Rude Boy Train

Hugo Lobo – Street Feeling – Tixa Records

 UN PEU D’HISTOIRE: On ne va pas vous présenter Dancing Mood, car vous connaissez forcément le big-band argentin très très fortement influencé par The Skatalites, big-band qui parfois monte sur scène dans une formation à 70 musiciens. Hé oui, c’est possible et les frenchies du Nancy Skankin’ Jazz Orchestra, les Australiens du Melbourne Ska Orchestra et les Californiens de Western Standard Time peuvent aller se rhabiller.

Et dans Dancing Mood, il y a un trompettiste parmi la section cuivres, et même un trompettiste frontman en la personne d’HUGO LOBO, personnage central avec sa casquette de camionneur et ses mèches grasses, as de l’instrument cher à Chet Baker, qui signe son premier album solo avec ce « Street Feeling » (sorti à l’automne 2014) sur lequel il joue aussi du trombone, des percus, de la batterie, et tous les dérivés de la trompette (cornet, flugelhorn…). Album solo presque, car le gars a pris soin de rameuter quelques invités de prestige…

LE DISQUE : Bon c’est vrai, le type est très mal habillé, mais on le pardonne car à l’instar de Rocco Siffredi, il sait se servir de son instrument. Et comme on ne se refait pas (le gars est quand même membre de Dancing Mood), il y va se ses petites reprises des Skatalites (ou des Soul Vendors). Bon, vous savez un peu ce que j’en pense des reprises des Skatalites, c’est en général inutile, mais reconnaissons-lui la bonne idée de ne pas avoir copié collé ce qu’avaient fait Don Drummond et ses fines gâchettes, et remercions-le quand même pour les arrangements bien chiadés de « Swing Easy », notamment la très belle guitare solo pleine de classe, le tempo plus rapide que sur l’originale, et pour un « Rockfort Rock » sympathique à défaut d’être transcendental (et puis 7 minutes 20 c’est beaucoup).

Ensuite le gars invite Pauline Black à venir chanter « Carry Go Bring Come » de Justin Hinds, et bon, on ne peut pas dire que ça brille par son originalité, alors que « Roof & Toof », avec Winston Francis au chant, vient moderniser un chouïa l’originale (« Rough and Tough ») de Stranger Cole sans pour autant réussir à lui apporter quoi que ce soit. Mais c’est vrai que Winston Francis chante bien.

Finalement ce qu’on préfère sur cet album, c’est quand le gars Hugo quitte un peu le répertoire jamaïcain et s’en va voir du côté de « Walk On By » de Burt Bacharach et Hal David (pour Dionne Warwick) reprise ici avec style, et surtout lorsqu’il s’en prend au chef d’oeuvre de Bill Conti, « You Take My Heart Away », l’un des morceaux de la génialissime bande-originale de « Rocky » (ouais, le film avec Stallone), dérivé à la cool du thème principal « Gonna Fly Now », utilisé aussi par… les Grosses Têtes de Philippe Bouvard. Bon là ça fait pas rêver c’est vrai, mais il faut écouter ça, c’est beau.

Et puis Hugo Lobo se démerde aussi vraiment bien lorsqu’il compose. Il devrait faire ça plus souvent. « Street Feeling », le morceau-titre, fait dans le genre plus que bien la blague, avec là encore une gratte de toute première catégorie, et avec « Walking In The Neighborhood » ou  « Nothing Hill », il emporte le morceau fastoche, un peu comme sur un vieux titre de Don Drummond, sauf là c’est bien du Hugo Lobo.

Voilà donc un bel album à s’écouter avec un mojito ou une Red Stripe à l’heure de l’apéro, avec certes un côté classique, parfois presque easy-listening, qui lui donne l’allure de la bande-son sans trop d’aspérités (certains s’en plaindront) d’un printemps qui s’annonce radieux.

Vince

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