Rude Boy Train

KING DJANGO – ANYWHERE I ROAM – STUBBORN RECORDS

UN PEU D’HISTOIRE : On ne présente plus KING DJANGO, enfin si un peu quand même… Jeff Baker alias King Django donc, est un musicien/chanteur/producteur de New York. Le gars aime la musique jamaïcaine, toute la musique jamaïcaine, un peu comme son pote Dr Ring Ding : Ska, rocksteady, skinhead reggae, raggamuffin, reggae roots, dancehall, dub… On se souvient de lui il y a plus de vingt ans comme membre de Skinnerbox et comme guest au trombone chez les hardcoreux de Murphy’s Law, puis on l’aperçoit sur le premier album des Slackers. En 1992, Jeff Baker avait créé son propre label, Stubborn Records, qui a contribué avec Hellcat Records ou Moon Ska, à faire connaître le ska au grand public dans le deuxième moitié des années 90. En 1994, il monte The Stubborn Allstars avec Vic Ruggiero, Agent Jay, Victor Rice et tant d’autres, avec qui il enregistre un premier EP puis un premier album, « Open Season », en 1995 (deux autres suivront en 1997 et 1999). En 1997, il crée son studio, le Version City Studio, qu’il installe à New York et qu’il déménage à New  Brunswick dans le New Jersey trois ans plus tard. C’est là qu’il produira notamment The Slackers, Mr T Bone, Eastern Standard Time ou Westbound Train…

Mettant fréquemment en avant sa judéité,  King Django publie en 1998 « Roots and Culture », un disque entre sons jamaïcains et folklore klezmer. En 2001, c’est Hellcat Records qui publie « Reason », son deuxième opus « solo ». C’est avec les Suisses de The Scrucialists qu’il enregistre en 2003 « King Django Meets The Scrucialists » sur lequel il invite Dr Ring Ding pour deux duos. Le disque sort sur Jump Up, sur Gover et sur Leech Records. En 2004 sort la compilation « A Single Thread » sur Megalith et sur Leech, et en 2005 c’est au tour de « Roots Tonic » d’être édité par Jump Up et Stubborn Records, avec encore une fois pas mal d’invités  de prestige, de Rocket T à Vic Ruggiero, de Dr Ring Ding à Victor Rice ou Sugar Minott. En 2007, il enregistre un live avec le King Django Quintet qui sort en 2010 sur Stubbron Records/CD Baby (« Brooklyn Hangover »).

En plus de 25 ans de carrière, King Django a sorti une multitude d’EP et à participé à des tas de compilations. En 2007, il a participé au Ska Mutiny Tour, une série de concerts européens durant laquelle il a partagé la scène avec Dr Ring Ding, Motha Nature, Chris Murray et Regatta 69.

LE DISQUE : Et si on tenait là le meilleur album de King Django ? Peut-être pas sûr why not oui mais et si ah ouais tiens… Bon voilà le truc : King Django est un vieux d’la vieille à qui on ne la fait plus, c’est un peu le Dr Ring Ding américain (ou bien est-ce le contraire), un peu le Rabbi Jacob du son jamaïcain, et peu le mec qui sait tout faire, du chant du toast de la gratte du trombone. Du talent à l’état pur tu vois…

Ça démarre cuissu, classieux, stylé avec « You Said You Love Me », une  chanson d’amour early reggae comme on aime, avec une voix trainante et un sifflement de clavier aux petits oigons, et direct dès l’entame, ça te met dans l’ambiance.

Ça continue avec « Aiming »,  un morceau plus trainant encore,  avec toujours le gros feeling du gars qui a tout compris à la musique jamaïcaine, à toutes les musiques jamaïcaines (et avec Obi Fernadez et The Void Union en backing quand même).

Comme d’hab avec ce bon Django, il y a toujours une paire titres un peu indigestes comme une assiette de patates/fayots avec de la crème de marrons, et en général ça lorgne vers le style dancehall, pas ce que je préfère. Le mec a un super talent, alors je me demande toujours ce qu’il va foutre du côté de « Hey Gyal » (avec Motha Nature et Regatta 69) ou de « One Finger » à la Beenie Man/Buju Banton ou je ne sais qui, sauf que je trouve vite la réponse : Il aime ça le gueux ! Et en même temps je fais la fine bouche, mais je reconnais que c’est vraiment pas mal interprété du tout, et qu’après quatre ou cinq écoutes on a envie de mettre en bonnet vert jaune rouge et un survet’ Usain Bolt pour aller faire le mariole dans les rue mal famées de trenchtown.

Mais sur cet album chaudement recommandable, je kiffe et même que je surkiffe les reprises habilement détournées : « Every Breath You Take » (d’après Sting le vieux beau) transcendée ici en ska song simple mais diablement efficace, et bien sûr « Career Opportunities » d’après The Clash, les patrons des patrons à te faire passer Laurence Parisot pour une chef de rayon à Franprix. La base évidemment était déjà grandiose, mais là, l’ami Jeff réussit (avec des Stubborn Allstars derrière) à en faire quelque chose de différent, de moins brutal forcément, de très chaloupé, de très dansant, presque comme si Joe Strummer et Mick Jones l’avaient composé pour qu’il soit cuisiné à la sauce jamaïcaine.

Bon après y a trois tonnes d’invités, du PASO sur la très appréciable « Where Can I Go » aux Suisses de The Scrucialists sur « Do You Really Love Me » en passant Soul Captive sur l’instru « Did I Do That », un peu à la Senior Allstars.

Et puis il y a ces morceaux où King Django la joue à la Judge Dread : « Do It Right, Do It Some More » avec Mr. T-Bone, et surtout « Anywhere I Roam » avec The Forthrights, impeccable saillie où le phrasé ressemble à s’y méprendre à celui du vieux skinhead londonien avec ses chaussures de clown qui avait marqué les esprits à force de lâcher des caisses, de baisser sa braguette ou de parler de nichons. L’ossature a été conservée et la balourdise a été mise de côté pour signer ce qui à mon avis restera comme l’un des grands morceaux du tromboniste/chanteur new-yorkais.  

Allez-y les yeux fermés, achetez ! Car comme dirait Serge Kaganski à propos du dernier film homonyme de Tarantino, c’est globalement du très bon. Du Django.

Vince

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