LEO & THE LINEUP – Hit The Streets – Pork Pie Records
UN PEU D’HISTOIRE: On n’a jamais été avare, ici, à Rude Boy Train, d’éloges au sujet de Leo & The Lineup. Faut dire que la bande de Copenhague ne manque pas d’atouts: avec son leader vocal puissant, ses trois choristes canons et ses six zicos au top, ils sont puissamment armés pour distiller leur cocktail early-reggae et soul.
Depuis 2010, ils ont ainsi fait leurs preuves avec la sortie d’un premier album éponyme, paru en 2012 chez Rocking Records, des plus sympathiques, quelques singles bien sentis et quelques tournées européennes.
Ils annoncent en octobre dernier un nouvel album «Hits The Streets » avec une premier titre joliment illustré en vidéo nommé « Life Goes By » qui annonçait du lourd… Alors, qu’en retourne-t-il réellement un peu plus d’un mois après sa sortie officielle chez Pork Pie Records le 13 Novembre dernier ?
LE DISQUE : On ne va pas vous le cacher plus longtemps, c’est un poil déçu qu’on termine les premières écoutes de « Hits The Streets ». Il démarre pourtant pied au plancher ce skeud : après sa petite intro « station de métro », le « Copenhagen City Reggae », rocksteady au sifflement d’Hammond obsédant, est nerveux et bien joué.
Malheureusement, « Hits The Streets » vient confirmer, dès son intro à la guitare sursaturée, le défaut majeur de l’album, déjà un peu perçu sur le premier titre: une volonté évidente de produire un son très vintage qui, quand on rate la marche comme la plupart du temps ici, bascule facilement vers l’approximatif « crad » si vous permettez de m’exprimer ainsi ! Et c’est tristement de ce coté que termine cette compo pourtant vachement bien gaulée, dans un amas quasi inaudible de voix où tous les zicos semblent vouloir la jouer à celui qui a la plus grosse, et où nos oreilles achèvent épuisées…
Le premier single « Life Goes By » vient heureusement juste derrière comme pour nous les soigner gentillement, même si l’omniprésence des pourtant si agréables choristes pourra donner un air un peu trop sucré pour certains…
On en arrive finalement à préférer le groupe en mode instrumental, sur l’excellent « interlude », court instru boss reggae tout en guitare, ce «Dirty Pocket», même tendance mais dévolu entièrement au clavier, diablement plus efficaces, ou encore ce « At The Bayside » joli rocksteady dubbé bien planant.
La réinterprétation boss-reggae explosive de l’inénarable « Wooly Bully » finira elle aussi sur la liste des réussites, imparable sur un dancefloor.
Mais s’il paraît qu’abondance de biens ne nuit pas, l’adage ne semble pas se vérifier sur des titres au potentiel pourtant tubesque, comme le très funky « Baby Please », le puissant « Times Running Out », le sémillant « Run Around » ou bien le ska « Gotta Go » qui auraient mérité un peu plus de sobriété dans le traitement.
Et si on ajoute qu’il y a ici où là un ou deux titres plutôt dispensables, je pense qu’on aura fait le tour des raisons du sentiment de déception qui prédomine à l’écoute de ce « Hits The Streets » un peu trop indigeste à quelques jours de cette période de fêtes…
On ne pourra par contre, en multipliant les aller-retours sur notre platine, que constater qu’on a bien affaire ici à un très bon album de reggae-soul, avec des compos bien solides, mais qui aurait juste mérité un traitement plus brut, des arrangements plus sobres et surtout une production plus fine quitte à sonner plus moderne.
Si l’on est honnête, il parait même évident que les fans par ailleurs de flower pop-soul sixties, à qui ces flots de chœurs ne feront pas peur, trouveront largement ici leur compte, quitte à peut-être trouver nos reproches incompréhensibles.
Comme souvent, une affaire de goûts et de couleurs en somme…
Bronsky