Rude Boy Train

JAYA THE CAT – A Good Day For The Damned – Bomber Music

UN PEU D’HISTOIRE : JAYA THE CAT au départ, c’est un groupe de Boston. Des Ricains, des vrais, qui démarrent en 1998 autour du chanteur-guitariste, Geoff Lagadec, et enregistrent un premier album, sas titre, en 1999. Ce premier opus qui n’a pas vraiment connu de sortie officielle et qui s’échangeait surtout sous le manteau sera réédité et augmenté en 2013 sous le nom de « O’Farrell » chez Ring Of Fire Records. Le premier album « officiel », ‘Basement Style », sort en 2001 chez Gold Circle Entertainment, et c’est pour « First Beer Of A New Day » en 2003 chez 4 Tune Records que David Germain alias « The Germ », rejoint Geoff pour aller voir comment ça se passe en Europe. Le binôme pose ses valises à Amsterdam, et ne quittera plus la capitale néerlandaise, son quartier rouge et ses coffee shops.

L’année suivante, le groupe enregistre un live chez Ernesto’s, club de Sittard bien connue des Slackers, avec Jan Jaap « Jay » Onverwagt au clavier et actuel pilier du groupe (il officie désormais à la basse). C’est le label belge I Scream Records qui publie en 2007 le magnifique « More Late Night Transmissions with… », et il faudra patienter cinq ans pour la sortie de « The New International Sound Of Hedonism », chef d’oeuvre absolu de reggae-punk-ska. Le groupe donne des tas de concerts partout en Europe, se taille une réputation phénoménale, et a l’intelligence de ne pas aller tous les cinq minutes en studio enregistrer des trucs moyens.

Il aura encore fallu attendre cinq ans mais le voilà : « A Good Day For The Damned », cinquième (sixième ?) album de Jaya The Cat est dans le bacs. Et c’est du très lourd…

LE DISQUE : Comment dire… Dans le monde il y a trois groupes ska-punk supérieurs : Mad Caddies de Californie, Mighty Mighty Bosstones de Boston, et Jaya The Cat d’Amsterdam. Ni plus, ni moins. Cette engeance-là, elle ne sait pas décevoir, et depuis quelques années elle est très constate dans la qualité. Jaya The Cat avait mis la barre très haut avec son précédent opus, mais aussi incroyable que ça puisse paraître, il réussit à faire encore mieux ce coup-ci.

On ne sait pas par où le prendre cet album. A début c’est génial, au milieu c’est génial, à la fin c’est génial. Ce qu’on dira d’abord c’est que c’est peut-être le disque le plus ska du groupe, peut-être le moins reggae, avec  toujours une bonne dose de gros punk-rock qui tabasse. « Amsterdam », est un modèle de punk-rock song d’un grande habileté, impressionnante de maîtrise, avec des grosses guitares, de la rage, un clavier en sourdine, des breaks pile où il faut pile quand il faut, et un  putain de refrain du feu de dieu ! Bordel comment ils font pour faire de trucs pareils ? Derrière, le quintet nous remet du contretemps bien comme on aime avec une guitare rythmique cinglante superbement accompagnée par une guitare solo tranchante,  et un gros beat two tone qu’on croirait sorti du label de Jerry Dammers il y a presque 40 piges. « The Palm Reader’s Face Looks Shocked » est une bombe de chez bombe, et je pèse mes mots. Pour respirer un coup, le combo nous envoie un « Fucking In Love » à la cool avec ses « shalalalala », et « Sunday Morning », qui semble s’annoncer comme un nouveau temps calme, se barre en punk sur le refrain, et c’est absolument irrésistible.

 La chanson-titre (« A Good Day For The Damned ») est parfaite, magnifiquement produite, arrangée avec un goût très sûr et derrière, « The Streets Of Shoreditch », intense, ni ska ni vraiment punk, presque folk, fait son petit (son gros) effet à chaque fois qu’on se la met sans les oreilles.  Grand moment de ska avec « Mad About You »,  gigantesque pépite ska-punk sur « A Rough Guide To The Future » avec sa guitare solo, son break reggae et ses choeurs gros comme ça, et bien sûr le single imparable « Sweet Eurotrash », où la la guitare rythmique et le clavier s’enlacent avec style pour constituer la colonne vertébrale de ce qu’il conviendra d’appeler un chef d’oeuvre.

On se demande  si ça va s’arrêter, on se dit que personne n’est capable de tenir un tel rythme sur la longueur. Oui mais là on se rappelle qu’on a affaire à Jaya The Cat, et re-boum et re-ska, ça s’appelle « Black Heart » et c’est à chialer tellement c’est beau, suivi de près par « Huddersfield Rain », même niveau, même talent, même puissance, même finesse dans l’énergie, parfaitement canalisée pour ne jamais déborder.

Et puis il y a « Just Leave Me There » in a pure Jaya The Cat stylee, couplets ska, refrain keupon qui cogne avec ses gigantesques choeurs de tribune façon West-Ham, suivie par « Wreckage », parangon de ska moderne, avec cette fois des choeurs féminins, et encore et toujours une production hallucinante de précision, avec du coffre, de la personnalité et une cascade de talent qui suinte à chaque note, à chaque accord, à chaque coup de caisse claire.

Difficile de se remettre d’un truc pareil. Souvent, quand on adore un groupe, on finit par être déçu, parce que l’inspiration s’en va, parce que le poids des années se fait sentir, et parce que fatalement le niveau baisse. Mais pas là. Pas avec Jaya The Cat, groupe-phénomène qui avec « A Good Day For The Damned » signe à nouveau une pure merveille dont on parlera encore dans 40 ans.

Vince

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