dennis Bovell.
En 2012 parait « Hollie Cook in Dub » , un disque sur lequel Prince Fatty remixe les morceaux de la chanteuse, et Hollie fait une escale au festival Spirit Of 69 près de Bordeaux. En 2013, elle entre en studio, toujours avec Mike Pelanconi (aka Prince Fatty), pour enregistrer son nouvel opus qui sort au printemps 2014 après une campagne de financement Pledge Music.
Sur ce disque sobrement intitulé « Twice », on retrouve à nouveau quelques featuring de première bourre comme George Dekker, Winston francis ou Dennis Bovell.
Hollie Cook tourne un maximum, notamment en France. En Angleterre, elle accompagne ses potes de The Skints et on la retrouve même en invitée du dernier opus des Argentins de Los Aggrotones. Après un « Live In London » en 2017 et une poignée de singles, la voici qui débarque sur Merge Records (label US qui avait découvert Arcade Fire) pour son troisième opus, « Vessel Of Love », toujours aussi chaud bouillant.
LE DISQUE : Hollie Cook, c’est toujours du solide, et c’est pas « Vessel Of Love » qui va me faire dire le contraire. C’est du reggae à sa manière, donc tropical, et c’est totalement dans la lignée de l’album précédent. Trop ? Peut-être. Mais ça n’enlève rien à la qualité de l’ensemble.
Qualité présente, et de quelle manière, dès l’entame avec « Angel Fire », pure merveille de reggae magnifiquement produit et surtout habilement composé. C’est langoureux, arrangé aux petits oignons (le son de clavier), et la coquine chante diablement bien avec derrière, un travail sur l’écho millimétré juste comme il faut, pile où il faut. Alors on se dit que si c’est comme ça pendant les dix morceaux, ça va vite être une référence absolue… Sauf qu’on a beau s’appeler Hollie Cook et jouer avec des musicos qui ont un pur feeling, c’est difficile de tenir sur toute la longueur.
Pourtant derrière, ça enchaîne plus que pas mal avec « Stay Alive », plus planante, plus calme, habilement cuivrée mais tout en discrétion, avec ce qu’il faut de backing vocals, et une rythmique toujours implacable, colonne vertébrale d’un groupe qui sait parfaitement où il va.
« Survive » reste dans des tempos assez proches, mais l’ambiance est moins nocturne, plus lumineuse, ça sent plus le soleil et l’optimisme tout en restant dans une forme de retenue.
Avec « Ghostly Fading » au rythme plus soutenu, Hollie Cook et sa bande remettent une bonne dose d’énergie dans la marmite, et c’est à coup sûr l’un des très bons titres de ce troisième album, avec ce qu’il faut de mini-bricolages dub et avec toujours deux qualité premières : la voix et la production de Martin « Youth » Glover. Mais la prod, c’était déjà l’un des atouts du disque précédent grâce au génie de Prince Fatty. Hollie Cook sait aussi comment parfaitement s’entourer.
« Freefalling » en cinquième position est un brin plus roots, toujours de toute première bourre, et c’est là, au mitan de la tracklist, que ça va devenir un (tout) petit peu moins bien. « Lunar Addiction » est franchement trop planante pour moi (mais les vrais amateurs de dub applaudiront des deux mains), et la suite, de « Turn It Around » à « Far From Me », si elle est parfaitement exécutée, reste à mon sens trop sur des sentiers balisés pour emporter une avalanche de hourras. C’est difficile quand on est devenu une référence, et c’est clairement le cas d’Hollie Cook, de faire mieux d’un album à l’autre et pas seulement aussi bien, d’apporter le petit truc en plus qui fait toute l’originalité d’un projet et qui différencie les très bons des génies absolus.
Avec tout son talent Hollie Cook nous a rendus très exigeants et ce « Vessel Of Love », s’il s’écoute avec un plaisir jamais feint, est resté à quelques millimètres en deçà des horizons d’attente que j’avais pu me rentrer dans la tête il y quelques semaines, en découvrant ses tout premiers accords.
Vince