Rude Boy Train

MAD CADDIES – Punk Rocksteady – Fat Wreck Chords

UN PEU D’HISTOIRE: En ska-punk, il n’y a pas grand chose au dessus de MAD CADDIES, groupe californien qui voit le jour en 1995 à Santa Barbabra. Au programme, du ska-punk avec, ce qui n’est pas très habituel, de fortes influences dixieland jazz qui donnent au combo un son très particulier.

Le premier album, « Quality Soft Core », sort en 1997 chez Honest Don’s,  subdivision de Fat Wreck Chords, le label de Fat Mike, frontman charismatique de Nofx. Mais c’est le second opus, « Duck and Cover », qui sort l’année suivante sur Fat, qui va donner aux Mad Caddies le statut de chefs de file de la scène ska-punk US.

Suivront une chiée de tournées, notamment en Europe, et malgré les changements de line-up, le groupe continuera son bonhomme de chemin, en prenant toujours sont temps avant d’enregistrer :  l’EP « The Holidays Has Been Cancelled » sort en 2000, suivi par le troisième album, « Rock The Plank », en 2001. Viendront ensuite le chef d’oeuvre « Just One More » en 2003, le live « Songs in The Key Of Eh ! » (enregistré à Toronto) en 2004, et il faudra attendre 2007 pour voir arriver « Keep It Going », le cinquième album, sur lequel le groupe a invité Duckie Simpson de Black Uhuru. Tous ces disques ont été publiés par Fat Wreck.

Mad Caddies a aussi sorti un DVD en 2007, « Live @ Munich Backstage Germany », et une excellente compilation, « Consentual Selections », en 2010.

En 2014 est sorti le sixième album de Mad Caddies, « Dirty Rice », soit sept ans après leur précédent opus et il aura donc fallu « seulement » quatre ans pour lui trouver un successeur avec ce « Punk Rocksteady », entièrement composé de reprises.

LE DISQUE: Je ne dis jamais de mal des Mad Caddies. J’adore ce groupe exemplaire. Il faut dire que la qualité de leurs enregistrements laisse rarement de place à la critique. Et comme j’ai aussi eu ma période Doc Martens/t-shirts des Bérus (j’en suis jamais tout à fait sorti), j’ai évidemment sauté de joie en apprenant que le combo de la côte ouest allait enregistrer un album entièrement composé de reprises de morceaux punk, mais en mode ska-reggae (d’où le titre assez explicite).

Alors c’est sûr que les Américain sont parfois un peu ethnocentrés, et que sur ce disque, ils reprennent essentiellement des groupes US, et même surtout des groupes californiens. Presque des voisins. Mais vu la liste, on ne va pas tellement se plaindre, même si cette sélection, c’est clairement pas ce qu’on connait de mieux en Europe.

Commençons par le moins bien : Les Mad Caddies reprennent « Sleep Long » d’Operation Ivy, groupe culte parmi les groupes culte, certainement celui qui a inventé le ska-punk du côté de Berkeley. Et bon, disons-le clairement, c’est un peu foiré. Le truc démarre en reggae de mariachi toute trompette en avant, ça traîne mais c’est pas vilain, très éloigné de l’originale, mais y a un flow rap qui vient de poser là-dessus et qui n’est pas de tellement bon aloi, surtout qu’il est mal associé au refrain un peu criard, un peu gênant. C’est pas mal interprété du tout, mais y a un truc qui fait que la mayonnaise de prend pas. Faut dire qu’en général les Ricains préfèrent la sauce barbecue.

Par contre le reste du skeud est deux ou trois niveaux au-dessus. Dans le genre traînant, justement, on a cette reprise de « Some Kind Of Hate » des Misfits. C’est calme, mais c’est chargé d’intensité jusqu’aux oreilles, plein de feeling, et comme tout le reste, c’est super bien produit. Dans un ambiance par très éloignée, les Caddies reprennent Bracket (« 2 Rak 005 »), un combo dont j’avais jamais entendu parler,  mais avec « Sink Florida Sink » d’Against Me !, il remettent une bonne rasade de leur joie habituelle dans le cocktail, et mazette ça fait des étincelles !

Etincelles peut-être, mais pour parler d’incendie, il faudra aller du côté de « …And We Thought Nation States Were A Bad Idea » des Canadiens de Propaghandi, et là c’est du pur Mad Caddies, avec le contretemps qui sautille, ni trop, ni pas assez rapide, carré comme un Kiri, avec juste ce qu’il faut de cuivres rutilants pile quand on en a besoin. C’est classe. C’est très classe. Je signe des deux mains en bas à droite.

C’est à peu près aussi classe quand ça reprend Lagwagon (« Alien 8 »), pas forcément un exercice facile, on a envie de chialer quand ça rend un hommage à la cool à Tony Sly (« AM »), très proche pour une fois de l’originale, et avec « She » de Green Day, on tutoie les sommets tellement c’est fin, maîtrisé d’un bout à l’autre avec toujours ce sens de la note qui arrive pile poil au bon endroit.

Dans un registre plus connu, on a droit dès l’entame à une magnifique version de « Sorrow », standard absolu de Bad Religion, et avec « She’s Gone » de Nofx, les Californiens tapent dans le mile au coeur d’un album 100 % Mad Caddies, avec pourtant pas un seul morceau composé par les Mad Caddies. Ou comment se réapproprier le travail des autres avec style. Ceux-là ont tenté leur chance, et transformé l’essai de la plus belle des façons.

Vince

 

 

 

 

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