JOHNNY REGGAE RUB FOUNDATION – No Bam Bam – Pork Pie Records
UN PEU D’HISTOIRE : Une sortie de chez Pork Pie, c’est plus comme dans les années 90, ça se fait rare et devient un petit évènement… Et quand il s’agit du premier album d’un groupe relativement méconnu comme ces Johnny Reggae Rub Foundation, formé pourtant dès 2011, on se pique d’une sacré curiosité.
Faut dire qu’a part chez eux, en Allemagne, on n’a pas beaucoup entendu parler de leur trois premiers 45T sortis à ce jour, même si vos serviteurs avaient tout de même réussi a vous les évoquer lors de la sortie de « Cool It Down », le dernier en date, sur lequel ils étaient déjà accompagnés par l’excellent Victor Rice… On s’était depuis satisfaits de quelques vidéos live, au charme parfois désuet, de reprises comme « Up To No Good » qui constituaient l’EP nommé « Punk ».
On pouvait y voir une formation réduite à simple trio constitué de Johnny « Ska » et Chrissie « Reggae », accompagnés par un bassiste, et l’on ne pouvait que distinguer le potentiel certain de ces deux voix qui se mariaient à merveille.
C’est dans cette formation à trois, avec rythmique assurée par Johnny aux pédales, excusez du peu, qu’ils ont partagé la scène avec tous les grands noms que sont les Specials, les Selecter en passant par les Slackers, Aggrolites, ou les Européens de Upsessions ou les Valkyrians.
Rejoints par le bassiste du groupe reggae SaneGround, Rolo Teng, ils se lancent à l’écriture des douze titres qui composent ce « No Bam Bam » et retrouvent sur leur route l’excellent Victor Rice pour produire le tout. Et c’est en cette fin Juin que sort la bêbête, en vinyle s’il vous plait, dans un écrin au design vintage plutôt réussi, de quoi ouvrir encore un peu plus l’apétit !
LE DISQUE : Une trop rare sortie Pork Pie, liée à une production de Victor Rice, ça ne peut que mettre l’eau à la bouche. Restait à savoir ce que pouvait donner le « Kick Ass Ska & Reggae » annoncé par cette formation ultra compacte.
La première bonne nouvelle, c’est que ces «Johnny Reggae Rub Foundation » ont les pieds sur terre et ont fignolé des petites compos bien foutues et surtout taillées à leur mesure pour être jouées en live. Pas de grandiloquence sur un titre comme « Mission Is Completed » avec son riff bien bluesy et une ligne de clavier minimaliste. C’est pourtant rudement efficace et on y découvre l’atout number one du combo, un duo de voix impeccablement complémentaires, rugueux comme on les aime. La rythmique originale, limite cha-cha, lui donne des faux airs d’un excellent Santana sur un solo de guitare bien gaulé.
Y’a aussi tout un tas de petits arrangements disséminés ici et là, le genre de trucs à la monsieur Plus, comme l’entêtant hand clapping de « No Bam Bam ». La chanson titre de l’album est un fameux early reggae où les deux chanteurs font plutôt dans le velours et qui se révèle être une sacré bombinette. « Reggae Bitch » est un autre exemple de l’efficacité du trio, une belle ligne de basse, une bonne dose d’Hammond en fond, deux trois touches de percus essentielles et des harmonies vocales au dessus de la moyenne, et voilà un reggae au refrain 60’s parfaitement arrangé qui collera pile-poil pour vos apéros tardifs de cet été.
Et c’est ça la seconde bonne nouvelle : c’est que Victor Rice aux manettes, c’est toujours le top et il ne faudra pas oublier de joindre son nom au succès de la recette de ce cocktail pour le moins délicieux : « Money Is The Devil » est par exemple typique du son du bonhomme, reconnaissable dès les premières notes de claviers sous reverb et avec son solo de mélodica caractéristique, où les deux chanteurs viennent régaler sur un texte bien engagé.
Les compères s’en donnent en tous cas à cœur joie, capables d’alterner avec leur formation à trois, tous les styles avec pas mal de bonheur, passant avec allégresse d’un two –tone nerveux « I Can Tell You », à un dub planant avec « Orgsmic », d’un boogie-ska ,« Baby », bien balancé par Chrissie à un improbable et furieux rockab’, « Who Are You ?» plutôt bien foutu.
Mister Rice revient marquer de sa patte le rocksteady à la cool « Goddam Right » ou bien ce « What About Me ? » pas loin du parfait équilibre entre un clavier délicat et des harmonies à deux voix taillées dans les plus belles étoffes.
Sans se la jouer, avec des compos allant droit au but, qui pourront paraître simplistes à la première écoute, les Johnny Reggae Rub Foundation réussissent un beau premier album qui méritait bien un chouette label comme Pork Pie. Les douze titres ici proposés se révèlent au gré des écoutes, bien appuyés par la prod nickel de Victor Rice, plutôt solides, certains même des hits en puissance… Une bien belle surprise qu’on serait bien curieux de voir un de ces quatre en live.
Bronsky